Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 3.djvu/47

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Ce fut vraisemblablement sous l’inspiration de son frère qu’elle se hasards l’année suivante sur un terrain souvent dangereux, en écrivant un poème intitulé Mil huit cent onze, le plus étendu de ceux qu’elle a composés. Uhorizon politique était sombre alors pour l’Angleterre. Cet ouvrage, qui pré« sente de grandes beautés, et dans lequel l’auteur prédisait a son pays des malheurs qu’il n’a point éprouvés, attira sur elle les traits d’une critique outrageuse ; et elle en fut si profondément blessée, qu’elle ne voulut plus rentrer dans la carrière littéraire, et vécut dès lors dans le cercle de ses amis intimes resserré de jour en jour. Elle mourut le 9 mars 1825, dans la 82° année de son âge. Anna-Lœtitia Barbauld était d’un naturel bienveillant, indulgent, exempt d’envie. En contact avec les femmes auteurs les plus distinguées de son temps, elle n’avait pour elles d’admiration, estime, affection ; sentiments qui se montraient dans sa conversation, et que la publication de sa correspondance n’a pas démentis, comme il arrive quelquefois. Le recueil de ses poésies, depuis longtemps épuisé, et qu’elle se préparait à reproduire quand une critique malveillante la lit renoncer à toute prétention littéraire, a été réimprimé avec ses écrits en prose, sous la direction d’une de ses nieces, Lucy Aikin, et précédé d’une notice biographique, 1825, 2 vol. in-8°. On trouve dans ces deux volumes des morceaux tantôt sérieux, comme l’Essal sur inconséquence de nos prétentions, tantôt badins et enjoués ; comme l’Ineentaíre du mobilier du cabinet de Priestley ; parmi les meilleurs sont des essais sur l’Éducation et sur les Préjugés. Dans un essai sur les romans, elle s’est proposé d’imiter le style de Samuel Johnson, et elle a si complétement réussi, que ce littérateur célèbre a avoué que c’était la meilleure imitation qu’on en eût faite, en ce qu’elle réfléchissait la couleur de ses pensées non moins que le tûtll’ de ses expressions. Tout ce qu’elle a écrit annonce beaucoup de sagacité, d’instruction, un grand sens ; le style en est énergique, clair, élégant. Nous avons omis, dans le cours de cette notice, de mentionner des hymnes en prose pour les enfants, des morceaux religieux (Devotional Pieces), compilés d’après les psaumes de David, avec des réflexions sur l’esprit de religion, sur les religions établies et sur les sectes (1775) ; the Female Speaker, recueil de vers et de prose, 1811, 1 vol. in-12. On a publié en 1827 : À Legacy, etc., (Legs aux jeunes dames), par mistriss Barbauld, in-12. Plusieurs de ces productions ont été traduites en français :1° Dieu dans la nature, hymne en prose à l’usage des enfants, 1800, in-12 de 17 pages ; 2° We de Richardson, avec l’examen de ses ouvrages, traduite par J.-J. Leuliette, Paris, 1808, in-8° ; 5° Simples contes d l’usage des enfants, traduits par madame de Givrey, in-12, avec fig., Paris, 1829 ; 1° lesSoir¿es au logis ; 5° Historíettes et conversations du premier âge, 1851, in-18. L.

BARBAULT (Antoine-François), médecin et chirurgien, né à Paris, y fut démonstrateur de l’art des accouchements pendant vingt-cinq ans, et mourut le 11 mars 1781, dans un âge avancé, aprés avoir donné : 1° Splanehnologíe, suivie de l’Angiologie el de la Nécrologie, 1730, in-12 ; 2° Principes de la chirurgie, in-12 ; 5° Cours d’accouplements, en faveur des étudiants, des sages-femmes et des aspirants d cet art, 1776, 2 vol. in-12. A. B-’r.

BARBAZAN (Arnauld-Guilhem, seigneur de, d’une famille distinguée de Bigorre, lit preuve, jeune encore, d’une grande intrépidité dans un combat singulier (pie six chevaliers français livrèrent, en 1-101, à autant de chevaliers anglais, devant le chateau de Montendre, et en présence des deux armées ennemies. Le roi Charles VI avait choisi Barbazan pour chef de cette espèce de joute guerrière, dont tout l’honneur resta aux Français. Barbazan renversa d’un coup de lance le chevalier de l’Escale, chef des chevaliers anglais. On reconnut depuis lors tt tant « d’honneur dans sa conduite, qu’on le nomma le a Chevalier sans reproche. » Charles VI l’honora lui-même de ce titre, qu’il lit graver avec la devise : Ut lapsu graeiore ruant, sur le sabre dont on lui fit pré» sent. Les factions d’Orléans et de Bourgogne ayant allumé la guerre civile et étrangère, Barbazan ne tarda pas à s’y distinguer. Il défendit Corbeil contre le duc de Bourgogne, en 1117, et, réfugié ensuite a la Bœtille avec d’autres seigneurs, partisans du dauphin, depuis Charles VII, il emmena ce prince a Melun, et revint deux jours après dans Paris avec 16t)0 hommes pour surprendre les Bourguignons. Un combat sanglant eut lieu dans le faubourg St-Antoine, au désavantage des royalistes. En 1120, Barbazan défendit Melun, place alors importante, contre Henri V, roi d’Angleterre, et soutint ses attaques avec une bravoure qui étonna le monarque anglais. De part et d’autre, des juges décernaient le prix du courage et nommaient les vainqueurs. Barbazan, à l’imitation du roi d’Angleterre, créa plusieurs chevaliers. Forcé par le manque de vivres d’accepter une capitulation que le monarque anglais v-iola indignement, il fut transféré tt Chateau-Gaillard, près de Rouen, et retenu prisonnier dans cette forteresse pendant huit années, jusqu’à ce que le brave Lahire le délivrât, en 1150, après avoir surpris le château par escalade. Barbazan reprit aussitôt les armes pour la défense du royaume, s’empara de Pont-sur-Seine l’année suivante, et remporta, a la Croisette en Champagne, avec 5,000 hommes seulement, sur les Bourguignons et les Anglais réunis, la victoire la plus compléte que les généraux de Charles VII eussent encore obtenue. il en fut récompensé non-seulement par le gouvernement de Champagne et de Brie, mais encore par le titre de restaurateur du royaume et de la couronne de France, titre énoncé dans les lettres patentes que Charles VII lui accorde pour l’autoriser à porter dans ses armes les trois fleurs de lis sans brisure. En 1151, il reçut ordre de joindre ses troupes à celles de René d’Anjou, pour soutenir les prétentions de ce prince sur le duché de Lorraine et de Bar. Sourd aux conseils de Barbazan, René vint attaquer imprudemment l’ennemi à Bulgneville, près Nancy, et fut complétement défait. La perte la plus douloureuse pour la France, dans cette journée, fut celle du brave Barbazan, qui, percé de