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janvier. Ses lettres, écrites en langue égyptienne, se conservent dans divers monastères d’Égypte. Plusieurs ont été traduites en grec, et du grec en mauvais latin, dans la Bibliothèque des Pères. Abraham Echellensis en publia vingt en 1641, dont il n’y en a que sept qui soient véritablement du saint patriarche. Le P. Mingarelli a retiré de la bibliothèque Nanienne de Venise, et fait imprimer en 1785, dans ses Ægyptiorum Codicum Reliquiæ, deux lettres du même saint, en langue de la Thébaïde, l’une adressée à St. Théodore, et l’autre à St. Athanase. Elles respirent le ton, l’esprit et les maximes des apôtres. Le même auteur a aussi donné une règle de St. Antoine ; mais il n’en est fait mention ni dans la vie du saint, écrite par St. Athanase, ni dans aucun autre monument de l’antiquité. Ses exemples et ses instructions étaient la règle vivante à laquelle ses disciples se conformaient. Le corps de St. Antoine fut découvert en 561, transféré solennellement à Alexandrie, et de la, un siècle après, à Constantinople, pour le soustraire aux ravages des Sarrasins. Josselin, gentilhomme dauphinois, le transporta, sur la fin du 10e siècle, à Vienne, et le déposa dans un prieuré de bénédictins, à quatre lieues de cette ville. Gaston, autre gentilhomme de la même province, ayant été guéri d’une grave maladie par l’intercession du saint, fonda en cet endroit un hôpital pour les pauvres attaqués de la même maladie, connue sous le nom de feu de St. Antoine, et qui avaient recours à ce saint pour en obtenir la guérison par son intercession. Ce prieuré, érigé en abbaye par Boniface VIII, fut le berceau de l’ordre des chanoines réguliers de St-Antoine, approuvé par Urbain II et par le concile de Clermont en 1095, et incorporé en 1777 dans l’ordre de Malte. Albert de Bavière, comte de Hainaut, fonda, en 1382, sous les auspices de St. Antoine, un ordre de chevaliers destiné à faire la guerre aux Turcs. Ils portaient un collier d’or fait en forme de ceinture d’hermine, d’où pendaient une béquille et une clochette d’argent. Suivant plusieurs auteurs, un ordre militaire du même nom avait déjà été fondé en Éthiopie par un empereur nommé Jean le Saint, en 370 ; d’autres regardent cette institution comme une fable. T-d.


ANTOINE de Padoue (Saint), fils d’un officier de l’armée d’Alphonse Ier, roi de Portugal, naquit à Lisbonne en 1195, changea son nom de Ferdinand en celui d’Antoine, par dévotion pour le patriarche des cénobites, et fit ses études à Coimbre. Son application et son esprit pénétrant lui ayant acquis de bonne heure une connaissance profonde de la théologie, il se forma bientôt à ce genre d’éloquence nerveuse et persuasive qui, dans la suite, fut si utile à l’Église. Les reliques des cinq franciscains martyrisés par les infidèles firent sur lui une si vive impression que, dans l’espoir d’obtenir la couronne du martyre, il prit l’habit de St-François en 1221, et alla prêcher l’Évangile aux Maures d’Afrique. Forcé par une maladie dangereuse de se rembarquer pour l’Espagne, un coup de Vent le jeta en Sicile, où il vit St. François, fondateur de son ordre, lequel le tira ensuite de sa solitude, près de Bologne, pour l’envoyer professer la théologie à Verceil, à Bologne, à Montpellier, à Padoue et à Limoges. Antoine se voua aussi à la prédication, parcourant les villes, les bourgs et les villages avec un zèle que rien ne pouvait ralentir. Le pape Grégoire IX l’ayant entendu prêcher à Borne, en 1227, fut si touché qu’il le surnomma l’Arche du Testament et le saint Dépositaire des livres sacrés. Élevé aux premières dignités de son ordre, Antoine tonna contre les abus, et s’attira la haine de son général par sa rigidité. Il allait être renferme pour le reste de ses jours dans une cellule, lorsqu’il se réfugia près de Grégoire IX, qui l’attacha à sa personne. Antoine se retira d’abord sur le mont Aventin, et de là à Padoue, où il mit la dernière main à ses sermons, que sans avons encore, mais non pas tels qu’il les prêcha. Sa coutume était de les diversifier selon les circonstances, et de suivre dans son débit l’impétuosité de son zèle. Épuisé, quoique jeune encore, par ses fatigues et ses austérités, il se retira dans un lieu solitaire pour se préparer à la mort, et rendit le dernier soupir, le 13 juin 1251, à 36 ans. Dès qu’on sut qu’il avait cessé de vivre, le peuple se mit à crier dans les rues : Le saint est mort ! Grégoire IX le canonisa en 1232. Une église magnifique fut bâtie à Padoue en son honneur, et ses reliques y furent déposées. St. Antoine de Padoue est honoré avec autant de dévotion en Portugal qu’en Italie. Sa vie a été interpolée en plusieurs endroits, d’après des traditions populaires qui ne sont d’aucune autorité ; aussi n’avons-nous suivi que les Annales ord. Min. de Wadding, comme plus authentiques. Parmi les nombreux miracles qu’on lui a attribués, il en est un plus fameux que les autres en Italie ; c’est la prédication que, dans la ferveur de son zèle, il adressa un jour aux poissons, qui, disent les légendaires, l’écoutèrent avec attention. Cet événement a été reproduit par plusieurs peintres fameux. Les sermons de St. Antoine, ainsi que sa Concorde morale de la Bible, ont été réimprimés à Venise en 1575, et à Paris, 1641, in-fol. Le P. Antoine Pagi a donné plusieurs autres sermons du même saint, écrits aussi en latin, Avignon, 1684. Le P. Wadding publia à Rome, en 1624, les Serments de St. Antoine, avec l’Exposition mystique des livres divins. V.-L. Azzoguidi les a fait réimprimer avec des notes, à Bologne, 1757, in-4o. K.


ANTOINE, dit le Grand Bâtard, fils naturel de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et de Jeanne de Grulles, naquit en 1421, et donna, jeune encore, des preuves d’héroïsme qui lui méritèrent le surnom de Grand. Il passa en Afrique avec son frère Baudouin, et força les Maures à lever le siége de Ceuta. De retour en France, il servit dans l’armée du duc de Bourgogne pendant les guerres contre les Liégeois et contre les Suisses, et se signala en plusieurs rencontres. Il commandait l’avant-garde, en 1176, au combat de Grandson. L’année suivante, il fut fait prisonnier à la bataille de Nancy, où périt Charles, dernier duc de Bourgogne. Louis XI fit les plus vives instances auprès de René, duc de Lorraine, pour se faire céder le prisonnier. En vain Antoine de Bourgogne pria-t-il René de ne pas le livrer au