Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 9.djvu/22

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N CON qn’elle écrivait alors avec quels transports elle parlait de son bonheur. Uévêque diocésain exigea que toutes les religieuses de ce monastère s’expliquaSS¤¤t sur la sévérité de la régle qu’elles observaient, et qu’il croyait beaucoup trop austère. La déclaration de la princesse respire tout son zèle et toute son énergie. Cette pièce est peu connue : nous regrettons que sa longueur nous empéche de l’insérer ici. Cet asile du bonheur de la princesse et de ses compagnes fut bientôt troublé et détruit par les fureurs de la révolution française, dont les progrès s’étendirent alors en Suisse. Un commissaire de la convention ne leur donna que deux fois vingt-quatre heures pour tout vendre et partir. Les religieuses de ce couvent se divisèrent en trois colonnes ; la princesse partit avec la première et se rendit d’abord à Constance, puise Lintz, et enfin à Orcha, dans la Russie blanche, où les trappistes commencèrent divers établissements que l’empereur Paul Ier, qui les protégeait d’abord, les força d’abandonner l’année suivante. Pendant ce nouvel exil de la princesse, son voyage ne fut pas a l’abri de la calomnie, et on eut l’infamie de répandre qu’elle allait se marier avec le vénérable abbé de Lestrange, pour lequel elle avait la plus grande estime. Ce fut à cette époque que, conseillée par une bénédictine, novice comme elle, la princesse, désirant voir dans l’ordre une pratique que l’abbé de Lestrange ne croyait pas devoir admettre, quitta cet institut austère que sa santé délicate ne pouvait plus suivre. Elle avait souffert tout ce qu’on peut imaginer dans son voyage de Russie, fait pendant Phiver, dans l’ètat de dénùment où étaient les trappistes. •l·’orcée de quitter la Trappe, elle resta cependant Bdèle à sa vocation, et se rendit à Varsovie, où elle entra chez les bénédictines de l’Adoration perpétuelle, en septembre 1802. Louis XVIII, qui était alors en Pologne, assista à la cérémonie, ainsi que le duc et la duchesse d’Angoulème. La princesse porta dans cette maison le nom de sœur Marie-Lo¤ise de la Miséricorde, et prononça ses vœux, a l’expiration de son noviciat. À la mort tragique de son neveu, le due d’Engliien, elle se crut obligée d’aller consoler son frère chéri zelle passa donc en Angleterre, où, fidèle à son état, elle vécut dans la retraite. Elle résida quelque temps dans le monastère des bénédictines émigrées que madame de Lévis-Mi1·epoix avait conduites et gouvemait encore. En 1815, mademoiselle Louise revint en France, prit un appartement chez sa belle-sœur, madame la duchesse de Bourbon, où elle vécut dans la solitude, dans les pratiqués de son état, avec quelques religieuses de son ordre. On espéra quelque temps qu’elle s’établirait au Val-de-Grâce. Cette attente ne fut point remplie. Le roi lui donna la maison du Temple, où la princesse étatablit son institut de l’Adoration perpétuelle, pratique expiatoire si convenable dans un lieu qui rappelle le plus grand des crimes de la révolution. La princesse y entra le 5 novembre 18·16, ety bâtit une riche chapelle. M. Frayssinous, évêque d’Hermopolis, fut supérieur de la maison. Elle y reçut plusieurs religieuses et y éleva un pensionnat ; elle continua de faire l’édillcation de la communauté qu’elle dirilx• I

CON 17 geait, jusqu’en 1821. Attaquée d’une longue maladie, au commencement de l’année, elle y succombe · le 10 mars, et fut inhumée le 15, non à Chantilly, mais dans le caveau du chœur de son monastère, comme elle l’avait demandé. À la cérémonie des obsèques, on vit mademoiselle d’Orléans, l’évêque. d’Hermopolis, un grand nombre de personnages remarquables, et toute la maison du duc de Bourbon. Les regrets des religieuses et des pauvres du quartier prouvèrent ce qu’elle avait été pour eux. M. Ballanche a publié, en 1851, des lettres que cette princesse avait adressées en 1786 et 1787 à M. de la Gervaisais (1). B—n-x.

CONDE (Anronvs-Josavn ), orientaliste et historien espagnol, né vers 1757, se vous de bonne heure a l’étude de l’arabe, et passa la plus grande partie de sa vie à se former une bibliothèque de documents historiques en cette langue, et à lire tout ce que la bibliothèque royale de Madrid ainsi que celle de l’Eseurial contenaient de renseignements sur le séjour des peuplades musulmanes dans la Péninsule. Ses recherches, du reste, laient facilitées par sa position de conservateur du dernier de ces deux établissements ; et, certes, ce n’est pas lui que les plaisants eussent conseillé de faire ministre des finances sous prétexte qu’il ne toucherait jamais au dépôt confié à sa foi. Il est vrai que les bibliothécaires précédents laissaient toucher parfois ; car les Espagnols, dans leur zèle. trop orthodoxe, firent souvent bruler les parchemins arabes comme sentant l’islamisme Quoique Conde fût un homme très-modéré sous le rapport politique, il se vit contraint de s’exiler è la restauration de 1814. Il ne survécut que de six ans à ce bannissement, et mourut en 1820, lorsqu’on imprimait à Madrid l’ouvrage auquel il devra la gloire posthume que sa laborieuse existence ne pouvait lui donner plus tôt. Moratin a fait sur la mort de Conde une ode admirable qu’on peut lire dans le Globe, n° 26. Ce qui lui mérite une place éminente parmi les historiens-, c’est d’abord de s’être voué tout entier à l’étude d’une spécialité unique, qu’il a sentie assez puissante, assez immense pour absorber sa vie, et pourtant de n’avoir point désespéré de l’étreindre ; c’est ensuite d’en avoir si naïvement offert les fruits au public, sans déguisement, tout nus, avec leur verdeur et leur crudité natives, devinant en quelque (1) L’autbentlclté de ces lettres ne peutètre contestée ; les originaux existent entre les mains de ll. de la Gcrvaisals, et l’éditeur, I. Ballanehe, était incapable d’en supposer l’existence, si elle n’cut pas été réelle ; mais ce qui doit surprendre, c’est qu’il alt donné de ’ la publicité à une telle correspondance. La princesse était agée de vingt-neuf ans lorsqu’elle l’adressait un jeune officier de carabiniers, âgé seulement de vingt et un ans, bien éloigné d’elle par sa naissance et son rang. Les sentiments qu’elle exprimait n’étaient qn’une véritable aberration dont elle ne parait avoir senti les son séquences quhu boat d’an an. Ses yeux s’oavrlrent alors ; elle y uit brusquement un par une lettre adressée a un tiers, qui fut chargé par elle de rendreà M. de la Gervaisais ses propres lettres. Quant à la correspondance de la princesse, elle exprimait le désir qu’on la supprimât, et si ses vœux à ce sajetne furent pas remplis. du moins devait-oa s’abstenir de la publier et de jeter ainsi un vernis de de- ’ faveur sur une femme dont la vie entière est restée parfaitement pure et digne de tous les respects, au milieu d’une société oi lea “ mœurs étaient fort relâcher :. L v S J J