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ment, il lui donna vingt-cinq mille francs. C’était le quart de ce qu’on exige maintenant. Il y avait un sûr moyen pour obtenir à bon marché les services de notre grand artiste, c’était de laisser en blanc le chiffre de ses appointements et de l’abandonner à sa discrétion. Il craignait toujours que les exigences des acteurs ne ruinassent les administrations théâtrales. Sur ce modique revenu, augmenté par les congés, il y avait une part qu’on peut deviner. Ce cœur si affectueux, dont la bienfaisance n’avait pas attendu le développement qui se fit en lui du sentiment religieux, ne pouvait oublier l’indigence. Une épouse distinguée, qui comprenait comme lui l’art et la charité, ne laissait sans secours aucune souffrance, et l’on comprend que la célébrité de l’artiste multipliait les demandes. Nourrit, tant par sa profonde intelligence des arts que par l’élévation de ses sentiments et le charme de son commerce, s’était fait des relations nombreuses. Musiciens, hommes de lettres, peintres, statuaires, presque tous les artistes en renom fréquentaient son salon, et il a trouvé dans le nombre de solides amitiés. La bonté faisait le fond de son caractère ; sa parole douce et animée avait quelque chose de pénétrant qui séduisait dès le premier abord. S’il aimait ses amis avec chaleur, il était affable pour tout le monde. Après le témoignage d’une sincère affection qu’il reçut du public le jour de sa retraite, il recueillit un hommage non moins touchant dans les adieux que lui firent avec tant d’émotion les employés et les ouvriers du théâtre. Un grand talent, rehaussé par les plus rares qualités du cœur, voilà ce qui, pendant sa vie, recommandait Adolphe Nourrit à l’estime publique. Voilà pourquoi il a laissé un deuil si profond, des regrets si fidèles, une mémoire si vénérée.


NOURRY (Le). Voyez Lenourry.


NOURRY. Voyez Grammont.


NOUSCHIRWAN. Voyez Khosrou.


NOUVELLET (Claude-Étienne), né vers l’an 1510 à Talloire, bourg de Savoie, sur les bords du lac d’Annecy, fit ses études à Paris et entra chez les bénédictins. Emmanuel-Philibert de Pingon, historiographe de Savoie, dont Nouvellet dirigea les études, fait les plus grands éloges de ses talents et des leçons qu’il en avait reçues.

Nouvellet a publié : Petri Aurioli Franciscani, cardinalis, compendiosa in universam sacram Scripturam commentaria édito a Claudio Stephano Noveletto, Talluerino, Paris, 1585.

NOUVELLET (Claude), docteur de Sorbonne, chanoine de la cathédrale de Genève, membre de l’académie florimontane d’Annecy (voy. sur cette académie l’article Antoine Favre), naquit à Annecy vers le milieu du 16e siècle. Il eut des talents assez distingués pour son temps dans la poésie et l’art oratoire. Il composa plusieurs ouvrages plaisants, dont les principaux sont : 1o le Braquemart, poëme en cent sonnets ; 2o Odes sur les funérailles du chevalier de Soyer, Paris, 1571 ; 3o les Divinailles, en style burlesque, Lyon, 1571.


NOVA (Juan da), navigateur, né en Galice, entra au service du Portugal. Le roi Emmanuel lui donna en 1501 le commandement d’une escadre de 4 vaisseaux, montée par 400 hommes et destinée pour les Indes. Nova, parti de Lisbonne, rencontra sur sa route, par huit degrés sud, une île nouvelle qu’il nomma Île de la Conception : il en découvrit une autre par le dixième degré sud, au nord-est de Madagascar, et lui donna son nom. Arrivé dans les Indes, Nova prit et brûla plusieurs vaisseaux du samorin de Calicut, qui avait montré de la mauvaise foi envers les Portugais. Ensuite il se dirigea sur Cochin et Cananor, et y arriva assez à temps pour acquérir de la gloire et pour charger richement ses vaisseaux. Il détruisit une flotte que le samorin avait envoyée afin de l’empêcher de sortir de Cananor, et déjoua toutes les intrigues de ce prince, qui voulait le leurrer de propositions de paix. Nova retournait en Portugal, lorsque, le 21 mai 1502, il découvrit dans l’océan Atlantique austral l’île Ste-Hélène, devenue si fameuse de nos jours. Elle était absolument inhabitée. Nova perdit un de ses vaisseaux sur la côte de cette île ; il continua heureusement son voyage jusqu’à Lisbonne, où ses services furent dignement récompensés. Quelques auteurs ont attribué la découverte de l’île Ste-Hélène à Jean Nuñez Gallego, trompés par le latin : Joannes Nonius Gallœcus, ayant pris Gallego (Galicien) pour un nom de famille ; enfin d’autres écrivains ont transformé Jean de Nova en Jean de Hora.


NOVAIRI. Voyez Nowaïri.


NOVALIS. Voyez Hardenberg.


NOVAT, hérésiarque, était attaché à l’Église de Carthage dans le 3e siècle. À peine admis aux ordres sacrés, il fit voir combien il était indigne de l’honneur qu’il avait reçu. Tandis qu’il flattait les grands par de basses complaisances, il s’appropriait les revenus des pauvres, qu’il employait à satisfaire son goût pour les plaisirs ou à gagner des partisans. St-Cyprien le cita, l’an 249, devant un synode pour y rendre compte de sa conduite. Loin d’obéir, Novat s’unit à Felicissime, connu par sa haine contre le pieux évêque de Carthage, se fit ordonner diacre au mépris des règles canoniques, et, pour rendre odieuse la sévérité de St-Cyprien, il soutint que les laps[1] devaient être admis à la communion sans avoir été soumis à aucune pénitence. La persécution de Dèce ne délivra point Novat des craintes que lui inspirait malgré lui le zèle de son évêque. Sommé dans les formes établies de comparaître devant un concile assemblé par St-Cyprien, il s’enfuit secrètement à Rome l’an 251, mais les Pères

  1. On nommait ainsi les fidèles qui étaient tombés dans l’idolâtrie par la crainte des persécutions.