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acheter tous les remèdes qui leur sont nécessaires pour la valeur intrinsèque des matières qui les composent. Il contribua aussi à la fondation de l’hospice des enfants trouvés, pour l’éducation desquels il donna les conseils les plus humains. Sa réputation comme médecin ne fut pas moins étendue ; et il eut l’honneur d’être consulté souvent par la reine Anne. À l’avènement de George Ier, il fut nommé médecin en chef de l’armée et élevé à la dignité de baronnet du royaume, honneur qu’avant lui aucun autre médecin n’avait obtenu. En 1719, il fut élu président de l’école de médecine, et, en 1727, de la société royale, honneur où il succéda au grand Newton. La même année, il fut nommé médecin du roi George II. L’acquisition qu’il fit dans ce temps-là de la seigneurie de Chelsea, lui donna les moyens de déployer sa munificence pour les sciences ; et ce fut alors qu’il fit donation d’un jardin botanique à la compagnie des apothicaires de Londres. Longtemps administrateur de tous les hôpitaux de cette capitale, il fit don de cent livres sterling à chacun de ces établissements, et à quelques-uns de sommes plus considérables.

Après avoir employé la plus grande partie de sa vie à l’exercice de son art, à l’encouragement des connaissances utiles et à des actes de bienfaisance, il se retira, en 1740, dans sa terre de Chelsea, où il passa douze ans dans le calme et le bonheur que donne une pratique constante de toutes les vertus. Il mourut le 11 janvier 1753, dans sa 93’ année. Comme botaniste, sir Hans Sloane s’est plus distingué par la persévérance et l’assiduité de ses recherches, que par des découvertes et des idées nouvelles. Comme médecin, il se fit remarquer par la sagacité de ses pronostics, et surtout par ses efforts pour étendre l’usage du quinquina et celui de l’inoculation, qu’il pratiqua sur quelques membres de la famille royale. Il fut encore l’inventeur de la poudre contre la rage connue sous le nom de pulvis anti-lyssus. Sloane a donné quelques articles aux Transactions philosophiques et aux Mémoires de l’académie ; mais sa réputation est surtout due à la richesse de son cabinet ; ce fut pour le voir que Linné vint à Londres, en 1736. Il avait été recommandé à Sloane par Boerhave ; mais le système du jeune naturaliste ne fut pas goûté comme il devait l’être par le vieillard, qui, néanmoins, lui rendit justice lorsqu’il reçut sa Flora Lapponica. Sloane légua toute sa belle collection à la nation anglaise, à la charge de Bayer à ses héritiers une somme de vingt mille livres sterling, qui n’était que la valeur intrinsèque des métaux et des pierres précieuses qui s’y trouvaient. Cette collection contenait, en outre, un nombre immense d’objets rares et curieux, et une bibliothèque de plus de cinquante mille volumes imprimés et manuscrits[1]. Le parlement accepta le legs ; on y joignit les manuscrits de Harley avec la bibliothèque de Cotton ; et ce trésor fut déposé dans le bâtiment connu sous le nom de Montague-House, où il forme, avec les objets dont il s’est augmenté, la superbe collection appelée le Musée britannique. Voyez la vie de Sloane dans l’Histoire de l’Académie des sciences, année 1753, et l’article Sloane dans l’Histoire de la botanique, par Pulteney, vol. 2, 308. Linné, dans son Hortus cliffortianus, lui a consacré, sous le nom de sloanea, un bel arbre des Indes occidentales de la famille des Tiliacées.

Z.


SLODTZ (Sébastien), sculpteur, né à Anvers en 1655, se fit un nom parmi les artistes qui contribuèrent à l’embellissement des palais de Louis XIV. Au nombre des ouvrages qui l’ont rendu célèbre, on cite le Buste de Titon du Tillet, la Statue de St-Ambroise, qui décore l’église des Invalides, et surtout la figure de marbre d’Annibal mesurant au boisseau les anneaux des chevaliers romains tués à la bataille de Cannes. Si la noblesse de l’expression répondait à la beauté de l’exécution, cette figure ne laisserait rien à désirer. C’est encore un bon ouvrage que son bas-relief des Invalides, dont le sujet est St-Louis envoyant des missionnaires dans les Indes. Il a exécuté à Versailles le Groupe de Protée et d’Aristée, et à Marly la figure de Pomone. Slodtz mourut à Paris en 1726. — Sébastien-René Slodtz, fils du précédent, et l’aîné de cinq frères, cultiva aussi la sculpture avec succès. — Paul-Ambroise Saonrz, son rère puîné, dessinateur de la chambre et du cabinet du roi, né à Paris en 1702, et mort le 16 décembre 1758 dans la même ville, fut reçu académicien, le 29 novembre 1743, sur la Chute d’Icare (au musée du Louvre), et professeur le 6 juillet 175k. Il travailla, conjointement avec son frère Sébastien-René, au maître autel de l’église de St-Barthélemi, au dais du maître-autel, à l’autel de la chapelle de la Vierge de St-Sulpice ; enfin à l’autel à la romaine de l’église St-Germain des Prés. Il l’aida également, ainsi que son frère Michel-Ange, dans les catafalques de Notre-Dame et la décoration des salles de bal et du feu d’artifice qui eut lieu lors des fêtes célébrées à Versailles, en 1751, à l’occasion de la naissance du duc de Bourgogne, fils de Louis XV. Mais quelque talent qu’aient eu ces deux artistes, ils le cèdent à leur plus jeune frère, René-Michel, plus connu sous le nom de Michel-Ange, qui, dans sa jeunesse, lui avait été donné par son père, ses frères et ses camarades, et qu’il conserva le reste de sa vie. Né à Paris le 27 septembre 1705, il remporta une première fois, en 1724, à l’âge de vingt-et-un-ans, le second prix de sculpture, sur le sujet des Habitants


  1. Le nombre des manuscrits se montait à 3 516 ; les médailles, à 32 000 pièces ; les pierres gravées et camées, à 700 ; les pierres précieuses, à 2 256 ; et 1 665 poissons, 1 172 oiseaux, 1 886 quadrupèdes, 6 439 insectes, 12 606 plantes, etc. Le catalogue de cette collection, indiquant chaque objet avec une courte description et quelques renvois littéraires, forme 88 volumes in-fol. Une grande partie de l’histoire naturelle a été détruite par le temps.