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avec toutes ses forces, et il l’abandonna encore, ce qui exposa Antoine à de très-grands dangers. Irrité de cette trahison, celui-ci trouva le moyen de se saisir d’Artabaze, et l’emmena en Égypte, où il le fit servir d’ornement à son triomphe. Après la bataille d’Actium, Cléopatre, revenue en Égypte, et voulant obtenir des secours du roi des Mèdes, fit couper la tête à Artabaze, ennemi de ce prince, et la lui envoya, l’an 28 avant J.-C. Artabaze ou Artavasde était très-instruit, et il avait écrit en grec des tragédies, des discours et des ouvrages d’histoire, dont quelques-uns existaient encore du temps de Plutarque. C-r.


ARTALE (Joseph), poëte italien, né en 1628, à Mazzareno, en Sicile, s’adonna d’abord à l’art militaire, et se trouva à Candie lorsque cette place fut assiégée par les Turcs. La valeur qu’il déploya en diverses rencontres le fit juger digne du titre de chevalier de l’ordre Constantinien de St-Georges, qui lui fut conféré, avec la faculté de pouvoir ajouter aux armes de sa famille l’aigle à deux têtes. Il était si fort à l’escrime, qu’on l’appelait communément il cavalier sangunrio. Il mourut à Naples, des suites de maladies honteuses et de la goutte, le 11 février 1679. On a de lui : 1° dell’Enciclopedia, parte prima, Pérouse, 1638, in-8o ; Venise, 1660 et 1661, in-12 ; parte seconda, ou la Guerra fra i vivi e morti, tragedia, di lieto fine, et il Cor di Marte, romanzo, Naples, 1679, in-12 ; parte lerza, ou l’Alloro fruttuoso, ibid., 1679, in-12 ; 2° la Pasife (Pasiphaé), ovvero l’impossible fatto possibile, dramma per musica, Venise, 1661, in-12 ; 3° la Bellezza atterrata, elegia (in seste rime), Naples, 1646, réimprimée à Venise en 1661, in-12. G-é.


ARTAUD, archevêque de Reims au 10e siècle, est fameux par la contestation qu’il eut avec Hébert et Hugues, comtes de Paris. Ces nobles, jaloux de l’accroissement du pouvoir des ecclésiastiques, engagèrent, en 940, Guillaume, duc de Normandie, à se joindre à eux pour assiéger Reims. Dès le sixième jour, le prélat fut abandonné par ses vassaux, et se soumit. Ses ennemis l’obligèrent à résigner son archevêché et à quitter le diocèse. Il s’enfuit à Laon, et se présenta devant la cour, qui s’y trouvait alors. On mit tout en usage pour l’intimider et pour le faire consentir à l’ordination de Hugues, son compétiteur, qui n’avait pas plus de vingt ans. Artaud résista fermement, et menaça de l’excommunication et de l’appel au pape, si l’on élisait un autre archevêque de Reims pendant sa vie. Hugues fut cependant ordonné dans une assemblée d’évêques, tenue à Soissons, en 941 : depuis ce temps, le droit au siége archiépiscopal fut le sujet d’une longue contestation entre les deux prétendants, jusqu’à ce qu’en 947 le roi rétablit Artaud. Peu après Hugues fut excommunié dans un concile tenu à Trèves. Artaud avait sacré, en 936, Louis d’outremer ; en 953, il sacra Lothaire, fils de ce prince : tous deux lui accordèrent leur confiance et le nommèrent leur grand chancelier. Il mourut le 30 septembre 961. Il a laissé une relation de ses démêlés avec le jeune Hugues, qu’on trouve dans l’Histoire de l’Église de Reims, la Gallia Christiana, et ailleurs. M-d.


ARTAUD (Pierre Joseph), né à Bonieux dans le comtat Venaissin, en 1706, vint très-jeune à Paris, et s’y distingue dans le ministère de la chaire. On lui confia d’abord la cure de St-Méry ; ses talents et ses vertus lui méritèrent ensuite l’évêché de Cavaillon, dont il fut pourvu en 1756. La mort l’enleva, le 5 septembre 1760, au troupeau qu’il instruisait autant par ses exemples que par ses prédications. Son Panégyrique de St. Louis, 1754, in-4o ; son Discours sur les mariages, à l’occasion de la naissance du duc de Bourgogne, 1757, in-4o ; ses mandements, ses instructions pastorales, etc., ne sont dépourvus ni d’élégance ni d’onction. Ses prónes, qui n’ont point été imprimés, passaient pour des modèles dans le genre familier. St-t.


ARTAUD (Jean-Baptiste), né à Montpellier, en décembre 1732, se fit d’abord connaître par un pamphlet intitulé : la Petite Poste dévalisée, 1767, in-12. Il donna ensuite la Centenaire de Molière, jouée au Théâtre-Français le 18 février 1775, pour la célébration de l’année séculaire de la mort de notre premier comique. Cette pièce a été imprimée in-8o la même année[1]. Le succès de la Centenaire de Molière avait engagé les comédiens français à proposer aux gens de lettres un concours pour célébrer en 1784 la révolution séculaire de la mort du grand Corneille. Plusieurs auteurs traitèrent ce sujet. Grimm regrette que la pièce composée par Artaud ou celle de Cubière n’ait pas eu la préférence. Artaud est encore auteur d’un ouvrage anonyme qui a pour titre : Taconnet, ou Mémoires historiques pour servir à la vie de cet homme célèbre, 1775, in-12. Le rival de Vadé, sans avoir mérité tous les dédains de Favart, ne peut pas non plus être appelé un homme célèbre. Artaud devint secrétaire et bibliothécaire du duc de Duras, et, s’il faut en croire les Mémoires secrets, il perdit cette place en 1771 pour quelques infidélités. Les auteurs de la Gazette de France, en vertu de leur privilège exclusif, avaient obtenu la suppression du Courrier d’Avignon, journal rédigé par Morénas, avant l’occupation du comtat par les troupes françaises, en 1768. Artaud lit revivre cet écrit périodique en 1775, mais il ne put lui rendre l’esprit indépendant qu’il respirait même sous la domination papale. Grimm (Corresp. litt., t. 4 de la 3e part., p. 370) cite des vers passablement ridicules qu’Artaud adressait à l’abbé Delille, pour l’engager à venir occuper un appartement au Palais-Royal ; il lui dit, entre autres choses exemplaires :

Nous sommes dans le voisinage
De cent grâces et des neuf sœurs ;
Vous aurez le rare avantage
De choisir entre leurs faveurs.

On cite encore de J.-B. Artaud l’Échange raisonnable ; l’Heureuse entrevue ; Sophie, comédies dont

  1. On avait joué la veille, sur le même théâtre, l’Assemblée, comédie de Lebeau de Schosne, sur le même sujet ; et le public eut lieu de s’étonner que les auteurs dramatiques eussent laissé a deux débutants le soin de célébrer Molière. A-t.