Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 29.djvu/58

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MoN ralement toutes les profesiüons étrangères à celle des armes. Le comte de Dlontbron se laissa sans doute aller à cet entraînement, car il quitta la toge magistrale et un siège dans la première cour du royaume pour une épaulette de sous-lieutenant. La révo ution de 1789 arriva, et le comte de Iontbron, loft en demeurant sincèrement attaché à l’ancie ordre de choses qui allait succomber, ne suivit point m parents et ses camarades dans l’émigration. Demeure sur le sol de la France et éloigné seulement pendant quelques mois de sa terre de Scorbé-Clervault, il s’y livra au goût qui chez lui devenait de plus en plus impérieux, la passion des jardins paysagers, des arbres exotiques et des plantes rares. Alors cet arboriculteur réunit dans son parc tout ce qu’il put rencontrer en arbres de pleine terre, et on y vit notamment toutes les espèces d’arbr-es verts et une collection précieuse de chenes d’Amérique. Ifais ce ne fut pas seulement sous le rapport de l’agrément et même de l’intérêt de la science que ce savant dans cette spécialité rassembla tant de végétaux venus de contrées sûliverses et si éloignées : il agit aussi dans un but d’utilité réelle et positive, et dans le désir de procurer de nouveaux produits à la contrée qu’il habitait. Sa grande plantation de chênes-liéges fixa surtout l’attention de la société royale et centrale d’agriculture de Paris, lors du concours pour la culture de cet arbre récieux hors du rayon où il avait figuré jusqueïà. Il fut reconnu que les plantations de Scorbé-Clervault offraient toutes les conditions requises par les programmes, que nulle part plus au nord on n’avait encore fait en grand des plantations de cette espèce. et le prix fut accordé au comte de Montbron. Il devint aussi il cette époque correspondant de la société qui lui décernait une distinction si honorable. Il faut rappeler encore que c’est au comte de ilontbron qn’on doit la découverte de la variété de noyer tardif et a feuilles élégantes a’qui l’on a donné son nom, et que c’est à Scorbé-Clervault qu’on a recueilli pour la première fois de la graine fertile du cyprès chauve ou de la Louisiane, euprarua Jisricha. qu’auparavant on était obligé de faire venir d’Amérique ; disons enfin que le parc de Scorbé-Clervault, d’une très-grande étendue, contient la plus belle collection d’arbres exotiques qui existe en France. Revenons à celui qui l’a créée. Lecomte de Blontbron, qui ai ait repris du service sous la restauration, reçut le commandement en second des gardes du corps a (pied, ce ui lui fit obtenir le grade de maréchal e canapé il est mort dans la retraite à son château Scorbé-Clervault, le 25 janvier 18tl, à la suite d’une longue et douloureuse maladie. F—r-s.

IONTBRUN (Canam Duruv, dit le Brave}, l’un des plus vaillants capitaines de son temps, naquit vers l’an 1530 au c tteau de Montbrun, dans le diocèse de Gap, en Dauphiné, d’une ancienne et illustre famille. Il fit ses premières armes en lla

MON- ’, 53 lie sous les veux de son père. et servit ensuite avec beaucoup de distinction dans les guerres de Flandre et de Lorraine. De retour dans sa famille, il apprit qu’une de ses sœurs s’était retiréeà Genève pour y embrasser la réforme ; et il se mit à sa poursuite, décidé à la tuer si elle persistait dans sa résolution. Cette sœur, connaissant le caractère emporté de Montbrun, se tint cachée, et pria Théodore de lièze d’emplover auprès de lui tous les moyens qui étaient en son pouvoir pour l’apaiser. Deze vit en etl’et cet nomme opiniâtre, et s’acquitta si bien de sa commission qu’il finit par lamener à imiter l’exemple de sa sœur. D’ardent catholique devenu protestant non moins zélé, Montbrun se mit en tête de faire changer de religion à tous ses vassaux ; et les violences qu’il emplova pour les y contraindre excitèrent de grandes plaintes. Le parlement de Grenoble instruisit contre lui, et Marin Bouvier, prévôt des maréchaux, reçut l’ordre de l’arrêter. Informe de son arrivée, àlontbrun marche à sa rencontre, le fait prisonnier et l’ent’erme dans le souterrain de son château. Jugeant bien qu’un pareil attentat ne pouvait rester impuni, il leva quelques soldats, et pénétra dans le comtat Venaissin. ou Alexandre Guillotin (et non Guyotin), avocat de Valréas, lui offrait, au nom des calvinistes de Vaison et des environs, l’assurance d’un renfort considérable. Il s’empare de plusieurs villes, profane et pille les églises, établit des pneches, et leve des contributions. Le pape, n’avant aucun moyen de s’o r aux progrès de ce redoutable aventurier, lui fait demander la paix, et Montbrun revient dans son château avec la promesse de n’être jamais inquiété pour tout ce qui s’était passé. Il reporte alors le théâtre de la guerre en Dauphiné, égorgeant les prêtres partout où il éprouve quelque résistance. Informe que Lamothe-Gondrin, lieutenant du roi dans le Dauphiné, venait l’attaquer avec 200 chevaux, il rassemble à la hâte P400 fantassins qui lui servaient d’escorter, et vient attendre Gondrin dans un défilé, tombe à l’improviste sur la troupe et la taille en pièces. Malgré ce succès, il crut que la prudence lui commandait de se retirer à Genève avec sa famille ; •t pendant son absence son château fut rasé. Il revint en 1562 otïrir ses services à des Adrets, chef des protestants du Dauphiné ; et il contribua à la réduction de plusieurs villes de Bourgogne et de Provence. Des Adrets ayant abandonné la cause des protestants (voy. des Annan), il lui succéda dans le commandement, et reprit les armes en 1567, lors de la rupture de la paix. Il assista aux batailles de Jarnac et de Moncontour, où il fit des prodiges de valeur, rentra dans le Dauphiné en 1570, accompagna l’amiral de Coligni au Vivarais, défit l’armée catholi ne commandée par le marquis de Gordes, qu’il blessa de sa propre main, et traversa le Rhône à la nage avec sa cavalerie pour se porter en Provence. Après la journée de la St-Barthé·