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p. 646. Nous mentionnerons seulement BACCHIUS de Milet, dont les ouvrages ont servi à Pline, et qui, d’après les témoignages de Columelle et de Varron (lib. 1, cap. 1), avait écrit sur l’agriculture. (Voy. Fabricius, loc. cit.) L’éditeur d’Erotien (p. 624, in Ind. auct.) serait porté à le regarder comme le même personnage que Bacchius de Tanagre. D-b-g.


BACCHIUS, surnommé l’Ancien, auteur d’un ou même de deux petits traités sur la musique écrits en langue grecque, vivait sous Constantin Ier autant du moins que l’on en peut juger par huit vers tirés d’un manuscrit où se trouvent ses ouvrages, et que Meibom a publiés en 1652. On ignore d’ailleurs le lieu de sa naissance, et l’on ne sait rien sur sa vie. Son premier traité est intitulé : Introduction à l’art musical. Ce livre offre l’exposition des éléments de la musique grecque par demandes et par réponses ; tout y est d’un sens précis et d’une clarté parfaite : en un mot, ce petit écrit est assurément ce que nous possédons de plus net et de plus pratique sur la musique des anciens. Toutefois il n’est pas probable que Bacchius l’ait composé dans la forme sous laquelle nous le connaissons ; peut-être les réponses ont-elles été textuellement extraites d’un ouvrage appartenant à cet auteur, mais c’est vraisemblablement un écrivain postérieur qui aura pose les questions. Cette hypothèse expliquerait un certain manque d’ordre dans la distribution des matières, et plusieurs répétitions qu’on est étonné de rencontrer dans un opuscule aussi peu étendu. Tel que nous l’avons et d’après la manière dont il est conçu, il semble avoir été destiné aux écoles publiques du Bas-Empire. Bacchius suit en général la doctrine d’Aristoxéne, quoiqu’il n’adopte que sept modes ou espèces d’octaves, d’où l’on peut conclure qu’il est plus ancien que Manuel Bryennius, qui admet le 8e mode ou hypermixolydien, et donne à tous les modes une dénomination évidemment plus moderne. Le second traité attribué à Bacchius par plusieurs manuscrits porte le même titre que le premier, mais n’est point comme l’a prétendu M. Fétis (Biographie universelle des musiciens, t. 41, p. 5), une seconde partie de celui-ci : c’est un ouvrage tout à fait distinct quant au fond et quant à la forme ; pour le reconnaître, il suffisait de s’apercevoir qu’il était écrit en discours suivi et non plus par demandes et par réponses. Plus des deux tiers de cet écrit se retrouvent, à peu de variantes près, dans le 6e chapitre du 2e livre des Harmoniques de Manuel Bryennius ; or l’ouvrage de cet auteur n’étant, dans sa plus grande partie, qu’une réunion d’extraits : il est naturel qu’en cette occasion il ait encore été copiste ; peut-être même, ainsi que le soupçonne M.Bellermann, le second traité attribué à Bacchius est-il lui-même tiré de quelque écrivain plus ancien. Quoi qu’il en soit, ce livre est loin d’avoir à nos yeux la même importance que la première Introduction. Dans la partie que Bryennius n’a pas reproduite, il est surtout parlé des rapports mathématiques des intervalles, et dans tout le livre, qui ne forme d’ailleurs que quel ques pages, l’auteur traite principalement les parties qui, d’après l’idée que nous nous faisons aujourd’hui de la musique, ne sont plus qu’accessoires. On trouve des manuscrits de Bacchius dans les principales bibliothèques de l’Europe. Celle du roi, à Paris, en possède cinq sous les numéros 2456, 2458, 2460, et 3027 des manuscrits in-fol. et 2532 des in-4o ; aucun d’eux ne paraît être fort ancien et tous semblent provenir d’une source unique. Les numéros 2456 et 3027 ne contiennent que le plus important des deux traités dont le texte a été publié, pour la première fois, par le P. Mersenne, dans ses Quaestiones celeberrimae in Genesim, Paris, 1623, in-fol. À peine avait-il paru que l’imprimeur F. Morel en donnait une version latine en un petit volume in-8o de 24 pages devenu fort rare. Meibom reproduisit le texte avec une nouvelle traduction latine, et des notes dans ses Antiqum musicae Auctores septem, 2 vol. in-4o, Amsterdam, 1652. Le manuscrit dont il se servit, et qui est maintenant en Angleterre, avait appartenu à Joseph Scaliger, et contenait aussi le second traité et divers fragments que Meibom se proposait de publier plus tard, projet qu’il n’a jamais exécuté. Ce n’est que récemment que M. Frédéric Bellermann, docteur en philosophie et professeur au gymnase de Berlin, a fait imprimer, pour la première fois, le second ouvrage de Bacchius, avec un autre traité ou fragment anonyme, sous le double titre : Anonymi Scriptio de musica. Bacchii senioris Introductio artis musicae, Berlin, 1841, in-4o. Le texte grec n’est point accompagné d’une version latine, mais on y trouve des notes utiles, et les variantes tirées des trois manuscrits de Paris et de deux manuscrits de la bibliothèque royale de Naples rapprochés du texte de Bryennius donné par Wallis. Quatre ans après avoir publié ses Quaestiones in Genesim. Mersenne avait donné une traduction française de la première introduction de Bacchius, et l’avait insérée dans son Traité de l’harmonie universelle, publié en 1627, in-8o, sous le pseudonyme du sieur de Sermes, p. 93 à 106. Meibom, qui reçut cette traduction lorsque son travail était déjà terminé, la traite avec assez peu d’estime ; il s’étonne qu’un homme qui s’est illustré par tant d’ouvrages sur la musique ait pu tomber dans de si graves erreurs. M. Fétis (Biogr. univ. des music.) dit que si elle n’est pas bonne, elle a du moins l’avantage d’être complète et de contenir ce qu’il croit être la seconde partie de Bacchius ; cette assertion n’a aucun fondement : Mersenne a traduit seulement ce qu’il avait précédemment publié dans ses Quaestiones. Il existe une autre traduction française de cette même portion du travail de Bacchius, qui est duc à Guillaume-André Villoteau (voy. son article) : elle est déposée à Paris dans la bibliothèque du Conservatoire de musique. Enfin, en 1841, avant la publication de M. Bellermann, M. Vincent lisait à l’académie des inscriptions et belles-lettres un mémoire relatif à la musique des Grecs, dans lequel il examinait, entre autres choses, la partie alors encore inédite des ouvrages de Bacchius, et annonçait l’intention de la publier prochainement. J.-A. de L.


BACCHYLIDE, lyrique grec, né à Joulis, dans l’île de Céros, était neveu du fameux Simonides, et