Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 9.djvu/595

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seo cur et le talent, il avait trois fils à lui qu’il instruisait aussi dans son art. Custos a gravé un nombre considérable de portraits qui forment une partie intéressante de l’iconographie moderne ; il marquait communément ses estampes des lettres initiales D. C. Plusieurs de ces portraits nous ont conservé l’image de ses plus illustres contemporains. C’est une espèce de collection de tous les princes d'Allemagne. Nous citerons encore, parmi les ouvrages de Custos: 1° Fuggerorum et Fuggerarum imagines, in-fol. Cette première édition, °qu’il publia en 1593, contenait soixante-quatre portraits ; elle est devenue rare. Il v eut de cet ouvrage trois éditions, dont il n’y a de remarquable que la seconde, imprimée à Augsbourg par Andreas Aperger, augmentée de soixante-sept portraits gravés par Lucas et Wolfgang Kilian ; elle contient cent vingt-sept portraits. D’ignorants bibliographes ont quelquefois classé cet ouvrage parmi les ouvrages de botanique, le prenant, d’après le titre, pour une description des fougères. 2° Effigies piorum et doctorum uliquot virorum qd vivum delineatœ et œri incisœ, 1594, quatorze pièces ; 3° Tyrolensium principum comitum genuinœ icones, 1599, in-fol., ouvrage contenant 28 planches qui représentent les comtes de Tyrol en pied ; 4° Atrium heroicum, Cœsarum, regum, aliorumque summatum ac principum, qui intra proœimum sœeulum viœere aut hodie supersunt, imaginib. duoet septuaginta illustr., Vienne, 1600, en quatre parties. La plupart des portraits qui composent ce recueil sont gravés par Custos lui-même ; les autres le sont par ses fils ou par ses élèves. Il a encore gravé, d’après Job. Van-Achen, F. Barroccio, F. Bassano, L. Benard, P. Bril, les Carraches, etc. Custos mourut à Augsbourg en 1612, laissant des fils, qui furent graveurs comme lui, mais que leur médiocrité condamna à l’oubli. A—s.

CUTHENUS (Maurin), syndic de la ville de Prague, mort le 29 mars 1564, a publié : 1° Histoire de Bohême, par Aînéas Sylvius, avec des notes latines, Prague, 1585 ; 2° en bohémien, la Chronique de Bohême, depuis l’origine de la nation jusqu’à l’an 1539, avec les portraits des ducs, des rois, ainsi que ceux de Ziska, de Jean Huvet, de Jérôme de Prague, sans date ni lieu d’impression ; 3° Catalogus ducum, regumque Poloniœ, cum iconibus, Prague, 1540, in-4o’ ; 4° l’Histoire d"Appien, traduite du grec en bohémien. Il composa pour mett1·e su1· le tombeau où repose l’empereur Charles 1V avec ses quatre femmes, cinq vers hexamètres latins, dont chacun indique pa1· un cbronogramme l’a1mée de la mort de la personne à laquelle il est consacré. L’empereur Rodolphe ll récompensa magnifiquement ce travail de patience, et fit graver ces vers sur une table de marbre mise sur le tombeau de Charles, d’où elle a été enlevée on ne sait par quel événement. - G—r.

CUVELIER de Trye (JEAN-GUILLAUME-Anroixn ), qù’on a appelé le Crébillon du mélodramehcômme un de ses rivaux en était stunornmé le Corneille,

CUV naquit le 15 janvier 1766, à Boulogne-su1°Mer, où A il était avocat avant la révolution. Il en adopte les principes avec beaucoup de chaleur, fut nommé, ( en 1793, commissaire dans les départements de 0 l’ouest, puis employé dans l’administration des ) armées. En 1804, Bonaparte, projetant une des- r cente en Angleterre, décréta la formation de guides interprètes à qui la langue anglaise serait fa- 0 milière, et Cuvelier partit pour Boulogne, avec le titre de commandant en chef de cette compagnie. ( Le camp de St-Omer quitta brusquement le blocus ( de l’Angleterre, et devint l’avant· garde de la ) grande armée. Cuvelier, voyant sa compagnie li- ( cenciée, vint à Paris, en 1806, remplir les fonc- v tions de sous-chef, dans les bureaux de la commission d’instruction publique, et composa un grand nombre de mélodrames pour les boulevards. Ce dramaturge n’avait alors pour rival que M. Guilbert de Pixérécourt, Depuis il s’est livré au genre du roman, mais avec moins de succès. Il est mort à Parisle 27 mai 1824. Les titres de ses divers mélodrames et pantomimes, qu’on ne joue plus, et qui ne reparaîtront sans doute jamais, se trouvent dans les Annuaires dramatiques. Il serait inutile et fort long de les donner. Quant au style de ces pièces, ou peut s’en former rme idée, d’après les phrases suivantes : La bienfaisance est un coupon de la vertu... L’oreiller du crime est bourrelé de remords. Un brigand dit en a parte : Feignons de feindre, pour mieux dissimuler] !.... Voici la liste des romans de Cuvelier : 1° Damoisel et vergerette, historiette du·15e siècle, 1795, 1 vol. in-8o ; 2° Nouvelles, contes, historiettes, anecdotes, mélanges, 1802, 2 vol. in-8o. 3° Le bandit sans le vouloir et sans le savoir, 1809, 3 vol. in-12. On lui attribue encore plusieurs ouvrages lyriques, et la musique de ·quelques-unes de ses romances. F-1.1 :.

CUVIER (le baron George (1) Léopold-Chrétien-Frédéric), le plus célèbre naturaliste de notre époque, naquit le 23 août 1769, à Montbéliard (département du Doubs), alors capitale d’une principauté de l’empire germanique. Son père, issu de la branche cadette d’une famille protestante originaire du Jura, qui, lors des persécutions religieuses, avait cherché un refuge dans la principauté de Montbéliard, après quarante ans de services dans l’un des régiments suisses à la solde de la France, n’avait pour toute fortune qu’une modique pension de retraite, et ce n’est qu’avec de grandes difficultés que ce brave officier put élever sa famille. Heureusement le jeune Cuvier trouva près de sa mère, femme d’un esprit élevé, les moyens de cultiver et d’étendre son intelligence. Elle lui faisait répéter ses leçons, l’occupait à dessiner, lisait avec lui des livres d’histoire et de littérature, et accompagnait ses lectures de ré-

(1) Ce prénom George ne lui appartenait pas. Sa mère le lui donna en souvenir d'un fils-ainé mort en bas âge. Cuvier le garda toujours par habitude et par respect; et même après son mariage pour éviter les difficultés judiciaires, il obtint l'autorisation légale de joindre ce prénom à ceux que portait son acte de naissance.