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été préparé pour la publication, grâce au zèle de Riemer, mais il ne parut qu’après sa mort (Briefe an und von Gœthe), Leipsick, 1846, in-8°.

Z.


RIENCOURT (Simon de), conseiller correcteur en la chambre des comptes de Paris, né dans cette ville au commencement du 17e siècle, était neveu de Charles Sorel, historiographe de France. Il se crut appelé à remplir le même office et publia, pour en être pourvu, un assez grand nombre de volumes sur l’histoire de France. Mais si l’oncle avait peu brillé dans un emploi où Boileau et Racine eux-mêmes s’éclipsèrent, Riencourt obtint encore moins de succès. Il vit ses ouvrages dédaignés du public et le brevet d’historiographe passer en d’autres mains. Il mourut à Paris en 1693. On a de lui : 1° Abrégé chronologique de l’histoire de France, Paris, 1675 et 1678, 2 vol. in-12 ; 2° Abrégé de l’histoire de France depuis Pharamon jusqu’au règne de Louis le Grand, avec les portraits des rois et reines, suivant leurs véritables originaux. 1695, 6 vol. in-12. C’est une nouvelle publication, considérablement augmentée, de l’ouvrage précédent. L’éditeur a rectifié un grand nombre de fautes contre la chronologie. Malgré l’annonce du litre, cet abrégé finit à la mort de Henri IV.*3° Histoire de Louis XIII, Paris, 1695, in-12, qui n’est pas mentionnée dans la Bibliothèque historique de la France du P. Lelong et Fontelte ; 1° Histoire de la monarchie française vous le règne de Louis XIV, contenant ce qui s’est passé de plus remarquable depuis 1643, Paris, 1688, 2 vol. in-12. Thomas Corneille en donna une nouvelle édition augmentée, Paris, 1697, 3 vol. in-12. Le caustique Lenglet-Dufresnoy s’écrie à cette occasion. « Hé ! de quoi M. Corneille s’est-il avisé de faire une mauvaise continuation à un mauvais ouvrage ? il faut avoir une terrible démangeaison d’écrire. On ne trouve rien dans cette histoire qu’on ne lise dans les ouvrages les plus communs. Ce n’est qu’un extrait de. gazettes, noyé de flatteries et d’adulations. Mais le temps et le public lui ont rendu justice, car à peine connaît on cette histoire[1].» À la suite d’une épitre dédicatoire au roi, où fume l’encens le plus grossier, on lit une Dissertation sur les avantages de l’histoire, les défauts des historiens et les moyens de les éviter. On S’étonne de rencontrer dans ce morceau de peu d’étendue des vues judicieuses et quelques observations piquantes qui forment un contraste marqué avec le ton habituel du narrateur. On attribue à Riencourt une Histoire de la grâce, 2 vol. in-12, à laquelle il ne mit pas son nom. Moréri, qui rapporte le titre de cet ouvrage, ne fait connaître ni la date ni le lieu de l’impression. Il observe que « M. de Riencourt a voulu joindre les titres d’historien et de théologien à celui de magistrat, auquel il eût peut-être mieux fait de s’arrêter[2]. »

— RIENCOURT (Charles de), fils du précédent, avocat au parlement de Paris, fut reçu, en 1717, à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en qualité d’associé. Gros de Boze nous apprend que sa place fut déclarée vacante en 1727 et qu’il fut remplacé par l’abbé Vatry[3] ; mais le secrétaire perpétuel, qui fait ordinairement connaître la cause des vacances, a gardé le silence sur ce point. Charles de Riencourt a publié deux dissertations : l’une Sur le culte que les Grecs et les Romains ont rendu à Antinoüs, favori de l’empereur Adrien ; et l’autre Sur le culte rendu à Comus, le dieu de la joie, des plaisirs, des ris, des festins et des bals, Paris, 1723. in-4°. Il avait composé un dictionnaire universel, contenant tout ce que l’histoire, la fable et la théologie des païens nous ont transmis de plus curieux sur l’idolâtrie ; mais cet ouvrage, pour l’impression duquel il avait obtenu un privilège, n’a pas été publié.


RIENZI (Thomas-Marie Gabrino de), né à Rome le 15 octobre 1726, descendait en ligne collatérale du célèbre tribun Rienzo (voy. l’article suivant). À l’âge de vingt-sept ans, il entra dans un couvent de frères mineurs réguliers, où il fut chargé d’enseigner la philosophie et la langue grecque. Ayant été envoyé à Pesaro, on lui confia l’organisation du musée de cette ville. Le P. Rienzi s’était, dans ses moments de loisir, appliqué à l’étude de l’histoire naturelle et avait formé une collection de minéraux, de stalactites et de plantes marines qu’il donna à ce musée. De retour à Rome, il fut nommé curé de St-Anastase de Trevi, paroisse qu’il administre pendant vingt-sept ans. Après avoir passé par presque toutes les dignités de son ordre, le P. Rienzi en devint général ; mais il ne jouit que peu de temps de cet honneur, et mourut à Rome le 16 novembre 1808, à l’âge de 82 ans. Il avait publié en italien : 1° Lettre sur la philosophie indienne, 1753 ; 2° De l’origine des montagnes, 1755 ; 3° Sur les colonnes d’Hercule, 1760 ; 4° Explication de deux pierres antiques ; 5° Explication d’une médaille d’or d’Adrien VI et d’une en argent de Brutus. Elle a été traduite en français dans le Journal de Bouillon de 1760. 6° Observations historiques et critiques sur l’histoire romaine de Denys d’Halicarnasse contre l’opinion de Beaufort, 1797 ; 7° Mémoires sur le tribunal de Nicolas de Rienzo. Rome, 1806. Ces écrits se trouvent dispersés dans divers recueils, tels que les Novelle Fiorentina, les Novelle della reppublica letteraria, et le Diario di Roma.


RIENZO (Colas ou Nicolas Gabrino de), tribun de Rome au 14e siècle, était fils d’un cabaretier, nommé Lorenzo ; de ce nom contracté on a fait Bienzo, qui n’est point un nom de famille ; les gens du peuple n’en avaient pas alors. Colas se lit remarquer, dans les premières écoles, par des progrès surprenants, et il obtint de ses parents qu’ils lui tissent suivre ses études, malgré le long

  1. Méthode pour étudier l’histoire, édition donnée par Drouet, Paris. 1772, in-12, t. 12, p. 289.
  2. Le Grand dictionnaire historique, Paris, 1759, t. 9, p. 170.
  3. Histoire de l’Acadéinie royale des inscriptions et belles lettres, Paris, 1740, t. 1er, p. 133.