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ANT

tionale dans son interrogatoire à Venise, condamné à mort comme complice du parti de la Gironde, et exécuté le 31 octobre 1793, à 41 ans. N-l.


ANTIC. Voyez Bosc (d’).


ANTICO (Laurent), en latin Antiquus, grammairien qui vivait au commencement du 17e siècle, était de Lentino, en Sicile. Il était prêtre, et enseigna la grammaire dans le séminaire de Padoue. Il a laissé : 1" de Eloquentia compendiarii libri tres, Venise, 1594, in-8o, et ensuite Padoue, 1618 ; 2° de Institutione grammaticæ Commentarii tres, Padoue, 1601, in-8o. Fabricius (Bibliotheca latina, vol. 2) avertit qu’Élie Putschius, dans ses Grammaticæ latinæ Auctores antiqui, et Joseph Quesnel, dans son Catalogus bibliothecæ Thuanæ, ont confondu cet Antica, ou Antiquus, avec les anciens grammairiens. G-é.


ANTIDOTE, peintre grec, disciple d’Euphranor, vivait dans la 104e olympiade, 384 ans avant J.-C. Son coloris était sévère, et ses ouvrages, plus soignés que nombreux ; les plus remarquables étaient un Lutteur et un Joueur de flûte. Ou regardait comme un titre encore plus glorieux pour lui d’avoir été le maître de Nicias d’Athènes. L-S-e.


ANTIGÈNES, Macédonien, l’un des chefs des Argyraspides qui suivirent Alexandre en Asie. Après la mort de ce prince, il resta fidèle à sa famille, et ce fut pour cela qu’il prit le parti, d’abord de Perdiccas, et ensuite d’Eumènes, qu’il n’abandonna jamais, quelques offres qui lui fussent faites. Ce général ayant été livré par les Argyraspides eux-mêmes, Antigènes eut le même sort, et Antigone le fit brûler tout vif, vers l’an 315 avant J.-C. C-r.


ANTIGÉNIDAS. Deux Thébains de ce nom se distinguèrent par leur talent à jouer de la flûte. Le premier, fils de Dionysius, donna quelques leçons à Alcibiade. Il en était question dans un discours de Lysias. Le second, fils de Satyrus, fut beaucoup plus célèbre par les changements qu’il fit à la flûte, en y multipliant les trous de manière qu’on pût jouer dans plusieurs modes. Il tira le plus grand parti de cet instrument, qui jusqu’alors avait été borné ; il joua de la flûte aux noces d’Iphicrate, lorsque ce général athénien épousa la fille de Cotys, roi de Thrace. Il joua aussi devant Alexandre, et il accompagnait ordinairement le poëte Philoxène, lorsqu’il récitait ses vers. D’après tout cela, il est évident qu’on ne doit pas le confondre avec celui qui fut le maître d’Alcibiade. C-r.


ANTIGNAC (Antoine), poëte chansonnier, né à Paris, le 5 décembre 1772, était en même temps employé subalterne de l’administration de la poste aux lettres, ce qui lui donnait, disait-il, double droit au titre d’homme de lettres. Il passa sa vie à célébrer dans ses vers les plaisirs de la table, ceux de l’amour et ceux du vin. Le repos que le règne de Bonaparte avait procuré à la France après les convulsions révolutionnaires, l’oubli dans lequel la volonté du maître et la lassitude des partis avaient fait tomber les discussions politiques, donnèrent naissance a un grand nombre de réunions joyeuses d’Épicuriens, qui pour la plupart se sont dispersées depuis, effarouchées par les débats et les clameurs qui ont suivi la restauration. Antignac fut l’un des membres les plus gais et les plus assidus de plusieurs de ces réunions. Adorateur fervent de Vénus, de Comus, de Bacchus, il n’a consacré sa muse a chanter des sujets plus austères que lorsqu’il s’est agi de fêter par occasion quelque héros de circonstance, ou pour donner à la société des francs-maçons, dont il faisait partie, quelques hymnes et quelques cantiques qui se chantent encore dans ses solennités. Antignac est mort à Paris, le 21 septembre 1823. Désaugiers, son convive aux banquets du Caveau moderne, a consacré à sa mémoire quelques couplets chantés dans la séance de réouverture de cette société, le 10 octobre 1825. L’oraison funèbre, l’orateur et le temple étaient également dignes du défunt, et l’on ne saurait finir une notice sur Antignac sans répéter au moins une strophe de cette chanson :

Si les bons cœurs ont droit au bonheur des élus,
Si l’esprit, la gaîté peuvent goûter ses charmes,
Sur Antignac cessons de répandre des larmes :
C’est un ami de moins, c’est un heureux de plus.

Autiguac a laissé : 1° Chansons et poésies diverses, Paris, 1809, 1 vol. in-18 ; 2° Cadet Roussel aux préparatifs de la fête (le mariage de Napoléon), 1810, in-8o de 4 pages. On trouve de lui un grand nombre de chansons insérées dans divers recueils lyriques, et surtout dans le recueil annuel intitulé le Caveau moderne, dans le Chansonnier des Grâces et dans le Journal des gourmands et des belles, ou l’Épicurien français, publié depuis le 1er janvier 1806, et continué, à partir de 1808, sons ce titre : l’Épicurien français, ou les Diners du Caveau moderne, dont il paraissait tous les mois un cahier, formant annuellement 4 vol. in-18. il a fourni quelques pièces de vers aux Annales maçonniques dédiées au prince Cambacérès, Paris, 1807-1810, 8 vol. in-8o. Ces poésies ont été reproduites dans la Lyre maçonnique, Étrennes aux francs-maçons et à leurs sœurs, rédigée par le fr. J.-A. Jacquelin, Paris, Chaumerot, 1809-1814, 6 vol. in-12. Le Dictionnaire des Girouettes, 3e édition, Paris, 1815, in-8o, p. 19, contient une plate chanson d’Antignac, composée pour célébrer le retour de Louis XVIII, et présentée comme pendant des couplets qu’il fit chanter par Baptiste, comédien de Feydeau, le 30 mars 1815, pour célébrer le retour de l’empereur, dans un banquet qui se donnait chez Véry, et auquel assistaient le prince d’Eckmulh et les généraux Bertrand, Drouot, Cambronne, etc.[1]. La plupart des com-

  1. La refrain de sa chanson pour Louis XVIII était : Je sais sur quel pied danser. Mais il dansait sur tous les pieds et sur tous les airs : il allait même jusqu’à chanter la danse des Cosaques dans Paris, et il voulait danser avec eux :

    Mais je vois danser un Russe.
    Je sais sur quel pied danser.
    Autour du vrai roi du France,
    Je sais sur quel pied danser.

    Or, il en était autrement dans l’empire, dit-il :

    Il fallut aller au pas.

    ce qu’il admirait sous Napoléon, et ce qu’il déclarait détester sous la restauration.