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zac, dans sa Revue parisienne, M. Ste-Beuve dans ses Causeries du lundi (t. 4), M. Gerusez, dans ses Essais d’histoire littéraire (1839, p. 67-109) et bien d’autres, ont apprécié Rabelais à divers points de vue. M. Veuillot, se plaçant à celui de l’orthodoxie, s’est montré d’une implacable sévérité. M. Noll a publié en 1850 un petit travail sur Rabelais qu’il a placé dans une espèce de galerie de Légendes françaises ; ce titre, ainsi que le remarque M. Ste-Beuve, indique que l’écrivain n’a pas prétendu tracer de l’auteur de Pantagruel une biographie exacte et rigoureuse, et qu’il ne s’est fait faute d’accueillir le Rabelais de la tradition. M. Delecluze, dans son François Rabelais, (Paris, 1841, gr. in-8°, 78 pages), a surtout envisagé notre auteur au point de vue littéraire et du progrès de la langue (1). Parmi les travaux qui offrent un caractère plus spécial d’érudition, nous indiquerons un très-bon travail de M. Cartier sur la Numismatique de Rabelais, dans la Revue numismatique (1847) ; la valeur des diverses monnaies (moutons à grand’laine, bezants, philippus, etc.), indiquée dans ces fantastiques récits est savamment exposée. M. Lenormand publia en 1840, sur l’abbaye de Thélème, un mémoire très-ingénieux dans lequel Rabelais est envisagé comme architecte. Un des mémoires qui forment l’Archéologie navale de M. Jal (1846, 2 vol. in-8°), est consacré aux navigations de Pantagruel (liv. 4), et prouve que maître François n’avait, en fait de marine, que des connaissances très-imparfaites. Divers ouvrages publiés à l’imitation de Rabelais, tels que le Disciple de Pantagruel (réimprimé sous divers titres), le nouveau Panurge, le Rabelais ressuscité, récitant les faits admirables du très-valeureux Grand Gousier, sont indiqués en détail dans le Manuel du libraire de M. J.-Ch. Brunet ; ce sont d’ailleurs des productions misérables, mais elles ont le mérite de la rareté, et lorsqu’il s’en présente dans les ventes quelque exemplaire en bon état, il se trouve des bibliophiles fort heureux d’en devenir propriétaires moyennant cent à trois cents francs. Plusieurs auteurs célèbres ont largement puisé dans Rabelais ; Burton l’avait lu et relu avant d’écrire son Anatomy of melancholy ; Swift en a souvent profité ; Sterne s’en est inspiré pour écrire son Tristam Shandy ; Nodier lui a emprunté des idées qu’il a développées dans son Histoire du roi de (1) Un grand nombre d’écrivains modernes ont rencontré Rabelais dans le cours de leurs ouvrages et l’ont apprécié. Nous nous bornerons à deux indications. M. Michelet, dans son volume sur Richelieu et la Fronde, fait apparaître un peu inopinément maître François et l’appelle « le fou sublime de la renaissance, l’engendreur de Gargantua, qu’on range avec les fantaisies et qui, tout au contraire, eut la conception première du monde positif, du monde vrai, de la foi profonde, identique à la science. » M. Blanc (Histoire de la révolution française, t. 1er) est moins absolu ; il trouve que Rabelais se prête aux explications les plus diverses, le sens de sa philosophie est fort obscur et probablement impossible à fixer. Nous ne parlerons pas d’un grand nombre d’articles de journaux et de revues, mais nous mentionnerons, comme peu connu en France, un article intitulé Pantagruelism, qui se trouve dans le Quarterly Review (juin 1847) ; il y est surtout question d’Aristophane et de l’Anglais Carlyle.

XXXV.

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Bohème ; Southey l’a pris à certains égards pour modèle (sauf les changements réclamés par les bienséances modernes), dans le singulier ouvrage qu’il a intitulé The Doctor. Le célèbre Jean-Paul Richter (voy. ce nom) a été surnommé le Rabelais de la métaphysique. — Nous allons énumérer les divers écrits qui restent de Rabelais :

1e Ex reliquiis venerande antiquitatis, Lucii Cuspidii Testamentum ; item Contractus renditionis initus, antiquis Romanorum temporibus, Lyon, Gryphe, 1532, in-8° ; ces prétendus restes de la vénérable antiquité sont apocryphes ; le Testament est l’ouvrage de Pomponius Laetus ; le Contrat de vente est de Jovien Pontanus. Tout savant qu’il était, Rabelais a été dupe ; et il est assez singulier que ce soit par là qu’il ait commencé sa carrière littéraire. L’épître dédicatoire au maître des requêtes Amaury Bouchard n’est pas sans intérêt.

2e Hippocratis ac Galeni libri aliquot, Lyon, 1536, in-16, avec une épître dédicatoire à Godefroi d’Estissac, réimprimés en 1543 ; pour les traductions d’Hippocrate, Il s’est contenté de revoir le travail de Nicolas Leonicenus.

3e Epistola ad Bernardum Salignacum, dans le volume intitulé Clarorum virorum epistoloe centum ineditae, 1702 ; il y est question de Jules-César Scaliger, et des mots grecs, en assez grand nombre, y sont mêlés au latin.

4e Joannis Manardi, Ferrariensis medici, epistolarum medicinalium, tomus secundus, nunquam antea in Gallia excusus, Lyon, 1532, in-8°, contenant les livres 7 à 8 ; en tête est une dédicace à Tiraqueau. 5e Almanach pour l’année 1533, calculé sur le méridional de la noble cité de Lyon, et sur le climat du royaume de France. Antoine Leroi, auteur d’une Vie manuscrite de Rabelais, qui cite cet opuscule comme imprimé, n’en donne ni le format, ni la date d’impression, ni même le nom du libraire. Mais il en rapporte un passage reproduit par M. Lacroix, ainsi que d’un autre Almanach pour l’année 1535, comme imprimé à Lyon, chez François Juste ; il signale un Almanach et éphémérides pour l’an de N. S. J.-C., 1550, comme imprimé à Lyon. Lacroix du Maine indique un Almanach ou pronostication pour l’an 1548, imprimé à Lyon. On a découvert, il y a quelques années dans la couverture d’un livre du 16e siècle, quatre feuillets d’un Almanach pour l’an 1541, imprimé par François Juste, (la Bibliothèque impériale en a fait l’acquisition).

6e Joannis Bartholomoei Marliani, topographia antiquae Romae, Lyon, 1534, in-8°, avec une lettre à Jean du Bellay, dans laquelle il dit avoir eu le dessein de donner au public ses observations sur les antiquités, pendant son séjour à Rome ; mais que l’ouvrage de Marliani étant tombé entre ses mains, il ne crut pas pouvoir faire mieux (voy. MARLIANI).

7e Fr. Rabeloesi Epigramma ad Doletum ac de Garo Salsamento, pièce de dix vers, qu’on trouve parmi les poésies de Dolet