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ouvrage. La sixième, publiée en 1749, forme 2 volumes in-folio ; outre divers arrêts notables omis dans les précédentes, on y a ajouté une table très-ample de mots et de matières.

D-z-s.


PEYRILHE (Bernard), médecin, naquit à Perpignan en 1735, de parents peu aisés, qui lui donnèrent cependant une éducation soignée. Destiné de bonne heure in la chirurgie, il étudia cet art à Toulouse et s’y distingua de manière in étre admis a l’académ|e des sciences de cette ville ; mais Toulouse n’offrait pas une carrière assez vaste a son ambition. Il vint à Paris, suivit les cours de Huffel, Hévin et Bras-d’Or, et fut agrégé au collége et à l’ancienne académie de chirurgie en 1769. Il se fit distinguer dans ce corps par une vaste érudition et un goût marqué pour la littérature médicale ancienne. Il publia, peu d’années après, avec Dujardin, les deux premiers volumes de l’Histoire de la chirurgie, 1774-1780, 3 vol. in-4°. Le troisième volume, qu’il a composé seul, est resté inédit. Cet ouvrage, recommandable par le choix et le nombre des faits qu’il contient, lui mérita d’être nommé membre correspondant de la société royale de Montpellier et de plusieurs autres corps savants. L’académie de Dijon avait proposé un prix sur le cancer : Peyrilhe eut la gloire de le partager avec un autre concurrent. Son mémoire sur le cancer, en latin, 1774, in-12, a été longtemps l’ouvrage le ’plus estimé sur cette maladie. L’auteur, doué d’un esprit ardent, d’une imagination féconde, se livrait peu aux opérations de chirurgie. Il s’occupait bien plus de la botanique, de la médecine en général, des lois qui régissent notre organisation ; il aimait surtout à se rendre compte de la manière d’agir des médicaments sur notre économie, connaissance bien importante sans doute, mais qui n’est que trop souvent la pierre d’achoppement contre laquelle viennent se briser tous les chocs de l’imagination la plus inventive. Rapportant entièrement l’action des médicaments au urierum et au hum de Thémison, Peyrilhe se persuada que le mercure, dans le traitement des maladies syphilitiques, devait nécessairement agir de l’une ou de l’autre manière, et qu’il pouvait être avantageusement suppléé dans le traitement de ces maladies : il crut même que l’alcali volatil lui était supérieur dans bien des cas, et il proposa dans un ouvrage de l’y substituer[1]. Le succès n’a pas entièrement rempli les espérances qu’il avait données : cependant ces essais ont été fructueux pour les progrès de l’art, et ils ne doivent pas être négligés. Les opinions de Peyrilhe sur l’action des médicaments lui firent concevoir la possibilité de remplacer par des substances indigènes ceux qu’on se procure avec peine et à grands frais de l’étranger. Les recherches qu’il a faites à ce sujet lui assureront toujours une place distinguée parmi les bienfaiteurs de l’humanité. Nommé en 1794, lors de la formation de l’école de santé, actuellement faculté de médecine, professeur de matière médicale à cette école, Peyrilhe dicta aux élèves des cahiers qu’il publia lui-même en 1800, sous le titre de Tableau d’histoire naturelle des médicaments, 1 vol. in-8°. M. Lullier-Winslou en a donné une nouvelle édition, 2 vol. in-8°, avec des notes. On n’aurait qu’une faible idée de ses leçons si on ne les jugeait que d’après cet ouvrage : il n’en était nullement le précis ; c’en était bien plutôt, comme il le disait lui-même, le canevas, lequel servait de texte à des commentaires, il des explications souvent ingénieuses, et qui étaient toujours entendues avec plaisir par ses nombreux auditeurs. Avec une réputation très-étendue, Peyrilhe voyait cependant peu de malades : aussi, il faut l’avouer, ses idées sur l’essence des maladies, sur la manière d’agir des médicaments étaient trop absolues et n’avaient pas été assez soumises au creuset de l’expérience. On est loin a cet égard d’avoir des connaissances aussi positives que celles qu’il croyait posséder et communiquer à ses élèves. Dans les dernières années de sa vie, il allait à la fin de ses cours respirer l’air natal à Perpignan au sein de sa famille : il y mourut dans son dernier voyage, en 1804. Outre les ouvrages déjà mentionnés, Peyrilhe a laissé un grand nombre de manuscrits inédits, dont Sue a donné l’énumération. N-n.


PEYROL (Antoine) et non pas Peyrot, ainsi qu’on le voit dans les Bibliographies de Pierquin (p. 307) et de Mary Lafon (p. 30&), poete provençal, marchand de bois et menuisier. On sait très-peu de choses sur sa vie. Il est né à Avignon, dans la paroisse de St-Geniès, vers le commencement du dernier siècle. Les registres de sa paroisse ayant été brûlés, il a été impossible de découvrir son acte de naissance. Il se maria en 1733 avec Marie-Anne Isoard ; sa femme ne jouissait pas d’une grande fortune, si l’on en juge par l’inventaire de ses meubles, dont la valeur s’élève à la somme de nonante-sept livres et dix sous monnoye de France. On suppose que Peyrol est mort en 1780. On connaît son testament, daté du 2 juin 1779. — Ce poète a composé des noëls et des chansons en dialecte du comtat Venaissin. Les poésies de Peyrol, fort goûtées le long du Rhône et de la Durance, ont souvent occupé les imprimeurs (G. Brunet). On trouve de la verve et de l’originalité dans ses noëls. Il y a de la finesse et de la gaieté dans ses chansons. On rencontre çà et là dans ses poésies religieuses des détails curieux sur les anciennes églises, les couvents et les rues d’Avignon. Peyrol aimait passionnément sa langue maternelle, sa ville natale et les mœurs de son (pays. En général, ses compositions manquent e correction et d’atticisme. Il écrivait sans recherche et sans prétention. Ses noëls sont à une immense distance de ceux de Saboly (voy. ce nom). — La première édition des œu yres de Peyrol est sans date (1760 ?), Avignon,

  1. Essai sur l’alkali volatil et sur son emploi dans le traitement des maladies vénériennes, I vol. in-8°.