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PIR PIR

devenu si illustre sous le nom de Soliman le Grand : ce fut entre les bras de Piri-Pacha que Sélim Ier expira l’an 926 (1519). Élevé alors à la première dignité de l’empire par le crédit de la sultane validé, ce sage et estimable ministre conserva sur son élève le même ascendant que son mérite et sa fidélité lui avaient acquis sous le dernier règne. Il s’opposa en 1522 au siège de Rhodes, ce qui n’empêcha pas Soliman de lui confier le soin de cette fameuse expédition, dont le commandement fut conféré à Mustapha Kirlou, beau-frère du sultan. À ce terrible siège, on chargea Piri-Pacha de l’attaque du bastion d’Italie. Les traits de modération les plus estimables se retrouvent dans son noble caractère ; ce fut lui qui désarma la colère de Soliman, humilié de la résistance admirable des chevaliers de Rhodes ; le sultan voulait faire percer a coups de flèche Mustapha, auteur de l’expédition. Ce fut encore Piri-Pacha qui fit aux assiégés les premières ouvertures d’une capitulation honorable. C’est là tout ce que les historiens ont rapporté de la vie publique et privée de cet illustre vizir. Son grand âge l’ayant obligé de demander sa retraite, il eut pour successeur Ibrahim-Pacha. L’année de sa mort est inconnue, mais elle peut se placer entre la reddition de Rhodes en 1522 et la guerre de Hongrie de 1524. S-r.

PIRKER (Marie-Anne), cantatrice allemande du 18e siècle, était attachée a la chapelle du duc de Wurtemberg. Elle eut beaucoup de succès dans toutes les grandes villes où elle se fit entendre, telles que Vienne, Londres, Turin et Naples. En Angleterre elle chanta plusieurs fois en troisième avec le roi George III et une princese de la cour. Ayant des mœurs très douces et aimables, elle obtint la confiance de plusieurs princesses, entre autres de la duchesse de Wurtemberg. Mais cet honneur lui coûta le repos de sa vie. Le duc, s’étant séparé, en 1755, de son épouse, voulait faire expier a la pauvre cantatrice son intimité avec la duchesse et la fit enfermer au château fort d’Asperg, sans soumettre sa conduite à une enquête judiciaire. Traitée avec une rigueur extrême et tenue dans un isolement affreux, madame Pirker eut l’esprit tellement frappé de sa situation qu’elle perdit la raison. Cependant elle sut se distraire par une ressource assez ingénieuse ; elle fit des bouquets de fleurs avec de la paille teinte et acquit une grande habileté dans ce petit travail. Ayant envoyé de ces bouquets aux impératrices Marie-Thérèse et Catherine II, elle en reçut des présents ; mais ce ne fut qu’au bout de dix ans qu’elle recouvra sa liberté. Son aliénation mentale cessa dix ans avant sa mort, qui eut lieu en 1783. On assure qu’a l’åge de soixante ans elle chantait encore avec beaucoup d’expression. Voy. le Strasburger Magasin für Frauenzimmer, année 1782. D—o.


PIRMINIUS. Voyez GASSER.


PIRO (François-Antoine), religieux de l’ordre

des Minimes, auteur d’ouvrages philosophiques,

naquit à Cosenza au commencement du 18e  siècle. Séduit par les doctrines de Locke, il les adopta avec chaleur, et, ce qui est assez ordinaire aux disciples, il exagéra les principes du maître en donnant comme théorie certaine les hypothèses de celui-ci dans un livre intitulé Riflessioni íntorno l’origine delle passíoni. Assez bien accueilli des philosophes, ce livre fut arrêté par la censure de l’inquisition, qui obligea Piro à supprimer tous les exemplaires. Peu après, il conçut le projet de réfuter les principales erreurs de Bayle, qui, dans son Dictionnaire historique, avait non-seulement rapporté les arguments des manichéens, mais leur en avait prêté de nouveaux, et n’avait combattu ni les uns ni les autres. Ce fut dans cet esprit qu’il publia à Naples, en 1749, l’ouvrage Dell’ origine del male, contra Bayle, nuovo sistema anti-manicheo, où il s’efforce de concilier la bonté et la sagesse de Dieu avec l’origine et la nature du mal, en considérant tous les genres de maux comme autant de moyens nécessaires pour que la vertu puisse exister. Ce système, qui n’était d’ailleurs qu’une modification des systèmes de quelques philosophes païens, entre autres de Plutarque, qui pensait que les maux sont des biens véritables, trouva de nombreux contradicteurs, auxquels Piro répondit dans plusieurs opuscules. Il mourut à Naples vers 1765. A-r.


PIROLI (Thomas), artiste italien, remarquable surtout comme graveur. Il naquit à Rome en 1750 et il eut pour maître Jean-Baptiste Piranesi. Ses productions sont nombreuses ; elles ne sont souvent qu’au simple trait ou à la façon du crayon ; les plus remarquables sont les Prophètes et les Sibylles, d’après Michel-Ange dans la chapelle Sixtine, le Jugement dernier, d’après le même maître et dans le même local (reproduction des gravures de Metz}, l’Histoire de Psyché, d’après les fresques de Raphaël a la Farnesina, les fresques de Masaccio dans la chapelle Brancacci à Florence. Ce fut lui qui grava au trait les dessins de Flaxmann destinés à accompagner les Œuvres d’Homère, d’Hésiode, d’Eschyle et de Dante ; elles ont été reproduites depuis, mais les impressions primitives sont les meilleures. Signalons encore parmi les travaux de Piroli : le Recueil d'études comme éléments du dessin, tirées de l'antique, de Raphaël et de Michel-Ange, avec quelques planches anatomiques, Rome, 1801, in-fol., 39 planches ; les Edifices antiques de Rome restitués à leur ancienne magnificence selon Palladio, Desgodetz et autres, avec quelques constructions plus récentes, Rome, sans date, in-4°, 82 planches ; Antiquités d'Herculanum, Rome, 1789-1805, 6 vol. in-4° ; ces planches ont reparu à Paris avec la date de l’an 12 et avec un texte français. Le dessin de Piroli est tracé avec fermeté ; sa main est sûre et exercée. Il mourut à Rome en 1824. Z.