Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 33.djvu/12

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lectures, il alla che : son frère, ù Dresde. Celuici ayant suivi le roi en Pologne, Pfetïel revint dans sa patrie. C’est là que, malgré tous les loins, tous les ménagements, il eut le malheur de perdre la vue i l’åge de vingt et un ans. Cette infirmité ne l’empècha pas de contracter une union dans laquelle il trouva le dédommagement de tous ses maux. Il épousa en 1759 la personne qui. dans ses poésies, est désignée nous le nom de Doria. Depuis plusieurs années, Pfelïel cultivait la poésie avec succès. Quelquesunes de ses pièces ayant été insérées en 1759 sans sa participation dans une feuille périodique, il publia lui-même en 1761 un recueil de ses œuvres, sous le titre d’Eua£s poétiques. Le succès qu’ils obtinrent fut pour Pfetlel un puissant encouragement. Néanmoins il éprouvait le besoin

d’une occupation plus utile, et il obtint en 1773 la permission de fonder il Colmar, pour les jeunes protestants, sous le nom d’école militaire, une maison d’éducation dont il partagea la direction avec son ami Lersé. Cn vit sortir de cet établissement une grande quantité d’élèves distingués, tant Allemands que Suisses, qui tirent honneur à Pteiïel. Mais la révolution rançaise vint frapperez 1792 cette école militaire. Dès ce moment, Pfelïel consacra son temps à la poésie et à la littérature : il était depuis 1788 membre honoraire de l’académie de Berlin, et il eut le bonheur de traverser nos orages politiques sans en être atteint d’une manière violente. En 1803, il fut nommé président du consistoire évangélique de Colmar ; il y joignit la place de secrétaire-inter prète de la préfecture du département du Haut-Rhin, et il mourut dans cette ville le 1* mai 1809. Ses amis lui avaient donné cinq ans auparavant une fête. jubilaire, pour célébrer sa cinrantième année poétique ; car le premier recueil ses vers avait paru en 1754. Les détails de cette féte, contenant un petit poëme à sa louange (par I. Dahler), réimprimé dans l’AlmaaacIi alsacien de 1806, furent un mince volume in-1°, dont 00 trouve l’extrait dans le Magasin encyclopédique de juin 1806, t. 2, p. 458. Pendant la première partie de sa vie littéraire, Pl’el’l’el s’occapa principalement du théâtre ; H compose d’abord des pièces originales. Le Trésor, pastorale ; l’Eflní¢¢, tragédie ; Philémon et Baucía, drame, parurent successivement en 1761, 1762 et 1763 : ces pièces eurent peu de succès. Des plans bien ordonnée et quelques beaux détails ne pouvaient faire oublier de la recherche dans le style et le défaut presque absolu d’intérêt. Le jugement rigoureux que Lessing en porte dans sa Drama-Nfyü. exprimé en termes adoucis, a été confirmé par le public. Pfetïel traduisit ensuite ou plutôt nnita du français, et publia sous le titre d Amusement : dramatiques, Japrês des modèles français (en cinq collections, Francfort et Leípsiclr, 1765, nes, 1707, 1110, 1774), environ viagmnq pièces, tragédies ou comédies, parmi lesquelles Q

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nous citerons seulement : la Veuve, de Collé ; la Jeune Indienne, de Chamfort ; Zelmire, de Belloy ; Eugénie, de Beaumarchais ; les Moissonnears, de Favart ; le Philosophe sans le savoir, et le Roi et le fermier, de Sedaine. Elles furent accueillies favorablement parle public allemand ; mais elles ne se soutinrent pas. Le goût de mode pour la littérature et notamment pour la scène française ne put résister aux attaques de Lessing et d’autres écrivains, et bientôt quelques chefs-d’œuvre lixèrent le goût des Allemands pour un genre beaucoup plus voisin de celui du théâtre anglais. Une réputation plus durable fut assurée à Pfelïel par ses poésies fugitives : elles se composent d’épigrammes, de petits contes, de stances ou odes, d’épîtres et surtout de fables, réunis sous le titre d’Es : a£s poétiques, 1 vol. in-8°, en 3 parties, Bale, 1789, 1790 (édition contrefaite à Vienne en 1791) ; Francfort et Leipsick, 1796 ; Tubingue, 1802-1810, 10 vol. in-8°. Ses contes ont souvent peu d’intérêt ; mais la Pipe de tabac est un des morceaux les plus touchants que l’on puisse imaginer. Ses fables, narrées avec facilité, offrent une lecture agréable. Parmi celles qui nous ont paru les plus remarquables. nous avons distingué le Renard et l’Écurearil, I’/lmílië, l’Harmonie des sphères, la Taupe, le Héron, Hlírondelle et la Cigogne. L’auteur s’est dispensé d’y joindre la moralité. Quand la fable est bien faite, l’application ressort du sujet. Plusieurs sont faibles d’invention et d’exécution. Une morale, ui d’ailleurs ne pourrait être que forcée, ne (les rendrait pas meilleures. On trouve assez fréquemment dans Pfelïel des exemples de mauvais goût. Le conte de Zilia est, sous ce rapport, une composition malheureuse. Nous ne citerous qu’un exemple de détail : l’ode intitulée le Malin, à Doris, composée d’idées assez triviales, d’ailleurs agréablement versifiée, se termine par un sentiment touchant ; mais voici ce qu’on ht dans la première strophe : « L’Aurore sème de perles « les campagnes ; Apollon, après avoir bien bu a (der sich sat ! getrunlren), répand les premières « étincelles de la lumière, » etc. Les taches de ce genre sont beaucoup plus rares dans ses épitres. Les quatre intitulées : I’/lmírié, à Zoé ; Epitre à Schlosser ; A Phébé, ou l’E¢-ueíl du sentiment ; Un bouquet à Zoé, méritent une mention particulière. On n’y trouve pas un talent plus élevé ni plus de concision que dans ses autres poésies ; mais elles offrent du naturel, une versification aisée, des images riantes et souvent gracieuses, par-dessus tout une morale pure et douce, et le langage d’un honnête homme. Les qualités distinctives de Plelïel se montrent là plus que dans tout le reste de ses ouvrages. Ces quatre pièces suffisent pour lui assurer une place honorable dans la classe si nombreuse des poètes allemands du deuxième et du troisième ordre, trop peu connus en France, et que des couleurs locales et quelques préventions en tiendront peut-être en-