Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 32.djvu/400

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faire une si grande réputation qu’il fut nommé ingénieur en chef de l’État de Milan, et obtint le titre d’architecte de la grande fabrique du Dôme de cette ville. Ce vaste édifice, commencé en 1387, sous le règne du duc Jean Galeaz Visconti, par Henri Gamodio, architecte allemand, était chaque année l’objet de quelques nouveaux travaux. Pellegriní fut chargé d’en exécuter le pavé, et cet ouvrage lui fait beaucoup d’honneur. Il fournit le dessin de la façade dans un style qui tient du grec et du gothique, et qui fut approuvé par St-Charles Borromée. Le Bossi, qui était en même temps que lui architecte de cette cathédrale, en commença l’exécution ; mais ils eurent bientôt quelques difficultés à raison de quatre constructions que Pellegrini voulait faire élever dans l’église. Bossi, qui n’admettait pas les projets de son collègue, auquel il trouvait de grands défauts, proposa de prendre l’avis de Palladio, de Vignola, de Vasari et de Bertani. Ces quatre habiles artistes condamnèrent unanimement Pellegrini ; mais, tandis qu’il était occupé de ces disputes, le roi d’Espagne Philippe II l’appela près de lui pour lui confier la construction du Vieux palais royal. Parmi les édifices qu’il éleva dans diverses parties de l’Italie, on cite à Milan l’église de St-Laurent, surmontée d’une coupole octogone ; Ancône vante sa fameuse Loge et Bologne le Palais et la Chapelle Poggí, aujourd’hui dé Celesí. On cite encore l’église et la maison professe des jésuites, qu’il bâtit à Gênes et qui passe pour une des plus belles de cette ville. Pellegrini, de retour en Italie, s’établit à Modène, où il mourut en 1592. J.-P. Zanottí a publié le Pitture di Pellegrino Tíbalrlí e di Nicola Abnti existent nell’ Istituto di Bologna, Venise, 1756, grandiin-fol., formant 41 pièces. hs- Dominique de Tibaldi né Pecnecnm, frère du précédent, et, comme lui, peintre et architecte, naquit en 1541 et mourut en 1582. Il fut élève de son frère. On ne connaît aucun ouvrage de son pinceau ; mais comme architecte on lui doit une des chapelles de la cathédrale de Bologne, dont la beauté frappa tellement Clément VIII à son retour de la conquête de Ferrare qu’il s’écria que Rome ne (possédait rien d’aussi beau. Parmi les autres édifices qu’il éleva encore à Bologne, on cite le palais de à Gabelle, la petite église de la Vierge del Borgo, extra muros, la grande porte du palais municipal, sur laquelle fut érigée la statue de Grégoire XIII, et par-dessus tout, le palais de Magnani. Mais c’est principalement comme graveur que Dominique Pellegríni s’est signalé, et les amateurs éclairés recherchent les pièces suivantes, qu’il a gravées à l’eau-forte : 11° Vue de la fontaine de Bologne, exécutée par Jean de Bologne en 1470, grand in-fol. ; 2° la “Vierge à la rose, d’après le tableau du Parmesan, qui existe dans la galerie de Dresde ; 3° la Trinité, vaste composition d’après Horace Samacchinij grand in-lol ; 4’ la Paí.- : /’autant aux pied : PEL 395

le dieu de la guerre, d’après son frère Pellegrino. — Félix Pellegrini, peintre, né à Pérouse en 1567, et son frère, né en 1575, furent élèves du Barroche. Le dernier était doué d’une figure tellement distinguée qu’il en reçut le surnom de Pittor bello. Il mourut à Pérouse en 1612. — Lodovica ou Antonia Pellegrini, peintre à l’aiguille, naquit à Milan et florissait en 1626. Elle se rendit célèbre en ce genre, et broda de sa main le pallium et quelques autres ornements sacrés que l’on conserve avec soin dans la sacristie de la cathédrale. Son talent lui avait acquis une telle réputation que de son temps on ne la désignait plus que sous le nom de Minerve lombarde. André Pellegrini, son cousin, qui florissait en 1595, orna de quelques tableaux ’église de St-Jérôme à Milan. — Pellegrino Pellegrini, frère du précédent, fut employé dans les travaux de l’Escurial, obtint le titre d’architecte et de peintre de la cour d’Espagne, et mourut en 1634. Antoine Pellegrini, peintre, originaire de Padoue, naquit à Venise en 1674. On peut le regarder comme un peintre ingénieux, plein de facilité et d’idées gaies et agréables ; mais il pèche par les fondements de l’art. Sa peinture est parfois tellement indécise qu’on ne sait si c’est une vapeur ou un objet réel qu’il a voulu peindre. Il fut un coloriste très-superficiel, et dès son vivant on disait que ses peintures ne dureraient pas un demi-siècle. En effet, celles qui existent à Venise et à Padoue ont déjà perdu leur éclat. Ce peintre parcourut une partie de l’Europe : après avoir laissé plusieurs grands ouvrages en Angleterre, il vint à Paris, où il avait été appelé pour peindre le plafond d’une des principales galeries de la banque royale. Cette vaste composition comprenait plus de cent figures heureusement groupées, mais où l’on désirait plus de correction dans le dessin et un moins grand abus de la facilité. Lorsque l’hôtel de la banque fut destiné à renfermer la bibliothèque de Paris, les nouvelles dispositions nécessitèrent la destruction de ce morceau. Après l’avoir terminé, Pellegrini vint se fixer à Venise, où il épousa Angélique Carriera, sœur de la fameuse Rosalba. C’est alors qu’il fut chargé de peindre l’église de St-Moïse, et c’est là qu’il a laissé, dans son tableau du Serpent d’airain, le plus beau morceau peut-être qui soit sorti de son pinceau. Il mourut à Venise le 5 novembre 1741. Pendant son séjour à Paris, il fut reçu membre de l’académie en 1733. Le musée du Louvre possède son tableau de réception, représentant une allégorie : la Modestie offre le tableau de Pellegrini à l’académie personnifiée sous les attributs de la Peinture. Le génie de la France inscrit le jugement favorable qu’elle en porte. — Jérome Pellegrini, peintre, naquit à Rome et florissait en 1674. Il imita la manière du Caravage, et il est nommé plus d’une fois avec éloge dans le Guide de Rome. Après avoir exécuté de grands tableaux