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non-seulement par les sept fils du fondateur, mais par une fou e de citoyens de Florence et de toutes les parties de l’Europe, qui, par la suite, se distinguèrent dans la carrière des arts et dans celle des armes. On doit citer parmi eux le célèbre Ottavio Piccolomini, duc d’Amalli, et les trois frères Remi, Antoine et Jean-François Cantagallina. Jules Parigi mourut en 1635. — Alfonso Panier, l’un de ses sept fils, fut le seul qui suivit la carrière de l’architecture. Lorsque Jules le crut suffisamment instruit, il voulut lui faire joindre la pratique à la théorie ; et, le confiant aux officiers allemands qui avaient suivi ses leçons, il lui fit embrasser le métier des armes ; et le jeune Alfonso ne tarda pas à se distinguer. Il obtint un grade supérieur dans l’artillerie. Mais, comme son père avançait en âge et avait besoin d’un aide éc airé, Alfonso revint à Florence, et, jusqu’à la mort de Jules, il partagea ses travaux. Malgré la solidité avec laquelle Brunelleschi avait construit le palais Pitti, le mur de la façade principale avait perdu son aplomb, et penchant de plus de huit pouces et demi du côté de la place. Les moyens qu’il employa pour le remettre d’aplomb sont remarquables : il lit faire plusieurs ouvertures au mur extérieur, et y lit passer de fortes chaînes de fer, qu’il fixa au dehors avec de grandes clefs ; il adapta ensuite à l’extrémité des chaînes qui passaient dans l’appartement de fortes vis ; et, à force de les resserrer également, il parvint peu à peu à remettre en équilibre l’édi ce qui penchait. C’est à lui que Florence doit encore le palais Scarlati, divisé en trois étages d’une manière très-habile, mais dont les fenêtres ne paraissaient pas aussi bien entendues. Il mourut le 17 octobre 1656. P-s.

PARINI(Joseph), littérateur italien, naquit le 22 mars 1729 à Bosizio, dans le Milanais. Ses parents étaient pauvres ; il embrassa d’après leurs conseils l’état ecclésiastique ; et, afin de pourvoir à ses plus urgents besoins, il se vit contraint de travailler pendant quelques années chez un avocat. Mais un penchant irrésistible l’entraînait vers la poésie ; et il négligeait souvent Suarez et Barthole, pour ne s’occuper que de la lecture de Virgile, Horace, Dante, Arioste, et autres classiques latins et italiens. En 1752, il fit imprimer à Lugan (sous la rubrique de Londres) quelques compositions anacréontiques, qui eurent de la vogue et le firent recevoir dans l’académie des Trrufornuni, où il eut occasion de se lier avec des auteurs déjà célèbres. D’autres compositions, non moins applaudies, l’appelèrent ensuite à l’Arcadie de Rome et à d’autres sociétés littéraires d’Italie. Ces succès, cependant, n’améliorèrent pas sa fortune ; et il dut accepter l’emploi de précepteur, successivement, ’dans les no les familles e Borromeo et de Serbelloni. Se livrant alors à son goût dominant, il étudia de nouveau le grec et devint un des premiers poètes et hellénistes de l’Italie. Il se distingua comme bon critique dans l’E.¢amm qu’il publia en 1756, des Progrès des Laure : humaines, ouvrage de Bandiera, où cet auteur traite sans ménagement le P. Segneri. Parini prit victorieusement la défense de ce célèbre prédicateur contre les assertions hasardées de Bandiera. Le triomphe littéraire qu’il remporta quelque temps après sur le P. Branda ne s obtint qu’aux dépens de sa délicatesse. Branda, dans son ouvrage De la langue toscane, avait justement critiqué Maggi, Tanzi et Balestreri, qui, avec un véritable talent poétique, se plaisaient à écrire dans le barbare et insipide dia cete milanais. Le P. Branda avait, en outre, été maître de Parini dans le collége Arcimboldi à Milan ; et ce dernier lui avait d’assez grandes obligations pour lui devoir au moins des ménagements. Cependant l’ouvrage qui établit la’réputation de Parini fut un petit poëme intitulé lll1anino(la Matinée), qui parut en 1763. À cette époque, le comte Firmian était gouverneur de la Lombardie autrichienne, où il faisait renaître les sciences et les arts (voy. Fmnaxv). Déjà il avait accordé sa protection spéciale au marquis Beccaria, à Pierre et Alexandre Verri (voy. ces noms), et à d’autres littérateurs distingués, lorsqu’il voulut connaître l’auteur du Maniac, et lui confia la rédaction de la Gonna de Milon. Parini s’acquitta de ce travail avec succès, et donna lieu ans une occasion à une plaisante équivoque. A mesure qu’il écrivait, il plaçait la copie manuscrite dans une espèce de guichet, d’où l’imprimeur la tirait chaque fois qu’il en avait besoin. Son tailleur ayant passé devant ce guichet, et ayant besoin de papier pour faire des mesures, aperçut le manuscrit qu’il crut avoir été mis la comme au rebut ; il le coupa, sans s’embarrasser de ce qu’il contenait. Quand Parini apprit l’accident, ne pouvant pas se rappeler le contenu du dernier feuillet, qui était celui que le tailleur avait enlevé, et la gazette étant sous presse, il imagina d’y suppléer par la notice suivante, tout à fait de son invention, et qu’il mit sous la rubrique de Rome : u Le saint- père Ganganelli, u pour bannir a jamais le crime de la castration, « malheureusement trop répandu en Italie, ordonne qlu’on ne reçoive plus ni dans les églises, « ni sur es théâtres des États romains, aucun « chanteur qui ait subi cette opération infamante ; « il engage, en outre, tous les princes chrétiens « à promulguer cette même défense dans leurs « États. » Cette nouvelle supposée fut répétée par la gazette de Leyde et par les journaux français, de sorte que le pape en reçut des compliments publics des protestants, des catholiques, et surtout des philosophes. Alors parut, sur ce bref, une épître en vers, qui passa pour être de Voltaire, mais dont l’auteur était Ch. Bordes, de Lyon. Elle finit ainsi :

Aimez un peu moins la musique
Et beaucoup plus l’humanité.

Malgré toutes ces félicitations, la castration n’a