Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/101

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Qui portoit dans leurs sens sa fraîcheur éthérée,
Fait pencher doucement sur leur urne sacrée
Les rameaux des cyprès et la tige des fleurs.
Heureux qui dédaigna la gloire et les grandeurs !
Ainsi que la vertu, la gloire a ses victimes.
Le temple des honneurs est entouré d’abîmes ;
Et la postérité qu’appellent tous nos vœux,
Ne retient que les noms d’illustres malheureux.
Qui n’a pas plaint l’auteur d’émile et de Julie,
Ce Rousseau malheureux par son propre génie ?
Suivant d’un faux esprit l’instinct capricieux,
Triste ennemi des arts, et célèbre par eux,
Fuyant, cherchant l’éclat qu’il redoute et qu’il aime,
Vain jouet des humains, du sort et de lui-même ;
De la publique envie, objet infortuné,
Il n’a pas un asile, et meurt abandonné.
A peine chez les morts il venoit de descendre,
Qu’à son île chérie on arrache sa cendre ;