Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 35.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RET

époque qu’if commença d’immoler des enfants, soit pour mettre plus de raffinement dans ses plaisirs abominables, soit pour employer leur sang, leur cœur ou quelques autres parties de leurs corps dans ses charmes diaboliques. Ses gens attiraient dans ses châteaux par quelques friandises des jeunes filles, mais surtout des jeunes garçons du voisinage, et on ne les en voyait plus sortir. D’autres agents, qui accompagnaient ce seigneur dans ses tournées en Bretagne, persuadaient aux artisans pauvres qui avaient de beaux enfants de les confier au maréchal, qui les admettrait parmi ses pages et se chargerait de leur sort. Des parents, des amis du sire de Retz, un Gilles de Sillé, un Prinçay, un Roger de Briqueville, semblent même avoir été les complices de ses horribles débauches, soit en lui procurant des victimes, soit en maltraitant ou en menaçant les parents pour étouffer leurs plaintes. Enfin le scandale fut si public et les réclamations si nombreuses que Gilles de Laval fut déféré à la justice. Arrêté au mois de septembre 1440, il fut renfermé dans le château de Nantes, et le duc de Bretagne chargea son commissaire, Jean de Toucherond, de commencer une enquête. Deux de ses gens furent arrêtés, Henri et Étienne Corillaut dit Pontou ou Poitou. Prelati ne vivait plus. La mort ou la fuite avaient dérobé les autres au supplice qu’ils avaient mérité. Confronté avec ses deux complices, le maréchal de Retz les désavoua pour ses serviteurs et dit qu’il n’avait eu que d’ honnêtes gens à son service ; mais la menace de la torture le fit changer de langage, et il confirma leurs déclarations par un aveu général et circonstancié de tous ses crimes. On frémit d’horreur en lisant les détails obscènes et atroces de cet épouvantable procès, dont l’instruction dura un mois et dont il existe dix manuscrits in la bibliothèque de Paris et un aux archives du château de Nantes. Jamais les tyrans les plus sanguinaires n’ont imaginé de cruautés plus exécrables que celles qu’il mêlait à ses infâmes voluptés. Les innocentes victimes de sa lubricité, âgées de huit ans jusqu’à dix-huit, furent toutes sacrifiées à sa férocité. Le nombre en paraîtra incalculable si l’on considère que ces massacres eurent lieu, presque sans relâche, dans ses châteaux de Machecoul, de Chantocé, de Tiffanges, dans son hôtel de la Suze, à Nantes, et dans la plupart des villes où il passait, et qu’ils durèrent huit ans, suivant ses propres aveux, ou quatorze ans, suivant la déclaration d’un de ses complices. Pour dérober les traces de ses forfaits, il faisait précipiter les cadavres dans les fosses d’aisances quand il était en voyage ; mais dans ses châteaux, il les brûlait et en jetait les cendres aux vent. Malgré ces précautions, on en trouva quarante-six à Chantocé et quatre-vingts à Machecoul. Le maréchal de Retz s’était en outre rendu coupable du crime de félonie. Après avoir vendu à son souverain la place

RET 471

de St-Étienne de Malemort, il s’en était remis en possession en menaçant le gouverneur d’égorger son frère s’il ne la lui livrait pas. Convaincu de tant de forfaits, Gilles de Laval fut jugé et condamné à mort avec ses deux vils agents par un tribunal que présida Pierre de l’Hôpital, sénéchal de Bretagne (1). Pour satisfaire avant de mourir un de ses goûts favoris, il demanda et obtint d’être conduit en procession par l’évêque de Nantes jusqu’au lieu du supplice. Le maréchal témoigna un repentir sincère, demanda pardon aux parents des enfants qu’il avait immolés, exhorta ses complices à la mort et à la pénitence, leur dit adieu et promit de les rejoindre en paradis. L’exécution eut lieu le 25 octobre 1440 (et non pas le 25 décembre, comme l’ont dit Mézerai et Moréri) dans la prairie de Biesse, remplacée par une rue qui porte aujourd’hui ce nom, à l’entrée du pont de la Madeleine. Le criminel fut étranglé ; mais, par considération pour sa naissance, ses services et son repentir, le duc de Bretagne permit que son corps, qui devait être brûlé et jeté au vent, ne demeurât qu’un instant sur le bûcher et fût rendu à sa famille, qui le fit porter dans l’église des carmes, où il fut enterré. Le maréchal de Retz ne laissa qu’une fille, Marie de Laval, mariée deux fois et morte sans enfants en 1458. Son oncle René de Laval hérita de la seigneurie de Retz que sa fille unique, Jeanne de Laval, légua par testament, en 1481, à François II, duc de Bretagne. Nous avons rectifié dans cet article les erreurs des compilateurs dont la principale donnait lieu de croire qu’il mourut en 1438 ou 1442. Desessarts, qui a copié plusieurs de ces erreurs dans ses Procès fameux. ne donne point la date de celui du maréchal de Retz. A-T.


BETZ (Ananas na Gomn, plus connu sous le nom de maréchal na), naquit à Florence le 4 novembre 1322 d’une famille ancienne et qui, d’après les généalogistes, remplissait depuis plusieurs siècles les premiers emplois dans le gouvernement. Mais ses ennemis (et sa fortune lui en fit un grand nombre) lui donnent une origine beaucou moins relevée (2). Amené fort jeune à Lyon, og son père tint quel ne temps une maison de banque, il fut d’abor3 commis d’un financier et ensuite employé dans les vivres. Sa mère agent obtenu la charge de gouvernante des en ants de France, que lui fit donner la reine Catherine de Médicis, dont elle avait gagné la confiance, introduisit Albert à la cour où elle l’avança rapidement. Il fut placé près du jeune roi Charles IX, et, selon Brantôme, « il le pervertit du tout et (ll Gvimsr, denses : Annales malaises, dit que l’évêque de Neuteeet le commissaire du grand lnqnislteur de France furent au nombre des juge du maréchal. Le fait n’est pas impossible et cetrenvew re dans le manuscrit de Nantes : male nous n’en uvert aucun indice dans ceux que nous avons cousu

(Bi ïoy. le Discours noerseiltende Cathaíne de Médicis, par Henri Estienne, cb. 86, où il dit que Gandi, Florentin, états issu de races de Moreau, et fils d’un banquier, qui, par den tole, avait fait banqueroute Á Lyon, etc.