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trône. À cette époque ses liaisons avec Baudin (des Ardennes) le portèrent à étudier la religion dans ses sources, et à pratiquer plus exactement les devoirs qu’elle impose. Sous cette influence, il s’enfonça dans un rigorisme qui approchait de l’excès, et qui tenait de l’esprit de parti. Pour se livrer avec plus de liberté à son penchant pour la dévotion et pour les langues orientales, il se délit de sa charge de conseiller au Châtelet, en 1784, et se retira dans un petit appartement, rue des Maçons-Sorbonne, auprès de sa mère. Il sortit intact des orages de la révolution, dont il partageait les principes sans en approuver les excès. On a dit dans le temps que Royer, évêque constitutionnel de Paris, avait voulu l’élever au sacerdoce avec quelques autres pieux laïques. Nommé, le 15 novembre 1799, à la chaire d’hébreu, que la mort de Rivière, son maître et son ami, venait de rendre vacante, Audran eut beaucoup de peine à l’accepter ; et il fallut tout l’ascendant que l’archiviste Camus avait sur lui pour vaincre sa répugnance. Une fois déterminé, il se livra tout entier aux devoirs de sa place, et les remplit avec zèle. Il est doux à un homme qui a suivi son cours pendant plusieurs années de. payer à cet excellent professeur le tribut de la reconnaissance, et de bénir sa mémoire. Sans doute il avait : dans ses manières et son genre de vie une teinte d’originalité qui rendait son accès un peu difficile. On doit avouer aussi que, par ses liaisons et ses habitudes, il s’était laissé entraîner bien loin dans les opinions du jansénisme ; mais son cœur était rempli d’une charité si ardente, qu’on ne pouvait s’empêcher de l’estimer. Il se privait de toutes les jouissances de la vie, même les plus simples, pour être plus en état de subvenir aux besoins des pauvres. Il mourut à Paris, le 25 juin 1819. On a de lui : 1° Grammaire hébraïque en tableaux, Paris, 1805, in-°° oblong ; 1818, in-4°. L’auteur suit dans la lecture le système arbitraire et barbare du chanoine Masclef. 2° Grammaire arabe en tableaux, à l’usage des étudiants qui cultivent la langue hébraïque, Paris, 1818, in-4°. Audran a publié quelques autres écrits de peu d’importance. On trouve, dans la Chronique religieuse, t. 5, p. 259, une notice biographique sur Audran. Un de ses amis a consacré à sa mémoire l’épitaphe suivante :

Hic jacet
Prosper Gabriel Audran,
Linguar. hebr., chald. et syr. in regie Franciæ
Collegio professor.
ln viis justitiæ ambulavit :
Doctus, doctrinæ sapientiam antetulit :
Propriæ laudis contemptor, soli Deo, et verbis
Et factis, gloriam dare voluit ;
Firma fide, spe certa,
Vitam æternam constanter anhelavit ;
Caritatis non fictæ, erga Deum et homines,
Mandatum implevit ;
Paupertatem et pacem amavit ;
Pauperes, quos dotavit, defunctum, perpetuo
Lugebunt ;
Obdormivit in Dom. die 23 mens, junii 1819.

An. ætatis 78.
L-B-e


AUDREIN (Yves-Marie), ancien professeur du collège de Quimper, préfet des études au collège de Louis-le-Grand, fut ensuite coadjuteur et vice-gérant à celui des Grassins. Des sermons qu’il avait prononcés lui acquirent quelque réputation, et il fut nommé grand vicaire ad honores de plusieurs évêques. Il publia, dans les premières années de la révolution, un plan d’éducation, dont la base était de retirer renseignement aux corporations, et de soumettre tous les élèves à un même mode d’instruction nationale. Nommé député du Morbihan a l’assemblée législative, il fut commissaire pour l’examen des papiers trouvés aux Tuileries après le 10 août 1792. Élu député du même département a la convention, il s’y prononça in différentes époques en faveur des mesures révolutionnaires. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour la mort avec sursis. Un écrit qu’il publia en juillet 1795, en faveur de la fille de Louis XVI, procura à cette jeune princesse quelques adoucissements dans sa captivité. Rentré, à la fin de la session de la convention, dans la classe des citoyens, il fut nommé évêque de Quimper par une assemblée de prêtres assermentés. Il se rendait dans son diocèse en 1800, lorsque la diligence où il était fut arrêtée par les chouans qui l’en arrachèrent et l’assassinèrent sous les yeux de ses compagnons de voyage. On a de l’abbé Audrein : 1° Discours prononcé à l’occasion du serment civique, 1790 ; 2° Mémoire sur l’éducation nationale française ; 3° Recueil de discours d la jeunesse, 1790, in-12 ; 4° Mémoire à l’assemblée nationale sur l’importance de maintenir les lois qui organisent le culte catholique, 1792, in-8° ; 5° Apologie de la religion contre les prétendus philosophes, 1797, in-8° ; 6° quelques rapports aux assemblées dont il a fait partie.

A. B-t.


AUDREN ou AUDRAN, roi de Bretagne. Voyez Bretagne.


AUENBRUGGER (Léopold), connu sous le nom d’Avenbrugger, né à Gratz, en Styrie, le 19 novembre 1722, se fit recevoir docteur à Vienne, en Autriche, et devint médecin ordinaire d’un des hôpitaux de cette ville. Aucun praticien n’ignore qu’on lui doit l’invention d’un moyen d’exploration qui, après avoir été négligé chez nous pendant une quarantaine d’années, fut enfin tiré d’un oubli non mérité par Corvisart, et qui depuis cette époque est devenu la vraie boussole du médecin dans la recherche des maladies de poitrine. Ce moyen, à la fois simple et facile, consiste à juger de l’état des organes pectoraux d’après le son que la cavité qui les renferme rend, lorsqu’on frappe avec les doigts réunis de la main. Avec de l’habitude on peut, à l’aide de la percussion de la poitrine, apprécier l’étendue, le siège, les progrès, et même, jusqu’à un certain point, le mode de terminaison des maladies du poumon et du cœur, mais plus particulièrement de la pneumonie et des anévrismes internes. La méthode d’Auenbrugger, quelque avantageuse qu’elle soit, manque cependant d’effet dans certains cas, et c’est pour obvier à son insuffisance que Laënnec avait imaginé le stéthoscope ou pectoriloque, instru-