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cette époque, Napoléon, qui cherchait la s’entourer des anciens républicains dont la haine pour les Bourbons lui semblait une garantie de leur fidélité à la cause de la révolution qu’il représentait, le nomma lieutenant général de police dans les départements du Sud-Est. Lecolnte se trouvait à Lyon quand ll apprit le désastre de Waterloo : il gagna en toute hâte Toulon ; mais la réac* tlon royaliste triomphante rendait sa situation périlleuse, et il juges prudent de s’embarquer. Il tomba au pouvoir des croiseurs anglais ; son bâtiment, remorqué par un navire britannique, allait rentrer de force à Toulon, quand une violente tempête dlspersa la flotte de lord Exmouth› et le câble de remorque fut brlsé. Lecointe devenu libre ne put cependant aborder qu’a Toulon, d’où il se hâta de fuir, allant chercher un asile dans les montagnes de l’Esterel. Il fut arrêté la Prians, ramené prisonnier à Marseille, et la populace l’eùt infailliblement massacré sans l’intervention du général Partouneaux, qui l’envoya au château d’lf. Lecointe y resta six semaines prisonnier, puis se rendit à Cette, at revint de la à Paris, d’où ll dut bientôt partir pour la Belgique, par suite de la lol de bannissement portée contre les régicides. Lecointe resta dans l’exil jusqu’en 1830 et mourut peu de temps après sa rentrée. On a de lui une brochure intitulée Opinion : dam ïajaire du roi. 1798, ln«›8°. Z.


LECOINTRE (Lsvnssr), conventionnel, était marchand de toile à Versailles lors *de la réunion des états généraux. À peine avaient›ils commencé leurs délibérations, qu’il embrassa le système démagogique avec une véhémence extrême : l’influence que ce marchand avait sur la population de Versailles ne contribua pas peu à corrompre l’esprit public dans une ville que tant d’intérêts devaient attacher ù ses rois. Lors du fameux serment du jeu de Paume (voy. BAILLY), ll se forma dans Paris une société patriotique, qui prit le nom de cet événement : Lecointre s’y lit rece› voir, et on le voyait tous les jours assister à ses géanoes et retourner ensuite ia Versailles pour y propager les doctrines de cette société, qui fut peu remarquée ; quoique fréquentée par des hommes qui ont joué depuis de grands roles, elle peut être considérée comme le précurseur du club des jacoblns, auquel elle se réunit après une courte existence. À l’époque de la formation de la garde nationale de Versailles, Lecointre en fut nommé commandant en second, sous le comte d’Estaing. Il fut le premier dénonciateur du malheureux repas des gardes du corps, qui servit de prétexte aux attentats des ll et 6 octobre 1789 (neg. Goasss), et il épouvanta par ses déclamations le comte d’Estalng lui-même, qui ne flt rien pour réprimer la populace. La municipalité clfrayée eut la faiblesse de se dissoudre elle-même, laissant à Lecointre le soin de prendre, pour arrêter le désordre, les mesures qu’il jugerait convenables : mais au lieu de calmer les fuLEC reurs du peuple, il lui fit distribuer des armes, donner des munitions, et exeita s la révolte le régiment de Flandre, qu’on avait fait venir a Versailles pour empêcher les émeutes dont la cherté des subsistances était le prétexte (soy. Adrien Duran et Tasaoious.) Ce régiment se débanda ; les gardes du corps avaient reçu l’ordre de ne pas repousser la force par la force, lorsqu’ils le pouvaient encore avec succès, au moins dans la soirée du tl = trois d’entro eux furent assassinés le lendemain, et d’autres forfaits furent commis. Depuis cette époque, Lecointre s’enfon(!tl de plus en plus dans le chaos révolutionnaire, où il ne cessa de se débattre avec une violence que, pour l’intérêt de sa mémoire, on doit regarder comme une véritable folle. Il s’était fait surtout une manie des dénonciations. Personne, peutétre, depuis 1789 jusqu’à la dissolution du direcîolre, n’a plus dénoncé que lui. Lors de la formation des autorités de 1791, ll devint président du département de Si-ine-et*olse, et fut député à l’assemblée législative par ce département. En décembre 1791, ll dénonça, comme ennemie de la révolution, l’ancienne municipalité de Versailles. En 1791 et 1792, ll dénonça le ministre de la guerre Duportail, et ne cessa de déclamer contre les officiers de l’ancienne armée, contre le ministre Narbonne, et contre plusieurs particuliers qu’il fit traduire à la haute cour d’Orléans : il dénonça aussi Théobald Dillon, et au moment même où l’assemblée décernait des honneurs à la mémoire de ce général (voy. Du.|.oN), ll proposa de mettre hors la loi tous les prêtres qui refuseraient de prêter serment a la constitution civile du clergé. Il ne fut pas question de lui, au moins publiquement, lors de la révolution du 10 aoûtt mais ll fut envoyé le 12 dans le département de la Seine-inférieure, pour en faire adopter les principes et les résultats = cette mission eut assez peu de succès. Député a cette époque par son département a la convention nationale, on l’y vit s’acharner contre la famille royale. Le 15 décembre 1792, il demanda que le roi ne put communiquer qu’avec ses enfants, et que ces enfants infortunés ne pussent voir leur mère ni madame Elisabeth, leur tante, qu’après le supplice de leur pere, dont Il vota la mort sans appel au peuple et sans sursis. Il reprit ensuite le cours de ses dénonciations contre le parti plus modéré qui eut désiré sauver la vle à Louis XVI. Le 12 aoùt1795, il pressa la convention de faire juger la reine, qu’il appelait insolemment lafmme Gapet ; peu de jours après, cette lllustre victime fut arruchée du Temple et envoyée a la Conciergerie. Lors du jugement, Lecointre fut un des principaux témoins, un de ceux surtout qui contribuèrent le plus non pas à faire condamner la princesse (sa mort était arrêtée avant le jugement), mais àustlfler cet assassinat dans l’esprit d’une populace crédule. Au mois de Juin 1794, lorsque Robespierre ílt élever une montagne factice à la