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l’abbé Millot, le mélange régulier des rimes masculines et féminines, puisque les huit vers du second couplet se terminent par la même désinence. Ce n’est pas que cette combinaison de rimes fût ignorée des poètes provençaux : la première chanson de Hugues en offre un exemple, et le même volume en fournit beaucoup d’autres plus anciennes. Entre les amis de ce troubadour on doit nommer Bertrand de Félix : c’est l’interlocuteur d’un tenson de Hugues, inséré par Raynouard dans le tome 4 de son recueil, si précieux pour les amateurs de notre ancienne littérature.

W-s.


BACHELIER (Nicolas), sculpteur et architecte, né dans le 16° siècle, à Toulouse, d’une famille originaire de Lucques, alla, dans sa jeunesse, à Rome, où il eut l’avantage d’entrer dans l’école de Michel-Ange. Le goût qu’il y puisa lui donna un juste éloignement pour la manière mesquine et gothique, alors répandue dans le midi de la France, comme dans presque toute l’Europe ; mais Bachelier ne pouvait opérer, au fond de sa province, un changement subit dans les arts. On en eut la preuve lorsque, après sa mort, plusieurs de ses sculptures furent dorées, opération qui fait disparaître presque totalement aux yeux la grâce des contours et la finesse du travail. Elle n’a presque jamais été employée qu’à ces époques de décadence, où, selon un mot connu d’Apelles, on s’efforce de faire riches les ouvrages qu’on ne peut faire beaux. On ignore l’époque précise de la mort de Nicolas Bachelier ; on sait seulement qu’il travaillait encore en 1553.

D-t.


BACHELIER (J. J.), peintre français, né en 1724. Il aurait peu de droits au souvenir de la postérité, s’il n’eût été qu’artiste, car ses talents ne s’élevèrent point au-dessus du médiocre ; mais on lui doit un établissement utile. En 1763, il consacra une fortune d’environ 60,000 fr., qu’il avait amassée, à l’établissement d’une école gratuite de dessin pour les artisans. Après avoir éprouvé quelques obstacles, il se vit protégé par le gouvernement : les secours qu’il en reçut, des souscriptions volontaires et nombreuses, et une taxe légère à laquelle les corps de métiers, pénétrés de l’utilité de son projet, s’assujettirent, le mirent en état de consolider cet établissement. Bachelier fut aussi directeur de la manufacture de porcelaine de Sèvres, et contribua à en bannir le mauvais goût. C’est encore à lui qu’on doit l’invention d’une espèce d’encaustique pour préserver les statues de marbre de l’impression de l’air, procédé qui a été connu des anciens, puisqu’on en trouve une recette dans Pline. Unissant ses recherches à celles du comte de Caylus, il aida cet ami des arts à retrouver aussi la peinture encaustique ou à la cire, et peignit même de cette manière plusieurs tableaux. Ce ne pouvait être que l’objet d’une expérience curieuse ; car, malgré quelques inconvénients inévitables, la peinture à l’huile est bien préférable à toutes ces manières de peindre des anciens, qu’ils eussent abandonnées sans doute s’ils avaient connu celle que le hasard découvrit à Jean van Eyck. (Voy. ce nom.) Bachelier mourut en 1805, à 81 ans. On a de lui : le Conseil de famille, proverbe en 1 acte, 1774, in-8o ; 2o  Mémoire sur l’éducation des filles, présenté à l’assemblée nationale, 1789, in-8o.

D-t.

BACHER (George-Frédéric), médecin, né à Blotsheim, dans la haute Alsace, le 26 octobre 1709, fut reçut docteur à l’université de Besançon en 1753. Quoique bon médecin, toute sa célébrité repose sur la composition de pilules particulières qui portent son nom, dont la base est l’ellébore, et dont il avait fait une heureuse application à certaines hydropisies. Il composa sur cette matière : 1o  Précis de la méthode d’administrer les pilules toniques dans les hydropisies, Paris, 1765, 1767, in-12, et 1771, avec des augmentations ; 2o  Observations faites par ordre de la cour, sur les hydropisies, et sur les effets des pilules toniques, Paris, 1769, in-12 ; 3o  Exposition des différents moyens usités dans le traitement des hydropisies, 1765, in-12 ; 4o  Recherches sur les maladies chroniques, 1776, in-8o ; 5o  Traité des incorporations, vertus et propriétés des eaux minérales, 1772, in-12 ; 6o  Seconde Lettre à M. Bouvart, sur les maladies chroniques, 1776, in-8o.

— Son fils (Alexandre-André-Philippe-Frédéric), né à Thann vers 1730, a parcouru la même carrière à Paris, et continué les observations de son père. Il a coopéré à la rédaction du Journal de médecine, avec Demangin, depuis le mois d’octobre 1776 jusqu’en 1790, et l’a continué seul depuis 1791 jusqu’en juillet 1795, où ce journal fut interrompu. Ce médecin est mort à Paris, le 19 octobre 1807. Barbier, dans la table de son Dictionnaire des Anonymes, rapporte que Bâcher (qu’il a confondu avec son père) avait conçu le plan d’un Cours de droit public, qui devait paraître en plusieurs vol. in-8o, et être divisé en 5 parties. Bacher fît imprimer, en l’an 11 (1805), deux volumes de cet ouvrage ; le premier contenant un dictionnaire des mots employés par les publicistes, et qui n’ont point été rigoureusement définis, avec leur explication ; et le second traitant des propriétés et du système social, et en résultat, de l’instruction, a Ces deux volumes, ajoute Barbier, n’ayant point « été vendus, sont fort rares, et l’ouvrage peut être mis au nombre des bizarreries littéraires. » Si le remède des Bacher n’est pas un spécifique des hydropisies, comme ils le prétendaient, c’est qu’il ne peut y en avoir un contre une maladie qui reconnaît souvent des causes opposées, et le plus souvent une destruction matérielle des organes ; mais au moins il a été souvent utile dans les hydropisies causées par la débilité du système absorbant ; et d’ailleurs les Bacher méritent des éloges, pour n’avoir pas fait de leur remède un objet de charlatanisme, et avoir tout de suite procédé comme de vrais philosophes, en le mettant publiquement au jour. On trouve les détails de sa préparation dans le Dictionnaire de Carrére, dans celui d’Éloy, et surtout dans le Recueil des observations faites dans les hôpitaux militaires, année 1772, in-4o

W—s, C. et A-n.


BACHER (Théobald), né le 17 juin 1748, à Thann en Alsace, était, à quatorze ans, lieutenant du bataillon de Colmar, employé dans l’état-major général à l’armée du Bas-Rhin. Licencié à la paix de 1765, il remplit successivement les fonctions d’as-