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coutumier liégeois. Cultivant aussi la littérature, il y débuta par la publication de l’Heureuse Délivrance, ou la Catastrophe du chevalier de St-P…, critico-comédie en un acte et en prose, Bruxelles, 1780, in-8o de 20 pages (anonyme). C’est une satire ingénieuse dirigée contre St-Péravi, poëte français, mort à Liège dans la misère. En 1785, Ansiaux obtint l’accessit du prix d’éloquence proposé au concours par la société d’émulation. Son mémoire, qui contenait l’éloge historique d’Érard de la Marck, évêque de Liège, n’a pas été imprimé. Villenfagne, auquel nous empruntons la plupart des renseignements contenus dans cet article, en a publié un extrait dans les Mémoires pour servir à l’histoire de Liège, ou Collection des discours historiques qui ont concouru à la société d’émulation, Maastricht et Liège, 1785, in-8o, p. 95-107. En 1784, Ansiaux obtint le prix proposé par la même société pour l’éloge de Wazon, autre évêque de Liège. Son travail a été imprimé en 1785 dans la collection précitée. En 1791, il publia encore, sous le voile de l’anonyme : Analyse du recés donné le 17 mai 1791 par l’état de la noblesse, Liège, in-8o de 15 pages ; et en 1792 : Aperçu des motifs des réclamations contre l’organisation actuelle de l’ordre équestre du pays de Liège et comté de Looz, in-8o de 8 pages. Le prince Hoensbroech, juste appréciateur du mérite d’Ansiaux, lui avait conféré l’emploi de conseiller dans son conseil ordinaire, mais il n’en jouit pas longtemps : la révolution liégeoise le força de s’expatrier, et il se retira en Allemagne, où il obtint le titre d’historiographe de l’ordre noble de St-Hubert, et l’emploi de conseiller intime auprès de la princesse de Wurtemberg. Ansiaux mourut à Munster, le 27 février 1880. Il a inséré dans l’Esprit des journaux 1o un extrait du vieux roman en vers de Gace de la Digne, octobre 1781 ; 2o une lettre sur le même sujet, dans laquelle il rectifie quelques erreurs commises dans la première, février 1182 ; 3o Lettre sur un usage ancien, juin 1785 ; 4o Notice sur Lambert de Vlierden, novembre 1781 ; 5o Notice sur Charles de Méan ; 6o Lettre sur un modèle en terre d’un mausolée à élever à François-Charles de Welbruck, prince évêque de Liège, février 1785. — Ansiaux était frère du peintre de ce nom. P-n.


ANSIDEI (Balthasar), savant humaniste, ne en 1556, à Pérouse, se distingue de bonne heure parmi les élèves d’Horace Cardoneti, qui professait alors les belles-lettres dans cette ville avec une grande réputation. Le désir de perfectionner ses talents le conduisit à Rome, où il suivit les leçons de Muret, et se concilia l’estime de cet habile maître, qui ne cessa depuis de lui donner des marques de sa bienveillance. Après la mort de Cardoneti, il revint occuper sa chaire à Pérouse ; mais il passa bientôt à Pise, d’où le cardinal Cl. Aquivava le fit revenir à Rome. Nommé d’abord conservateur de la bibliothèque du Vatican, il fut ensuite chargé de la garde des archives du château St-Ange. On doit à Amidel une bonne description des travaux que nécessita le transport de la magnifique colonne du temple de la Paix a la place de Ste-Marie-Majeure. C’est à lui qu’on doit aussi l’inscription gravée sur le monument. Il en a composé plusieurs autres qui se distinguent toutes par un goût d’antiquité que peu de savants ont eu au même degré. Il mourut a Rome en 1614, à l’âge de 58 ans. Ses poésies latines et ses lettres sont restées manuscrites. Celles qu’il écrivit à Muret[1] renferment plusieurs anecdotes littéraires. Dans l’une, il parle d’un commentaire qu’il préparait sur les œuvres de Sénéque. Tous les savants du 16e siècle s’accordent à faire l’éloge des talents et des qualités d’Ansidei. Vermiglioli a publié une notice sur sa vie et sur ses ouvrages. On peut encore consulter Giornale della letteratura italiana. W-s.


ANSLO (Reinier), poëte hollandais, célèbre dans sa patrie, naquit à Amsterdam en 1622. En 1649, il fit le voyage d’Italie, et s’y acquit une grande réputation, surtout par ses vers latins. Le pape Innocent X lui donna une fort belle médaille pour un poëme qu’il avait composé à l’occasion du jubilé célébré en 1650, et la reine Christine, une chaîne d’or pour une pièce en vers hollandais qu’il lui avait adressée. On a prétendu trouver dans ses écrits quelques traces d’un penchant secret pour la religion catholique. Il mourut à Pérouse, dans les États romains, le 16 mai 1669. Le recueil de ses poésies a paru à Rotterdam, 1713, in-8o. On y remarque sa Couronne pour St. Étienne le martyr, publiée en 1646, et sa tragédie des Noces Parisiennes, ou de la St-Barthélemy, publiée en 1649. G-t.


ANSON (George) brille au premier rang dans les fastes de la marine britannique. Il naquit dans le Staffordshire en 1697, troisième fils de William Anson, seigneur de Shuckborough. Au sortir de l’enfance il fit paraître cet amour de la gloire qui, dans la suite, dirigea toutes les actions de sa vie. Il aimait à entendre raconter les histoires des héros de la mer ; le récit de leurs hauts faits enflammait sa jeune imagination ; il entra fort jeune au service, et passa régulièrement par tous les grades. De 1724 a 1735, il alla trois fois, avec les vaisseaux qu’il commandait, à la Caroline du Sud, où il bâtit une ville qui porte son nom, ainsi que le pays où elle est située. Dans les années 1738 et 1739, il fit un quatrième voyage, tant à la côte de Guinée qu’en Amérique, et, sans en venir à aucun acte d’hostilité, engagea les Français à ne pas troubler le commerce anglais. À cette époque, le ministère, regardant la guerre avec l’Espagne comme inévitable, jeta les yeux sur lui pour commander la flotte qui devait dans les mers du Sud ruiner le commerce et détruire les établissements de cette nation. Anson était en mer lorsqu’il apprit sa nomination ; il revint sur-le-champ tout préparer pour son départ ; des lenteurs et des contrariétés le retardèrent pendant près d’un an, et cette expédition, qui avait été d’abord conçue sur un vaste plan, fut réduite a cinq vaisseaux et trois petits bâtiments, portant 1,100 hommes d’équipage. L’escadre quitta les côtes d’Angleterre le 18 septembre 1740. Au sortir

  1. On trouve une lettre d’Ansidel parmi celles de Muret. C’est la 77e du livre 3, éd. de Ruhncken, t. 1, p. 640.