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in-12 ; 10° Discours sur le travail, Lyon, 1766, in-12. L’abbé Pernetti a laissé inédits plusieurs opuscules dont Delandíne a donné les titres et l’analyse dans le Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de Lyon.

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PERNETY (Dom Antoine-Joseph), savant littérateur, né le 13 février 1716 à Roanne, dans le Forez, était cousin du précédent. Après avoir achevé ses premières études, il embrassa la vie religieuse dans la congrégation de St-Maur, et, s’étant fait remarquer de ses supérieurs par son application, fut appelé in l’abbaye de St-Germain, où il trouva les ressources nécessaires pour perfectionner ses connaissances et en acquérir de nouvelles. À une vaste érudition, dom Pernety joignait le goût de l’histoire naturelle, et il avait appris à dessiner pour copier les plantes qu’il trouvait dans ses promenades aux environs de Paris. informé que Bougainville venait d’obtenir du roi la permission de former un établissement aux îles Malouines, il demanda de l’accompagner comme aumônier, persuadé que le trajet lui fournirait d’utiles observations. De retour en France à la fin de 1764, il se hâta de terminer la rédaction de son voyage ; mais, se lassant bientôt du joug monastique, il fut un des vingt-huit bénédictins qui signèrent, le 15 juin 1765, la fameuse requête pour être dispensés de leur règle : il la rétracta le 11 juillet suivant, ainsi que ses collègues, mais sans changer pour cela d’avis. Dans le chapitre général de sa congrégation tenu en 1766, on le nomma un des commissaires chargés de faire une nouvelle rédaction des constitutions : il favorise de tout son pouvoir l’abolition de la règle, mais voyant que la chose n’allait pas assez vite à son gré, il quitta le chapitre et son habit et se rendit en Prusse sur invitation du grand Frédéric. Ce monarque, qui se souvenait d’avoir lu dans sa jeunesse les Lettres sur les physionomies (voy. l’art. précédent), crut que l’aumônier de Bougainville en était l’auteur et lui fit proposer la place de conservateur de la bibliothèque de Berlin avec le titre d’académicien et douze cents rixdales d’appointements[1]. À son arrivée à Potsdam, il fut entrepris par Lecat sur la science physiognomonies ; ils convinrent que Lecat attaquerait les règles dont on appuie la possibilité de juger du caractère des individus d’après leur physionomie et que Pernety, au contraire, les défendrait de son mieux. Cette lutte produisit plusieurs Mémoires de part et d’autre, mais sans aucun résultat avantageux pour la science. Pernety eut ensuite une vive discussion avec Pauw, qui prétendait (ll son cou

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que les Américains sont une race dégénérée : il renonça bientôt à la polémique pour reprendre ses expériences d’alchimie et ne les interrompit que pour traduire en français les ouvrages de Svedenborg. Dom Pernety quitta la Prusse en 1783 et revint à Paris. Il’archevêque voulut, dit-on, l’obliger à rentrer dans son monastère : Pernety en appela au parlement, et un arrêt lui permit de rester dans le monde (1). Après avoir vécu quelque temps chez son frère, directeur des fermes à Valence, et avoir accepté le titre de secrétaire perpétuel de la société patriotique de cette ville (voy. le Journal des savants d’octobre 1786, page 699), il trouva dans Avignon un refuge, et l’on prétend qu’il y forma une espèce de secte dont on ne connaît pas bien les dogmes et qui comptait en 1787 une centaine d’affiliés : il était lié avec un seigneur polonais nommé Grabianca, et l’on soupçonne que c’est contre leur société qu’est dirigé un décret du dominicain Pani, maître du sacré palais, du 2 novembre 1791, qui fait mention d’un Octavio Capelli. attaché à une sorte d’illuminisme. Pernety traversa comme il put les orages de la révolution, ne se mêlant de rien, ne se montrant dpas : il n’en fut pas moins arrêté et ne sortit e prison qu’après le 9 thermidor. Il reprit encore ses recherches sur la pierre philosophale, qu’il croyait avoir trouvée, et mourut en 1801, bien persuadé qu’il avait le secret de prolonger sa vie pendant plusieurs siècles. Dom Pernety a traduit avec dom Brezillac le Cours de mathématiques de Wolf (voy. Ch. Wol.r), et, pendant son séjour en Prusse, les Merveilles du ciel et de Penjer, ouvrage de Svedenborg, dont il avait adopté toutes les opinions (voy. Sveoesnonc). Il est l’éditeur des Ambassades de Noailles (voy. Nosnus et Vmrror), et l’on assure qu’il a eu part au huitième volume du Gallia christiania, qui contient les suffragants de Paris. Enfin, outre le Manuel bénédictin et quelques opuscules ascétiques dont on trouvera la liste dans l’His1oire littéraire de la congrégation de St-Maur, on a de lui : 1° Dictionnaire portatif de peinture, sculpture et gravure, avec un traité pratique des différentes manières de peindre, Paris, 1757, in-8° ; traduit en allemand, Berlin, 1766, même format. Le Traité pratique a pour auteur d’Arclai de Montamy. 2° Les Fables égyptiennes et grecques démilées et réduites au même princÿie, avec llllû explication des hiéroglyphes et de la guerre de Troie, íbid., 1758, 2 vol. in-8°$ 2° édit., ibid., 1786, 3 vol. in-12. Pernety ne voit dans toutes les (ll C’est ce que dit le Supplément de Fuller ; mais tlrålratt qu’il a contondu ici Pernety avec ses confrères Poirier, P leu : et Marttnon, qui obtinrent de Rome, en 1769, des titres dabbéa in partibus. Ils furent nommés aux abbayes de Karentz, de la Grande-Croix, et de Burgel. la première et la dernière en Allemagne, et la seconde en Cypre. mais ces abbayes n’exiatalent plus. Je n’al pas ouï dire que Pernety ait succédé au titre de llavtinon ; c’est contre Précieux, Poirier et Martlnon que M. de Beaumont rendit une ordonnance le lfljuillet 1710. Ile en appelèrent au parlement, et l’avoca.t. Courtin publia un mémoire en leur faveur, mémoire- auquel l’avocat Carré répondit. P—c-r.

  1. Pernety obtint quelque temps après, l’abbaye de Bürgel, en Thuringe, et Frédéric le traita d’ailleurs très-bien, tant que celui-ci écrivit en faveur de la science physiognomonique ; mais il cessa de lui porter le même intérêt dès qu’il le vit lié avec les sectateurs de Svedenborg. Pernety avait fait un voyage, en 1782, pour conférer avec quelques-uns d’entre eux ; à son retour à Berlin, piqué de n’avoir plus aucune inspection sur la Bibliothèque royale il demanda son congé, que Frédéric ne lui fit pas attendre longtemps.