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in-fol. Aubertin y déploie toutes les ressources de son érudition et toutes les subtilités de sa logique contre le dogme de la présence réelle. Ses objections avaient été prévenues par les cardinaux Bellarmin et Duperron. Elles furent depuis réfutées par Arnauld et Nicole, dans la Perpétuité de la Foi. Après sa mort, les catholiques répandirent que ce ministre avait été documente, dans ses derniers moments, par de violents scrupules sur l’orthodoxie de son parti, et qu’il l’aurait abjuré, sans les larmes de sa femme et les emportements de son fils. Les calvinistes prétendirent, de leur côté, que M. Olier, curé de St-Sulpice, se présenta chez lui avec le bailli de St-Germain, escorté d’un grand nombre de gens du peuple, pour l’intimider. On peut voir, sur ce fait, les observations de l’abbé Joly sur l’article Aubertin, du Dictionnaire de Bayle.


AUBERY (Claude), médecin français du 16e siècle, qui, ayant embrassé la réforme, se retira à Lausanne, où il devint professeur de philosophie. Il y publia des Apodictæ Orationes, sur l’Épître aux Romains, qui parurent trop conformes aux principes des catholiques. Bèze les fit condamner au synode de Berne. Aubery, mécontent de cette condamnation, revint faire son abjuration à Dijon, où il mourut en 1596. Ses ouvrages annoncent une grande érudition : 1° Posteriorum notionum Explicatio, Lausanne, 1576, in-8° ; 2° de Interpretatione, 1577, in-8° ; 5° Instrumentum doctrinarum omnium, 1584, in-4° ; 4° de terræ Motu, 1585, in-8° ; 5° de animæ Immortalitate, in-8° ; 6° de Resurrectione mortuorum ; 7° de Caritate ; 8° de Concordia medicorum. Il avait fait des commentaires sur Hippocrate et sur Aristote, qui n’ont point paru.


AUBERY (Jacques), sieur de Monereau en Anjou, avocat au parlement de Paris et ensuite lieutenant civil au Chatelet. Henri II ayant évoqué, par une déclaration en date du 17 mars 1550, la cause des habitants de Cabrières et de Mérindol, et commis la grand’chambre du parlement de Paris pour juger l’affaire au fond et les appels interjetés, Aubery reçut du roi l’ordre de plaider pour les victimes de l’infâme président d’Oppède. (Voy. ce nom.) L’affaire était des plus graves : le parlement d’Aix pris à partie, la considération et l’autorité morale d’une cour souveraine mises en question, étaient défendus par la raison d’État et par Robert, l’un des plus habiles avocats du temps ; les débats occupèrent cinquante audiences. Aubery parla avec talent et réussit à faire condamner à mort, comme faussaire, Guérin, avocat général au parlement d’Aix. Oppède et ses autres complices, qui avaient des amis à la cour, échappèrent au châtiment de leurs crimes. Le livre 2 des Épîtres du chancelier de l’Hôpital contient une relation en vers latins de ce mémorable procès. Le plaidoyer de Jacques Aubery fut imprimé par D. Heinsius, Leyde, 1619 ; et réimprimé par L. Aubery du Maurier, arrière-petit-neveu de Jacques, avec différentes pièces justificatives, sous ce titre : Histoire de l’exécution de Cabrières et de Mérindol, etc., Paris, 1645, in-4°,

C. W-r.

AUBERY (Antoine), naquit à Paris, le 18 mai 1616. Écrivain laborieux, il se levait tous les jours à cinq heures, et travaillait toute la matinée ; il travaillait encore l’après-midi jusqu’à six heures, qu’il allait chez MM. Dupuy, de Thou, ou de Vilevault, converser avec les savants qui s’y assemblaient. Pour se délasser de ses études, il lisait quelques pages des Remarques de Vaugelas. Il ne faisait presque aucune visite, et en recevait encore moins. Outre les langues savantes, le latin et le grec, il savait l’ita1ien, l’espagnol et l’anglais, et était en état de lire les livres écrits en ces trois langues. Quoique reçu avocat au conseil, en 1651, il n’en a guère fait les fonctions. Ainsi l’histoire de ses ouvrages fait proprement l’histoire de sa vie. Il mourut le 20 janvier 1695, des suites d’une chute. Voici la liste de ses ouvrages : 1° Histoire générale des cardinaux : (depuis le pontificat de Léon IX), 1612—19, 5 vol. in-4°. 2° De la Prééminence de nos rois, et de leur Préséance sur l’Empereur et le roi d’Espagne, 1619, in-4°. 3° Histoire du cardinal de Joyeuse, 1651, in-4°. 4° Histoire du cardinal de Richelieu, 1650, in-fol. ; 1666, 2 vol. in-12. «Quoique cette histoire soit faite sur de bons mémoires, dit Lenglet, elle est cependant peu estimée… Aubery a voulu faire du cardinal un trop honnête homme, et ne l’a pas fait assez politique. » Gui Patin, dans sa 156° lettre, adressée à Spon, n’en parle pas plus favorablement, et dit qu’Aubery avait fait cet ouvrage pour la duchesse d’Aiguillon, nièce du cardinal de Richelieu, qui lui en avait fourni les matériaux. 5° Mémoires pour l’histoire du cardinal de Richelieu, depuis l’an 1616 jusqu’à la fin de 1612, 2 vol. in-fol., 1660 et 5 vol. in-12, 1667. Cette dernière édition est préférable. Le libraire Antoine Bertier, qui imprima la première édition, représenta à la reine mère (Anne d’Autriche), avant d’entreprendre l’impression, qu’il n’osait la publier sans me autorité et une protection particulière de Sa Majesté, craignant que quelques personnes, rentrées en grâce à la cour, ne vissent pas avec plaisir rappeler leur conduite passée. « Allez, répondit la reine, travaillez sans crainte, et faites tant de honte au vice, qu’il ne reste que la vertu en France. » 6° Des justes rétentions du roi sur l’Empire, Paris, 1667, in-1° ; et(Amsterd.), suivant la copie de Paris, in-12. Aubery répète dans ce livre beaucoup de choses qu’il avait déjà avancées dans son traité de la Prééminence. Cet ouvrage donna de l’ombrage à tous les princes d’Allemagne. Le conseil, pour les apaiser, fit conduire l’auteur à la Bastille, où il fut bien traité, visité par les personnes les plus distinguées du royaume, et mis bientôt en liberté. Ce traité donna naissance à plusieurs ouvrages, que des écrivains allemands publièrent pour le réfuter. 7° De la Dignité de cardinal, 1675, in-12. 8° De la Régate, 1678, in-4°. 0° Histoire du cardinal Mazarin, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, tirée, pour la plus grande partie, des registres du parlement de Paris, 1695, 2 vol. ; 1751, 4 vol. in-12. Cette vie, qui commence en 1602 et finit en 1661, est fardée et peu exacte ; cependant on y trouve des détails qu’on chercherait vainement ailleurs. C’est dans le chapitre 2 du livre 7 qu’Aubery avance « que le testa-