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prêcher. La plus grande partie du travail de la mission tomba sur lui, et fut d’autant plus pénible que des persécutions vinrent l’entourer. Au bout de dix-huit mois de séjour à la Cochinchine, il fut chargé en 1627 de prêcher la foi au Tonkin ; il y gagna la confiance de plusieurs grands personnages et même celle du roi. Plus tard, les cabales des eunuques la lui feront perdre, et le monarque rendit un édit foudroyant contre la religion chrétienne. Il défendit au P. de Rhodes de répandre sa doctrine et lui enjoignit de quitter ses États. De Rhodes passa dix ans à Macao, où il professa la théologie, parcourant de temps en temps la province de Canton. En 1640 il fut renvoyé à la Cochinchine. Une persécution y interrompit ses travaux ; il fut obligé de s’absenter deux fois, et enfin arrêté, trainé devant les tribunaux, il fut condamné a mort ; mais on se contenta de le bannir (1646). Ses confrères, jugeant que ce serait une témérité de le faire partir de nouveau pour la Cochinchine, l’invitèrent à retourner en Europe. Étant à Java, il y fut arrêté pendant qu’il disait la messe chez un particulier : on le mit en prison, et il n’en sortit que pour s’embarquer sur un navire partant pour Macassar. Il revint par Bentam et descendit à terre à Surate ; en 1618 il débarqua sur la côte de Perse, et, en traversant ce royaume, rencontra Laboullaye le Goux ; puis il alla, par l’Anatolie et l’Arménie, à Smyrne, où il prit par mer la route de Gènes. Après trois ans de séjour à Rome, il vint à Paris faire les préparatifs d’un voyage qu’il avait proposé d’entreprendre en Perse. Il l’effectua, passa plusieurs années dans ce pays et y mourut le 5 novembre 1660. On a du P. de Rhodes : 1° Dictionnarium annamiticum, lusitanum et latinum. Rome, 1651, in-4 ; 2° Catechismus latinotunchinensis, ibid., 1652, in-4o. — En italien : 3° Histoire du royaume de Tunquin et des grands progrès que la prédication de l’Evangile y a faits, ibid., 1650, in-4o ; traduit en français par Albi, Lyon, 1651, in-4o, et en latin, ibid., 1652 ; 4° Relation de la mort glorieuse de St-André de Cochinchine, décapité pour la foi, Rome, 1652, in-8o ; traduit en français, Paris, 1653, in-8o ; 5° Relation de la bienheureuse mort du P. Antoine de Rabini et de ses compagnons martyrises au Japon, Rome, 1652, in-8o ; traduit en français, Paris, 1653, in-8o. — En français : 6° Relation des progrès de la foi au royaume de Cochinchine, Paris, 1652, in-12 ; 7° Sommaire de divers voyages et missions apostoliques de 1618 à 1653, ibid., 1653, in-12 ; 8° Divers voyages et missions en la Chine et autres royaumes de l’océan, avec le retour en Europe par la Perse et l’Arménie, ibid., 1653, in-4o ; 9° Relation de ce que les Pères de la compagnie de Jésus ont fait au Japon en 1649, ibid., 1655, ln-12 ; 10° Relation de la nouvelle mission en Perse, 1659, in-12. E-s.


RHODES (Jean de), médecin lyonnais, né vers 1635, était issu d’une famille d’origine espagnole,

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qui était venue s’établir à Avignon à la fin du 15e siècle, et qui ensuite s’était fixée à Lyon. Son père, Henri de Rhodes, était médecin de l’Hôtel-Dieu de cette ville en 1626, et devint doyen du collège de médecine en 1666. La même année, Jean de Rhodes fut nommé médecin de l’hôtel-Dieu de Lyon, où il mourut le 13 avril 1695. Il publia, quatre ans avant sa mort, un opuscule curieux intitulé Lettre en forms ds dùsertotion le H. de Rhodes, buyer, docteur en médecins, agrégé ou collège la médecine ds I. on, À I. d’Estsing, contr ds Lyon, ou sujet ds la prétendaufpossessioa la lorie lolut, de la paroisse de Pouliot en Bresse, lons laquelle il est traité les roues naturelles Je sa possession, le ses accidents et de sa guérison, Lyon, l69t, in-8o de 75 pages. Marie Volet, fille simple et d’unc très-grande dévotion, se faisait des scrupules exagéré !. Elle perdit le sommeil et l’appétit et tomba dans une profonde mélancolie. Elle s’iinagina être possédée du démon. Les objets de dévotion, comme l’eau bénite, les reliques, lui renouvela lent ses idées tristes, et à leur aspect elle prenait des convulsions, poussait des hurlements et prononçait des mots barbares que l’on croyait être hébreux ou arabes et que l’on pensait être le langage du démon. M. d’Estaing, comte de Lyon, crut que cette fille était malade et non possédée. Il lui fit, toucher des reliques sans qu elle sùt ce que c’était, et les convulsions n’eurent plus lieu. De Rhodes avait déjà eu la même opinion. Il lil prendre à Marie Volet des eaux minérales artificielles. Il chercha, dit-il, à lui ôter ses idées tristes et mélancoliques et ia lui en donner de gaies et de divertissantes. Il ordonna qu’on la promenàt dans des endroits agréables. Au bout de peu de temps il obtintla guérison. De Rhodes voulut expliquer physiologiquement la maladie de Marie Volet, et il le lit à l’aide des idées les plus bizarres. Il supposa que cette all’ection provenait d’unc altération des humeurs, et surtout d’unc irritation des esprits du cerveau mis hors de leur mute naturelle. Pour ex liquer cette irritation des esprits, il admet que lle’cerveau est comme une ville divisée en plusieurs quartiers ; que les habitants de cette ville sont les esprits animaux ; que ces esprits forment une république ; qu’ils ont un doge ou roi qu’il appelle pneunumax : que ce roi a des lieutenants généraux, qu’il en a par exemple un dans l’œil qui donne l’ordre à tous les autres esprits visue s ; qu’il y en a un dans le poumon qui est musicien ou organiste, et un dans l’estomac qui est cuisinier et chimiste. Ces idées bizarres ne pouvaient manquer d’attirer la critique des médecins. Il en parut bientôt une intitulée l’Arrù·é¢ du roi pammono : dans fatpire des lettres. C’était un dialogue où, sous les noms de Néophile et de Jlystagogue, on examinait-l’origine et les qualités du prétendu roi pneumanax, et où l’on se rnoquait plaisamment de la nouvelle république des esprits. Ce dialogue satirique fut attribué ài Pierre