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ASH

Versailles témoigner sa reconnaissance à celle qui lui avait sauvé la vie[1]. Devenu, en 1790, lieutenant-colonel et commandant d’une compagnie des gardes, il fut attaché, vers la fin de1793, à l’armée du duc d’York, avec laquelle il fit la campagne de Flandre, ainsi que la retraite à travers la Hollande, dans l’hiver si rigoureux de 1794. Après avoir obtenu successivement les grades de colonel et de brigadier général, il fut promu, en 1798, à celui de major général, et bientôt après son souverain lui confia le commandement des troupes destinées à agir contre les rebelles d’Irlande ; mission difficile, dont il s’acquitta avec autant de prudence que d’habileté. Sir Charles fut nommé, en 1800, lieutenant général ; et à partir de cette époque, il remplit les fonctions de commandant de la ville de Dublin, et ensuite celles de gouverneur de la partie nord de l’Irlande. Dans ces malheureuses contrées où s’agitaient sans cesse des factions violentes, il sut maintenir la paix publique par sa fermeté et sa modération. Sir Charles Asgill obtint, en 1814, le grade de général, et il mourut en 1823. C’était un des meilleurs officiers de l’armée anglaise. Des études profondes et une longue expérience l’avaient familiarisé avec toutes les branches de l’art militaire. M-a.


ASHBY (sir John), amiral anglais, né en 1642 : il fut regardé comme un des meilleurs officiers de la marine britannique, à l’époque où elle a produit ses amiraux les plus célèbres, et dans la guerre la plus féconde en événements mémorables. Guillaume et Marie étaient montés sur le tronc, où n’avait pu se maintenir Jacques II, qui, n’étant encore que duc d’Yorck, avait souvent conduit les flottes anglaises à la victoire ; la bataille de la Boyne avait décidé du sort de l’Irlande : le chevalier John Ashby fut chargé, avec les amiraux Haddock et Killegrew, d’éloigner les escadres françaises de cette île importante, où le vœu des habitants catholiques rappelait sans cesse la maison de Stuart ; et il s’acquitta de cette commission difficile avec autant d’activité que de bonheur. Deux ans après (1692), commandant l’escadre Bleue dans l’armée navale d’Angleterre et de Hollande, réunie sous les ordres de l’amiral Russel, sir John Ashby combattit à cette fameuse journée de la Hogue, la plus sanglante et la plus décisive dont l’histoire de la marine moderne ait conservé le souvenir. Les officiers généraux qui servaient sous lui étaient George Roock, illustré depuis par la prise de Gibraltar, et le contre-amiral Carter, qui fut tué dans faction. Sir John Ashby se conduisit avec sa valeur accoutumée. Une partie de son escadre, commandée par le vice-amiral Roock, brûla onze vaisseaux français dans la baie de la Hogue. Ashby lui-même fut moins heureux en poursuivant les restes de l’armée, que Pannetier parvint à rallier dans la rade de St-Malo. L’évêque Burnet prétend que cette partie de la flotte française ne fut sauvée que par la négligence de l’amiral anglais ; et sir John Ashby, ainsi que Russel, furent accusés l’un et l’autre par le comte de Nottingham, secrétaire d’État, devant le parlement britannique : mais ils furent tous les deux décharges de l’accusation, et reçurent les témoignages les plus honorables de l’estime publique. Russel reprit, au bout d’un an, le commandement des forces navales de sa patrie ; mais il parait que sir John Ashby quitta sans retour le service, dans lequel il avait acquis une si glorieuse réputation. E-d.


ASHBY (Henry), célèbre calligraphe, né le 17 avril 1744, à Wotton-Under-Edge, reçut dans cette ville les premiers éléments de la gravure. Placé comme apprenti chez un horloger, il y consacrait tous ses loisirs à graver sur cuivre, sur étain, sur fer, etc. Ce fut ainsi qu’il acquit une grande façilité à manier le burin. Il se rendit bientôt dans la capitale, où il contracta d’abord un engagement avec M. Jefferies, qui le chargea de graver les titres de ses cartes géographiques et maritimes. Le jeune Ashby s’en acquitta avec une rare perfection. Il passa ensuite chez Spilsbury, célèbre graveur calligraphe qui mourut à cette époque. Ashby épousa sa veuve et succéda à ses affaires, ce qui lui valut bientôt une grande renommée. Sous sa main le burin avait pris la flexibilité de la plume, et les planches exécutées par lui, d’après les copies des meilleurs maîtres d’écriture, surpassèrent tout ce que l’on avait vu jusqu’alors. D’innombrables pièces d’écriture furent gravées par ses soins avec une rare perfection ; mais ce qui plus que tout le reste servit à sa réputation et à sa fortune, ce furent ses relations avec Tomkins qui l’employa à ses travaux littéraires, et lui fit graver les lettres et les actes publics de la cité de Londres. Les principaux ouvrages d’Ashby sont : 1° plusieurs planches de l’élégant ouvrage intitulé : Beautés de la littérature ; 2’ les Lettres de lord Nelson après la bataille du Nil ; 5° l’Épître dédicatoire de la Bible de Macklin ; 4° l’Épître dédicatoire de la nouvelle édition des Saisons de Thomson ; 5° une Épître dédiectoire à l’impératrice Catherine. Ashby passa la dernière année de sa vie à Exning, dans le comté de Suffolk, où, tout en cultivant son jardin, il ne cessa de s’occuper de gravure, tandis qu’un de ses fils conduisait ses affaires à Londres. Il mourut dans ce village, le 31 août 1818. Z.


ASHMOLE (Élie), antiquaire anglais, fondateur du museum Ashmolée, à Oxford, naquit en 1617, à Litchfield, et y reçut sa première éducation. Vers l’âge de seize ans, il vint à Londres pour s’y livrer à l’étude du droit, et devint, en 1641, procureur à la cour des plaids communs. En 1644, pendant les troubles de la guerre civile, il se rendit à Oxford, ou le roi Charles Ier était alors réfugié, et

  1. Cet épisode de la vie d’Asgill a fourni le sujet d’un drame de Sauvigny, représenté à Paris sur le Théâtre-Français, en janvier 1785, sous le titre d’Abdir, nom supposé ainsi que ceux de tous les autres interlocuteurs et du lieu de la scène. Mayer en avait précédemment fait un roman intitulé Asgill, ou les Désordres des guerres civiles, dans lequel sont insérées deux lettres de la mère d’Asgill au ministre Vergennes, qui se trouvent aussi dans la Correspondance de Grimm. Enfin le même sujet a été mis sur la scène de l’Opéra-Comique de la rue Favart, en 1793, par Marsollier et Dalayrac, sous le titre d’Asgill, ou le Prisonnier de guerre. À la même époque parut un portrait d’Asgill fort bien gravé par Chevillet. La France entière s’était intéressée au jeune Anglais, et il dut à son malheur son élévation et sa fortune.