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l’éditeur de 3 volumes de Vies des saints, dont il retoucha le style et auxquels il ajouta des tables chronologiques, et d’une Relation nouvelle du Levant, on Traité de la religion, du gouvernement et des coutumes des Perses, des Arméniens et des Gaures, par le P. Gabriel de Chinon, capucin. Cet auteur infatigable avait rassemblé les matériaux d’un Dictionnaire historique et bibliographique des Provençaux célèbres, et commencé une Histoire des conciles ; il a laissé un Traité des étrennes en manuscrit. F-t et L-d-x.


MORES (Edouard Rowe), antiquaire anglais, né le 13 janvier 1730 à Tunstall, dans le comté de Kent, où son père était recteur, publia avant lage de vingt ans, à Oxford, où il avait fait ses études, un ouvrage intitulé Nomina et insignia gentilitia nobilium equitumque sub Edwardo primo rege militantium, 1718, in-4o. Cette publication et quelques autres lui ouvrirent en 1752 l’entrée de la société des antiquaires. C’est à lui que doit son existence la société appelée Equitable society for assecurances on lives, espèce de tontine dont la première idée avait été donnée en 1756 par James Didson. Mores en fut nommé directeur perpétuel, et il a publié divers écrits sur cette association philanthropique. On a de lui une Dissertation curieuse sur la fondeur et les fonderies typographiques, Londres, 1776, in-8o, tirée seulement à 100 exemplaires ; l’Histoire et les antiquités de Tunstall, dans le comté de Kent, etc. Mores était fort jaloux de se faire remarquer par des singularités : sa prédilection pour la langue latine le porta la l’enseigner à une fille qu’il chérissait uniquement. Dès sa plus tendre enfance, il ne lui parlait guère qu’en latin. Il l’envoya ensuite à Rouen pour s’y perfectionner dans ses études. Mais, ce qu’il n’avait pas prévu et ce qui l’affligea beaucoup, elle y suça en même temps les principes de la doctrine catholique romaine. Mores vint résider en 1760 à Low-Layton, village où il bâtit une maison d’un genre bizarre, dont il avait vu, dit-on, le modèle en France.

On peut s’étonner qu’un Anglais soit venu prendre en France des modèles de bizarrerie. Après une jeunesse très-laborieuse, Mores se livra dans la dernière partie de sa vie a la dissipation, et cette conduite précipita sa mort, arrivée à Low-Layton le 28 novembre 1778.

L.


MORET (Antoine de Bourbon, comte de), fils naturel de Henri IV et de Jacqueline de Beuil, comtesse de Bourbon-Moret, né à Fontainebleau en 1607, légitime en 1608, était abbé de Savigny, de St-Victor de Marseille. de St-Étienne de Caen, et de Signy, ce qui ne l’empècha pas de porter les armes dans les guerres civiles qui désolèrent la France sous le ministère de Richelieu. Il fut élevé au château de Pau, où il eut pour premier récepteur Scipion Dupleix, depuis historiographe de France, qui lui dédia son Corps (ou cours) de philosophie, premier ouvrage de ce genre qui ait été imprimé en français (voy. Dupleix). Lorsque les jésuites ouvrirent le collège de Clermont, en vertu d’un arrêt du conseil obtenu contre l’université de Paris le 15 février 1618, Louis XIII leur donna pour écoliers le marquis de Verneuil et le comte de Moret, ses frères naturels. « En peu de temps, dit dans ses Mémoires l’abbé de Marolles, qui était leur condisciple, ils se rendirent si savants que, sur la fin de leurs études, qui ne fut pas fort éloignée de leur commencement, ils soutinrent des thèses en philosophie et en théologie avec un succès merveilleux. » Le comte de Moret avait pour précepteur au collége Lingendes, depuis évêque de Mâcon. En sortant de ce collège, il se trouva jeté dans les intrigues de la cour et s’attacha au duc d’Orléans : il suivit la mauvaise fortune de ce prince, qui quatre fois sortit du royaume pour y rentrer a main armée, ne sut jamais soutenir ses prétentions, et, dans des paix particulières, abandonna trop souvent ses partisans et ses amis aux vengeances d’un ministre implacable. C’est dans les pièces officielles du temps, trop rarement consultées par les historiens, qu’il faut chercher encore la situation de la France à cette époque, la physionomie des personnages, et le caractère des faits et des événements. Une déclaration du roi, donnée à Dijon le 30 mai, et une autre du 12 août suivant, signalent le comte de Moret, les ducs d’Elbeuf, de Bellegarde et de Roanez, le président le Coigneux, etc., comme les principaux auteurs des dangereux conseils donnés à son frère Gaston, et comme l’ayant emmené hors du royaume : le roi les déclare « atteints et convaincus du crime de lèse-majesté » et « perturbateurs du repos public » ; ordonne la réunion de leurs fiefs au domaine de la couronne, la saisie et confiscation de tous leurs biens, etc. Une chambre du domaine, composée de conseillers d’État et de maîtres des requêtes, fut établie à la suite de la cour, et, par divers arrèts qu’elle publia le 15 octobre 1631, le comté de Moret, les duchés d’Elbeuf, de Bellegarde et de Roanez, les biens des marquis de la Vieville et d’Oisan, et ceux du président de Coigneux, furent confisqués au roi et réunis à son domaine. En même temps, la seigneurie de Richelieu fut érigée en duché-pairie, pour venger le cardinal de ses ennemis. Ce ministre célèbre était violemment attaqué dans les lettres que le duc d’Orléans écrivait au roi, et que le comte de Moret et ses autres favoris étaient accusés de lui suggérer. Nous citerons, comme un document historique très-curieux, une lettre datée de Nancy le 30 mai 1631, écrite à Louis XIII par son frère, adressée par lui au parlement de Paris, qui était chargé de la transmettre au roi, et qui fut imprimée avec la réponse de Sa Majesté (Paris, 1631, in-8o de 47 pages). Cette lettre, disait Monsieur, « demeurera dans l’histoire ». Il est donc utile d’y en conserver du moins quelques extraits. Le prince