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ASCHARY. Voyez Achary.


ASCHENBEBG (Rutger, comte d’), feld-maréchal de Suède, avait appris l’art de la guerre dans les campagnes brillantes de Charles X, ou Charles Gustave, en Pologne et en Danemark. Son courage et son expérience eurent occasion de se signaler, lorsqu’au commencement du règne de Charles XI, les Danois tirent une invasion dans la province de Scanie. Le roi conduisit dans cette province une armée considérable, pour arrêter les progrès de l’ennemi ; deux batailles gagnées par les Suédois, l’une près de Lund, en 1676, l’autre près de Landscrona, en 1677, sauvèrent la Suède, et forcèrent les Danois à repasser le Sund. Pendant ces deux batailles, Aschenberg ne quitta point le roi, l’aida de ses conseils, et décida la victoire. La paix ayant été conclue, Aschenberg rendit à sa patrie des services d’un autre genre. Nommé sénateur, il prit part à toutes les délibérations importantes, encouragea les travaux utiles, et protégea les sciences, les lettres et les arts. Charles XI avait en lui la plus grande confiance, et, pour récompenser ses services, il lui accorda le titre de comte, le créa feld-maréchal, et lui donna le gouvernement général des provinces du Midi. La vie du feld-maréchal d’Aschenberg a été écrite en suédois par Sven Lagerbring. C-au.


ASCHER (Rabbi) BEN JÉCHIEL, juif allemand, mort en 1321, à Tolède, recteur de la synagogue, et père de huit fils qui se sont distingués dans la carrière des lettres. On a de lui : 1o Fasciculus, sive Collectanea, imprimé à Cracovie en 1571, in-fol. ; ce sont des observations sur différents passages du Talmud. 2o Schealoth et Theschuvoth, c’est à-dire, des Questions et des Réponses. 3o Thousephoth, c’est-à-dire, Appendices ; c’est encore un commentaire du Talmud. 4o Diss. super effato Judœorum : Israel nulli planctæ est subjectus, qui est encore en manuscrit dans la bibliothèque du Vatican. D’autres ouvrages d’Ascher ont été compris dans la collection de Sal. Ben Jehuda Læw, Prague, 1725, in-4o. (Voy. la Biblioth. rabbinica de Bartolocci.) S-r.


ASCHOD est le nom de plusieurs princes arméniens de la race des Bagratides, Juifs d’origine, qui régnèrent sur la Géorgie, et dont la famille existe encore en Russie. — Aschod, fils de Piourad, voyant l’Arménie livrée à la fureur des guerres civiles, depuis qu’en l’année 683 le patrice Grégoire périt dans une bataille contre les Khazars, qui l’avaient envahie, s’empara du gouvernement en 685, et prit le titre de patrice. Il nomma son frère Sempad sharabied ou généralissime des troupes ; et, dans l’espoir d’assurer la tranquillité de son pays, il fit la paix avec le calife Abdel-Mélek, et lui paya un tribut. Mais l’empereur Justinien II, irrité de cet acte de soumission des Arméniens, envoya contre eux, en 686, une armée qui dévasta pendant deux ans leur malheureux pays. D’un autre côté, les Arabes, soupçonnant quelque intelligence secrète entre les Grecs et les Arméniens, attaquèrent ces derniers. Aschod marcha a la rencontre de l’ennemi, et périt dans la bataille, l’an 690, après avoir gouverné Il ans et 8 mois. — Aschod, fils de Sahag, profitant des guerres civiles qui élevèrent la puissance des Abbassides sur celle des Ommiades, se fit nommer patrice et prince des princes d’Arménie en 715, par Merwan II, dernier calife de la race des Ommiades, et gouverna 15 ans. Attaque en 758 par les autres princes arméniens, à cause de ses liaisons avec les musulmans, il fut vaincu, fait prisonnier et privé de la vue. Il survécut quatorze ans a ce malheur, et fut remplacé par son fils Sempad. — Aschod Ier, dit le Grand, premier roi d’Arménie de la dynastie des Bagratides, était fils de Sempad le Confesseur qui souffrit le martyre en 856. Ayant appris la mort glorieuse de son père, il se mit en possession de ses États en Arménie, et sut, par sa prudence et sa sagesse, se concilier à la fois la confiance des princes arméniens et l’amitié des Arabes ; aussi le calife Motawakkel fit cesser les incursions des musulmans en Arménie, et, au lieu d’un osdigan ou gouverneur, il n’y envoya plus qu’un commandant qui dépendait du gouverneur de l’Adzerbaïdjan. Il fit plus : en 859 il éleva Aschod à la dignité de prince des prêtres et lui donna sur l’Arménie tous les droits de la souveraineté, à la charge d’un tribut annuel. Aschod s’appliqua à maintenir la paix dans ses États, et à réparer les maux qu’y avaient causés les Arabes. Il conféra à son frère Apas la dignité de sharabied, et se fortifia par des alliances avec les plus puissants princes arméniens, qui se soumirent à lui avec joie en devenant ses gendres. Maître du centre de l’Arménie sur les bords de l’Araxe, Aschod résidait alternativement à Kars, à Ani et à Eraskavors, et comptait parmi ses vassaux le prince de Géorgie, son parent, et le roi de Colchide. La partie méridionale de l’Arménie était encore occupée par les Arabes dont le commandant militaire résidait à Tovin, pour y surveiller les princes arméniens et recevoir leurs tributs. En 861, cet émir ayant fait une incursion en Arménie, fut vaincu par Aschod et par son frère Apas. Le calife Motawakkel, loin de venger la honte de son lieutenant, rendit la liberté à touts les princes arméniens qui avaient été emmenés captifs à Bagdad avec Sempad, et leur permit de retourner au christianisme qu’ils avaient été forcés d’abandonner. Aschod gouvernait l’Arménie depuis vingt-six ans, lorsque le calife Motamed crut devoir récompenser sa fidélité et sa sagesse en lui conférant le titre de roi. Il lui envoya, en 885, un diadème, des vêtements royaux, des chevaux, des armes et d’autres riches présents. Aschod fut couronné par l’ambassadeur musulman à Ani, en présence des grands de la nation. Quelque temps après, l’empereur Basile le Macédonien, qui se prétendait issu des Arsacides, anciens rois de l’Arménie, envoya une couronne à Aschod, avec une lettre pleine de compliments et de témoignages d’affection, et fit avec lui un traité d’alliance et d’amitié. Ainsi fut rétabli le royaume d’Arménie, environ quatre siècles et demi après la destruction de la dynastie des Arsacides. Aschod vainquit les peuples barbares qui habitaient les vallées septentrionales et les gorges du Caucase, réprima leurs brigandages, et leur donna des gou-