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fesseur extraordinaire au gymnase de Thorn, d’où il fut banni peu après pour un sermon hétérodoxe. De 1720 à 1728, il fut aumônier d’un régiment saxon à Varsovie. Il fit des études de médecine, et fut reçu membre de la société royale des sciences de Londres. En 1729, il fonda une imprimerie à Constantinople, fit circuler chez les Turcs des livres de piété, et entreprit une traduction de la Bible en turc. Les intrigues des copistes mahométans le forcèrent d’abandonner tous ses projets. On n’a sur le reste de sa vie que des renseignements peu authentiques. Voici les titres de quelques-uns de ses écrits : 1° de Plica polonica, Copenhague, 1723 ; 2° Nova aestus marini Theoria, etc., Leyde, 1734, in-8o ; 5° Art de nager, ou invention à l’aide de laquelle on peut toujours se sauver du naufrage, Amsterdam, 1741, in 8°, etc. On lui a attribué le Democritus redivivus, mais il n’a jamais voulu l’avouer.

G-t.


BACHTISHUA. Voyez BAKHTICHUA.


BACIARELLI (Marcel), peintre, né à Rome, le 16 février 1731, eut pour maître Benetiali, et fut appelé, en 1733, à Dresde, par Auguste III, roi de Pologne et électeur de Saxe. Ce prince l’emmena avec lui à Varsovie, où il se fit connaître de Stanislas Poniatowski qui devait bientôt succéder à Auguste. La réputation de Baciarelli s’étant répandue à Vienne, Marie-Thérèse pria le roi Auguste de vouloir bien le lui envoyer pour laire les portraits de la famille impériale. Quand le roi Auguste mourut, le prince de Kaunitz engagea le peintre de la cour à se fixer à Vienne. Baciarelli, qui avait aussi reçu d’autres invitations, préféra celle de Stanislas-Auguste, qui venait d’être élevé sur le trône de Pologne. La diète extraordinaire de 1767, désirant l’attacher au royaume, lui accorda, dans une de ses séances, l’indigénat et des lettres de noblesse. Le roi Stanislas le nomma directeur général des bâtiments de la couronne. La carrière de Baciarelli a été longue, et il a produit des ouvrages dont le nombre étonne autant que leur perfection. On en trouve dans les cabinets de Dresde et de Vienne, dans ceux des magnats polonais, et dans le palais royal de Lazienki. Les plus remarquables sont ceux qui ornent la salle de marbre dans le palais de Varsovie. On y voit les portraits de tous les rois de Pologne, depuis Boleslas le Grand jusqu’à Stanislas-Auguste. Quant aux anciens rois, l’exécution était difficile ; le peintre, n’ayant que très-peu d’originaux à copier, fut obligé de recourir aux traditions populaires et aux annales de la nation. Les portraits de rois des derniers temps ont pu être mieux soignés ; on admire surtout celui de Stanislas-Auguste, qui voulut être représenté avec le costume espagnol, qu’il portait le jour de son couronnement. Dans une seconde salle, on trouve de grands portraits qui représentent autant d’événements remarquables dans l’histoire de la nation ; ce sont : 1° Casimir le Grand qui affranchit les habitants de la campagne ; 2° la Fondation de l’académie de Cracovie ; 3° l’Hommage qu’Albert, duc de Prusse, rend au roi Sigismond Ier ; 4° l’Union de la Pologne avec la Lithuanie ; 5° le Traité de Choczim ; 6° Jean Sobieski délivrant Vienne. La salle dite de la Noblesse, dans le palais de Lazienki, est ornée des portraits de Christophe Radzivil, de Rcv. Potocki, de Stanislas Hosius, de Jean-Charles Chodkiewicz, de Jean Tarnowski, de Martin Koncki, de Martin Cromer et d’André Olzowski. Baciarelli joignait à une grande activité la connaissance parfaite du siècle et des événements ; ses personnages ont toujours une pose et un costume de la plus sévère exactitude historique. En 1787, il pria le roi Stanislas de vouloir bien lui permettre d’aller visiter de nouveau l’Italie et la France méridionale. Dans son voyage, tous les souverains se plurent à le combler d’attentions. A Vienne, Joseph II et son frère Léopold, grand-due de Toscane, voulurent le voir. L’académie des beaux-arts l’admit dans son sein. Celles de Dresde, de Berlin, de St-Luc, à Rome, celles de Venise et de Bologne lui accordèrent la même distinction. Le pape Pie VI le nomma chevalier de l’ordre de l’Eperon. Les rois de Sardaigne et de Naples le reçurent avec les marques de la plus haute considération, et la reine de Naples se souvint avec attendrissement que ses ouvrages étaient les premiers qu’elle eût admirés dans sa jeunesse. Revenu d’un voyage si flatteur, Baciarelli se remit au travail avec une nouvelle activité. Parmi les ouvrages sortis de son pinceau à cette époque, nous remarquerons deux tableaux qui ornent l’église paroissiale de Szczorce, dans les domaines de Joachim Chreptowicz, chancelier de Lithuanie. L’un représente Jésus-Christ donnant sa bénédiction à des enfants ; dans l’autre on voit un laboureur occupé du travail de son champ, au loin sa femme qui attend son retour, ses enfants qui jouent près du feu, et Jésus Christ dans les nues, qui bénit cette bonne famille. La perfection de ces deux tableaux rappelle avec attendrissement aux Polonais le souvenir de Joachim Chreptowicz, de ce seigneur bon, humain, qui a donné un exemple précieux en affranchissant les paysans dans ses domaines, et qui a rendu à l’instruction publique des services signalés. Le 11 décembre 1807, la société des Amis des sciences, à Varsovie, nomma Baciarelli un de ses membres, et lui offrit le portrait du roi Frédéric-Auguste, qui se trouvait alors à Varsovie. L’université de cette ville ayant établi une section pour les beaux-arts, il en fut nommé le doyen. Parmi ses derniers ouvrages, on remarque le tableau qu’il offrit à l’église métropolitaine de St-Jean. On y voit sur une élévation la Ste. Vierge tenant l’enfant Jésus sur ses genoux, entourée par les anges, et au bas St. Jean-Baptiste et St. Stanislas de grandeur naturelle. C’est une imitation du grand tableau que Palma le jeune (voy. ce nom), peintre de l’école vénitienne, avait fait pour le grand autel de cette église ; mais la copie l’emporte sur l’original. Les Français s’en étaient emparés lors de l’invasion de la Pologne, et ils l’avaient placé dans le musée de Paris, qui, bien que très-riche, ne possédait rien de Palma le jeune. En 1815, ce tableau fut reporté à l’église de St-Jean. Pendant qu’elle en avait été privée, Baciarelli lui avait fait don de la copie dont nous avons parlé, et qu’elle a conservée. On ne s’aperçoit point que ce