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vembre 1856 à St-Pétersbourg. Fils d’un noble petit-russien, qui était conseiller intime et sénateur, le jeune Léon commença sa carrière en 1811 dans l’état-major, à la suite de l’empereur. Nommé l’année suivante officier, il prit part à tous les combats livrés en Russie, en Allemagne et en France, jusqu’au moment où une blessure dans la campagne d’hiver de 1814 lui imposa forcément le repos. Promu au grade de colonel en 1818, il fut placé dans l’état-major de la garde. En 1823, il sortit de l’armée pour s’engager dans le service civil. Six ans plus tard, il fut nommé vice-président du ministère des apanages. Dans cette position, il s’efforça d’améliorer les domaines placés sous son administration. Mis en 1841 à la tète du ministère de l’intérieur tout en conservant la vice-présidence des apanages, il se trouva dès lors tellement surcharge de travail, qu’en 1851 il dut prendre un congé de deux ans pour rétablir sa santé par un voyage en Crimée et dans le Caucase. De retour à la fin de 1852, Pérowsky, à la place du prince Wolkonsky, décédé naguère, devint ministre des apanages et directeur du cabinet impérial. Il fut en même temps chargé de la présidence de la commission des båtisses, instituée pour la construction de la cathédrale de St-Isaac ; de la direction de l’académie des beaux-arts, du jardin botanique impérial, de l’école d’architecture antique à Moscou, des associations des artistes, ainsi que de toutes les commissions archéologiques de l’empire. Il continua l’amélioration des domaines impériaux, qui, grâce à lui, sont aujourd’hui dans l’état le plus florissant. En même temps il voua toute son attention au jardin botanique impérial, duquel il a aussi beaucoup mérité. L’administration du grand district minier de l’Altaï ayant été en 1855 réunie à celle du cabinet impérial, Pérowsky s’efforça par tous les moyens à ranimer l’exploitation de ces mines. Il commanda de nouvelles machines, appela des mécaniciens de la Belgique et prépara l’exécution d’une grande carte topographique de tout le territoire altaïque. Mais l’homme actif fut surpris par la mort au milieu de ses travaux incessants, dont il ne lui était pas donné de voir les résultats. Pérowsky avait consacré ses heures de loisir à des recherches archéologiques, et les fouilles ordonnées à ses frais dans les gouvernements de Wladimir, Yaroslaw, Yékatérinoslaw et Tauride ont amené d’importantes découvertes historiques. Lors de la guerre de Crimée, en 1864, il avait formé un nouveau régiment de tirailleurs, pris dans les paysans des apanages, et s’était mis lui-même à leur tête. Ce fut à cette occasion qu’il reçut sa nomination au grade de général d’infanterie et d’adjudant général de l’empereur. Le comte Léon étant mort sans descendance directe, ses immenses richesses passèrent à des collatéraux. Rejeton d’une ancienne famille tartare, Pérowsky unissait à l’ardente valeur de ces Orientaux toutes les qualités de cœur et d’esprit qui se développent au contact de la civilisation.


PEROWSKY (Wasili-Alexeïevitch, comte de), frère cadet du précédent, général russe, né à Kharkov en 1794, mort vers le 25 décembre 1857 en Crimée. Amené jeune à St-Petersbourg, le jeune Wasili fut mis au corps de pages, où, avec deux enfants de son âge, Kawelin et Adlerberg, il se trouva être le camarade d’études du prince Nicolas, qui devint plus tard Nicolas Ier. Il se forma alors entre eux cette liaison intime qui n’a été dissoute que par la mort des diverses personnes respectives. Adjudant du prince, ce fut Pérowsky qui annonça à Alexandre Ier la nouvelle de la naissance d’un fils de Nicolas, qui est l’empereur actuel Alexandre II. Dans la journée fatale du 26 décembre 1826, ce fut encore Pérowsky, devenu colonel, qui empêcha, par sa froide intrépidité, un des régiments de la garde de se joindre aux insurgés, et sut l’amener au secours du nouveau souverain sur la place St-Isaac. Lors de la guerre avec les Turcs, en 1818, Wasili fut nommé chef d’état-major du prince Mentschikoff. En cette qualité, il contribua puissamment à la reddition de la forteresse d’Anapa, en se frayant un chemin à travers les tribus tcherkesses hostiles et en avançant avec un corps d’infanterie régulière et de Cosaques tchernomoriens jusque sous les murs de la ville, à laquelle il coupa ainsi tous les convois et secours. Promu général de brigade, il s’embarqua avec le prince Mentschikoff pour commencer le blocus de Varna ; le prince ayant été atteint d’un boulet, Pérowslty dut se charger du commandement supérieur en attendant la nomination d’un autre général en chef. Mais avant l’arrivée même de Woronzoff, nouveau commandant, Pérowsky fut à son tour grièvement blessé, et dut être emporté du champ de bataille. Il rentra en Russie, où il reçut la croix de St-George et le titre d’adjudant général impérial. Plus tard, Menschikoff, son ancien chef, ayant été chargé de la réorganisation de la marine, Pérowsky fut mis par lui a la tête de sa chancellerie. On ne sait rien sur les talents qu’il a pu déployer dans cette position. En 1833 nous le retrouvons avec le grade de général de division à la tête du gouvernement militaire d’Orenbourg. C’est dans cette position que le comte Pérowsky, après avoir lutté longtemps contre les plus grandes difficultés, est arrivé, vers la fin de sa longue carrière, à des résultats de la plus grande importance pour la politique russe et anglaise. La distance qui sépara autrefois la Russie de l’Inde anglaise se trouve, à la suite de la conquête de la Grande-Boukharie (Khiva, Khokand, Tachkent, etc.) par Pérowsky, abrégée de près de la moitié. Lors de son entrée en fonctions à Orenbourg, ce gouvernement avait encore comme limite réelle le fleuve Oural, autrefois appelé Yaïk. De la jusqu’au lac Aral habitaient les Kirghis, divisés en trois hordes, la grande,