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dres mineurs ; mais sa modestie l’empêchait d’aspirer au sacerdoce, dont il se jugeait indigne. Il partageait son temps entre la prière et l’étude, et fréquentaitassidùmentla bibliothèque royale. L’archevêque de Paris Péréfixe, informé que Pelhestre lisait des livres suspects d’hérésie, le ñt venir, et lui demanda s’il se croyait assez savant pour lire de pareils ouvrages sans danger : « Votre question, monseigneur, répondit Pelhestre, m’embarrasse : si je dis que je suis assez savant, vous me direz que je suis un orgueilleux ; si je dis que non, vous me défendrez de les lire. » Cette réponse plut au prélat, qui lui permit de continuer ses lectures, et le désigna même quelque temps après pour être employé dans les missions du Languedoc. Pelhestre visita ensuite, pour satisfaire sa piété et son désir de s’instruire, la plupart des maisons religieuses de France, et se lia avec Mabillon et les savants les plus distingués de la congrégation de St-Maur. Dans un voyage qu’il fit a la Trappe, l’abhé de Rancé voulut l’engager à réfuter le Traité des études monastiques de Mabillon ; mais, fidèle à l’amitié, Pelhestre s’excusa d’entamer une guerre de plume avec un homme dont il chérissait le caractère et honorait les talents. Sur la fin de sa vie il quitta l’habit ecclésiastique, et entra en qualité de sous-bibliothécaire chez les cordeliers du grand couvent de Paris, à la condition qu’il serait libre de conserver son costume. Son principal motif fut, dit-on, d’avoir des livres a sa disposition sans dépendre de personne. Pelhestre mourut d’une goutte remontée le 10 avril 1710, à Page de 65 ans. C’était un homme d’une érudition étonnante ; mais il n’a publié que quelques opuscules. On lui doit : 1° une édition du Traite de la lecture des Pères, augmentée de deux livres, Paris, 1697, in-12 (voy. d’Argonne) ; 2° des Remarques critiques contre les Essais de littérature de l’abbé Tricaud, ihid., 1703, in-12 ; 3° plusieurs articles dans les Mémoires de Trévoux, entre autres une Dissertation sur l’indulgence de la Portioncule. Il avait laissé en manuscrit une critique amère, mais assez juste selon l’abbé Goujet, de la Bibliothèque de Dupin et des notes sur les Scriptor. ecclesiastici de Cave.

W-s.

PÉLISSIÉ (Romain), poete patois, officier en retraite à l’hôtel des Invalides, né à Cahors. Dans sa jeunesse (1775), il entreprit de traduire les trois premières églogues de Virgile en dialecte du Quercy. Cette traduction a été publiée à Cahors, sans date, in-12, imprimerie île J.-P. Combarrieu. C’est une brochurine de vingt pages. Elle est assez recherchée des amateurs. Tityre est représenté par Bernat, et Mélibée par Xonot. Dans la troisième églogue, les acteurs sont Bamounet, Pierroutou et Xorlou. M. G. Brunet, de Bordeaux, a rapporté de longs passages de cette traduction, d’ailleurs assez médiocre, dans son Recueil d’opuscules et de fragments en vers patois, Paris, 1839 (p. 90 à 96).

A. M.


PELISSIER. Voyez Pel.ucu ; n.


PELISSON. Voyez Peunssoiv.


PELL (Jean), mathématicien anglais, né en 1610 à Southwark, dans le Sussex, étudia a l’université de Cambridge. À dix-neuf ans il composa un traité sur l’usage des cadrans, et entretint une correspondance sur lesjogarithmes avec le savant H. Briggs. Un grand *nombre d’autres ouvrages du même genre qu’il publia successivement lui donnèrent une espèce de célébrité. Il fut appelé en 1631 pour remplir une chaire de mathématiques à Amsterdam ; et en 1616, le ’prince d’orange lui en offrit une autre dans le nouveau collége qu’il venait de fonder à Bréda. Le meilleur de ses ouvrages, l’ld¿e des mathématiques, qu’il avait d’abord écrit en latin (Idea matheseos), fut imprimé à Londres, in-12, en 1650. Olivier Cromwell l’envoya en 1651. avec le titre d’agent, près des cantons protestants de la Suisse. Il eut ensuite le titre de résident anglais à Zurich, et il revint en Angleterre presque au moment de la mort du protecteur. Ce ne fut qu’après la restauration qu’il entra dans les ordres-sacrés ; et Charles II, qui n’avait pas a se plaindre de lui, lui donna en 1661 la cure de Fohbing dans le comté d’Essex ; il eut en 1663 celle de Laingdon dans le même comté, et fut chapelain de l’archevêque de Canterbury, Sheldon. Ce fut là que se borna son élévation ; et encore les personnes qui l’entouraient, abusant de son inexpérience des affaires, lui volaient la plus grande partie de son revenu, en sorte qu’il manqua plus d’une fois des choses les plus nécessaires à la vie, et qu’il passa quelque temps en prison comme débiteur insolvable. Il mourut en 1685. Parmi ses nombreux écrits, nous citerons : 1° Modus supputandi ephemerides astronomicas (quantum ad motum solis attinet) paradigmate ad ann. 1630 accommodato, 1630 ; 2° Clef de la stéganographie de Jean Tritheim, 1630 ; 3° Lettre à Édouard Wingate sur les logarithmes. 7 juin 1631 ; 4° Histoire astronomique d’observations des mouvements et apparences célestes, 1634 ; 5° Eclipticus pronostica, ou l’Art de prévoir les éclipses par le calcul, 1634 ; 6° Refutation du discours de Longomontanus, De vera circali mensura, Amsterdam, 1614 ; 7° Idée des mathématiques, Londres, 1651, in-12 ; livre curieux, réimprimé dans les Philosophical collections de Hooke, et dont Chaufepié donne un extrait intéressant dans son dictionnaire, article Peer., remarq. B. Entre autres projets singuliers, on y trouve celui d’un manuel de mathématique improvisée, pour apprendre à résoudre sans instruments tous les problèmes d’arithmétique et de géométrie. 8° Table des carrés de tous les nombres, depuis un jusqu’â dix mille, 1672, in-fol. On a aussi de lui, dans son édition de l’algèbre de Rhoníus, une Table des diviseurs des nombres impairs, et une Liste des nombres premiers au-dessous de cent mille, 1668, in-4°. —

L.