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crant le souvenir d’un grand homme, témoigner tout le prix qu’on devait attacher à un objet qui lui avait appartenu. L’article que D. Calmet a donné sur St. Arnoul, dans sa Bibliothèque de Lorraine, p. 69, est loin d’être complet. Tandis que les plus minces théologiens y figurent dans de hautes proportions, le père des Carlovingiens y obtient à peine trente lignes. — Arnoul (Saint), évêque de Soissons, fonda le monastère d’Aldenbourg près de Bruges, et y mourut en 1087., L-m-x.


ARNOUL, ou ARNULPH, évêque de Rochester, sous le règne de Henri Ier, était né à Beauvais, vers l’an 1050. Il passa en Angleterre à la sollicitation de Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, sous la discipline duquel il avait été dans l’abbaye du Bec, et il ne tarda pas à être appelé au siége de Rochester. Imbu de la superstition de son siècle, il raconta aux moines, le jour de son élection, que, peu de temps auparavant, Gondolphe, l’un de ses prédécesseurs, lui était apparu pour lui offrir un anneau pastoral d’un grand poids ; que d’abord il avait refusé cet anneau comme trop fort pour lui, mais que Gondolphe l’avait obligé de l’accepter, puis s’était dérobé à sa vue ; et les religieux le prièrent, au moment où il devait être consacré, de prendre l’anneau donné réellement par Gondolphe à Ralph, prédécesseur immédiat d’Arnoul. Ce prélat à écrit l’histoire de l’Église de Rochester, connue sous le titre de Textus Roffensis, dont Warton, dans son Anglia sacra, a donné un extrait. On a encore de lui un traité de Incertis Nuptiis, et un autre contenant des Réponses diverses questions de Lambert, abbé de Munster, principalement sur le corps et la sang de notre Seigneur Jésus-Christ. Il mourut en 1124, âgé de 81 ans. L-p-e.


ARNOUL, évêque de Lisieux dans le 12e siècle, fit, l’an 1147, le voyage d’outre-mer avec Louis le Jeune, et revint l’an 1149. Il se trouva, en 1154, au couronnement de Henri II, roi d’Angleterre, et ne contribua pas peu à le retenir dans les sentiments de l’orthodoxie. Ce prince l’honora de sa bienveillance, dont Arnoul voulut profiter pour le réconcilier avec St. Thomas de Cantorbéry ; mais ses efforts furent inutiles. Le chagrin qu’il en eut lui inspira la résolution de se retirer dans un monastère, projet qu’il n’exécuta que quelques années après, en se faisant chanoine régulier de St-Victor de Paris, où il mourut le 31 août 1182. Le dernier éditeur de la Méthode de Lenglet ne fait mourir ce prélat qu’en 1184. Arnoul a laissé plusieurs ouvrages : 1° Epistolæ, Conciones et Epigrammata, publiés par Odon Turnèbe, fils d’Adrien, Paris, 1585, in-8o ; Paris, 1611, in-4o ; réimprimé dans la Bibliotheca Patrum et dans le tome 13 du Spicilegum de d’Achéry. Quelques-unes des lettres sont écrites avec élégance et d’une grande utilité pour l’histoire du temps. Les poésies sont de peu d’importance. (Journal des Savants, 1678, p. 72 et suiv.) 2° Un traité touchant le schisme qui suivit la mort d’Honorius II, imprimé dans le tome 2 du Spicilegium, et dans le 3e volume du recueil intitulé : Rerum Italicum Scriptores. C. T-y.


ARNOUL (René), poëte français, naquit en 1569, à Poitiers. Après avoir terminé ses premières études avec succès, il suivit, pour obéir à ses parents, les cours de droit à l’université de sa ville natale ; mais il n’en continua pas moins de cultiver en secret la poésie, pour laquelle il avait de véritables dispositions. D’après ses essais, on ne peut guère douter qu’il ne se fût distingué parmi les poëtes de son temps, s’il n’eût été détourné de cette carrière. Reçu avocat au parlement, il fut dans la suite pourvu de la charge de conseiller et de contrôleur de la maison de Gaston, frère de Louis XIII. Il mourut à Orléans, en 1639, âgé de 70 ans. Le seul ouvrage que nous avons de lui est l’Enfance de René Arnoul, Poitiers, 1587, in-4o. Ce volume, très-rare, est divisé en 3 parties. La 1re contient les amours de l’auteur, c’est-à-dire une suite de sonnets dans lesquels il célèbre les charmes « d’une belle et jeune demoiselle qu’il aimait et qui se nommait Catherine de la Place ; » la 2e, des odes ; et la 3e, des épigrammes traduites ou imitées pour la plupart de l’Anthologie et des poètes latins anciens et modernes. Ses odes sont antérieures à ses sonnets. On trouve une notice sur Arnoul dans les Vies des poètes français, par Colletet. Barbier en a donné l’extrait dans son Examen critique des dictionnaires, où il rapporte de ce poëte un sonnet commençant par ces vers, dont la facture est assez remarquable :

J’avois trois fois cinq ans, et trois ans davantage,
Quand j’écrivis ces vers, témoins de ma douleur.

W-s.


ARNOUL DE LENS. Voyez Lens.


ARNOUL de Milan. Voyez Arnolfe.


ARNOULD de Rotterdam (Arnoldus Rotterodamensis), théologien du 15e siècle, dont le nom de famille était Gheilhoven. Après avoir fréquenté les cours des académies de Bologne et de Padoue, il reçut le laurier dans la faculté de droit canonique, et prit le titre de docteur ès décrets (doctor decretorum). De retour en Flandre, il entra dans l’institut des Frères de la vie commune (voy. Gérard Groot), qui suivaient la règle de St-Augustin. Pour n’avoir pas connu cette particularité, plusieurs biographes ont fait d’Arnould un chanoine régulier. Il prononça ses vœux dans le monastère de Val-Vert ou Groenendaël, près de Bruxelles. Ce fut dans cette retraite qu’il passa le reste de sa vie, partageant son temps entre les exercices de piété, la transcription des manuscrits, et la rédaction d’ouvrages qui prouvent des connaissances assez étendues dans les sciences ecclésiastiques. Il y mourut le 31 août 1442, âgé de plus de 66 ans. Son principal ouvrage est intitulé : Gnotosolitos[1], sive Speculum conscientarum, Bruxelles, 1476, in-fol. Ce volume, que Lambinet a décrit avec exactitude dans l’Origine de l’imprimerie, t. 2, p. 188, est le premier livre, du moins avec date, imprimé par les Frères de la vie commune à

  1. Par une faute du copiste ou d’impression, pour ΓΝΩΘΙ ΣΕΑΥΤΟΝ ou Nosce te ipsum.