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Nassir-eddyn, et on les a reproduites en 1711, dans le tome 3 des Petits géographes.

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NASSUF-PACHA. Voyez Nazouh.


NATALE (Thomas, marquis de Monterosato), littérateur et publiciste italien, naquit à Palerme en 1735, et reçut une éducation soignée. Il dirigea spécialement ses études vers la philosophie, le droit public et la législation criminelle ; mais ces graves occupations ne l'empêchèrent pas de cultiver avec succès la poésie italienne. Assez insouciant sur la réputation qu’il pouvait acquérir, il gardait ses ouvrages en manuscrit, et ce ne fut souvent qu’à la sollicitation de ses amis qu’il les livra à l’impression. D’un caractère naturellement sombre, aimant la retraite, il n*apportait dans la société ni un air d’aisance ni une grande facilité d’élocution, et le soin qu’il mettait à châtier son style lui prenait beaucoup de temps pour la composition de ses écrits. Il mourut à Palerme en 1819, après avoir rempli honorablement plusieurs fonctions publiques. Parmi les divers ouvrages de Natale, tous en italien, et dont aucun n’a été traduit en français, nous citerons : 1° La Philosophie de Leibniz exposée en vers italiens, Palerme, 1756, in-8o. Ce poëme didactique, que l’auteur dédia a l’académie de Leípsick, lui attira des désagréments dans son pays. Un passage où il personnifiait l’erreur sous la figure d'un moine le fit déférer à l’inquisition, qui se borna à réprimander fortement le poëte philosophe, que ses titres et sa position sociale mettaient à l’abri de poursuites plus sévères ; mais l’imprimeur et même ses ouvriers furent emprisonnés, et le livre resta prohibé jusqu’à la suppression du tribunal du Saint-Office dans le royaume des Deux-Siciles. 2° Réflexions politiques relatives à l'efficacité et à la nécessité des peines portées par les lois, Palerme, 1772, in-8o. Le sujet de ces réflexions est le même que celui du Traité des délits et des peines de Beccaria (voy. ce nom) ; mais les opinions des deux auteurs sont différentes : Beccaria s’élève contre la torture et la peine de mort ; Natale les juge nécessaires pour la répression de certains crimes. Cependant il publia, pour faire suite à ses Réflexions, une Lettre sur le système de Beccaria relatf à la peine capitale, et sur les sentiments opposés de Linguet, dans laquelle, quoique ne partageant pas les idées de Beccaria, il réfute celles de Linguet, qui demandait une application trop fréquente de la peine de mort. 3° Commentaire sur le onzième paragraphe du Droit de la guerre et de la paix de Grotius, inséré dans les Notizie dei letterati, 1773. Natale y combat quelques principes de Puffendorf sur la sociabilité, et soutient, contre ce publiciste, qu’il existe pour l’homme une obligation morale antérieure à toute loi positive. 4° Réflexions relatives aux discours de Machiavel sur Tite-Live, où

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l’on retrouve souvent le style énergique et les pensées profondes de l’historien de Florence ; 5° Oraison funèbre de l’abbé Joseph Natali, lue à l’académie du Bon-Goût, Palerme, 1752, in-4o ; 6° Discours à la louange de dom Emmanuel Lucchesi-Palli, des princes de Campofranco, íbíd., 1767, in-4o. Natale, très-bon helléniste, avait commencé une traduction de l’IIiade d’Homère en vers italiens ; mais il ne l’acheva point et n’en publia, dans des recueils littéraires, que les six premiers livres, ainsi que des poésies diverses de sa composition.

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NATALI (Pierre de) ou de Natalibus, hagiographe, était d’une ancienne famille patricienne de Venise qui subsiste encore aujourd'hui. Apostol. Zeno (Dissertaz. Vossiane, t. 2, p. 32) prouve que ce pieux écrivain florissait vers la fin du 14e siècle, et non pas au 15e, comme la plupart des biographes l’avaient avancé. En effet, une note rapportée par Zeno nous apprend que Natali commença son Catalogue des Saints en 1369, le jour de St-Barnabé, et le termina le 26 mai 1372. D’abord curé, il fut fait évêque d’Equilium, ville que l’on croit être la même que Jesolo ou Cavallino dans la Marche Trévisane : il vivait encore en 1376 ; mais on n’a pu découvrir la date de sa mort. Son ouvrage, intitulé Catalogus Sanetoram et gestorum eorum ex díversis voluminibus collectus, fut imprimé pour la première fois à Vicence, en 1493, in-fol. Cette édition, la seule que recherchent les curieux, est due aux soins d'Antoine Verlo, noble vicentin, qui revit et compléta le travail de Natali. Dans le 16e siècle, un dominicain de Venise, le P. Albert Castellano, s’est occupé de corriger et d’améliorer cet ouvrage. Il a été traduit en français par Guy Breslay, Paris, 1523-1524, 2 vol. in-fol., dont on connaît un exemplaire sur vélin. L’auteur a fait entrer dans cette compilation tous les personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament, les écrivains ecclésiastiques, les empereurs qui passent pour avoir favorisé le christianisme, et même jusqu'à Roland et Olivier, deux héros qui se trouvent beaucoup mieux placés dans la célèbre épopée de l’Arioste que dans un catalogue de saints. On voit que sous le rapport de la critique, Natali n’était pas plus avancé que ses contemporains ; cependant Zeno met le Catalogue des saints fort au-dessus de la Légende dorée de Voragine, et pense que cet ouvrage, utilement consulté par les biographes modernes, peut continuer de fournir de précieux renseignements. Zeno regarde Natali comme l’auteur d’un poëme manuscrit in terza rima, dont le sujet est le voyage du pape Alexandre III à Venise, et, en donne quelques courts fragments. L'abbé Lebeuf a publié, dans le Mercure (novembre 1732), une lettre assez curieuse sur le siècle où vivait Natali, sur la situation de son évèché et sur la singularité de son ouvrage. Sur ces trois points, le savant français se rapproche du sentiment de Zeno, qui