Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/115

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Nature, ame du monde, en tous lieux répandue,
Providence des champs, aux cités méconnue,
Veille sur mon asile, accepte mon encens,
Et préside à mes goûts ainsi qu’à mes accens.
Tu créas l’amitié, tu lui prêtas tes charmes ;
Pour nous rendre meilleurs, tu nous donnas les larmes ;
Dès mes plus jeunes ans, si j’ai suivi ta loi,
Onserve-moi long-temps un cœur digne de toi ;
Montre-moi ta splendeur, et découvre à ma vue,
Tes mystères cachés et ta grâce inconnue :
Mais si mon cœur renonce à chérir tes bienfaits,
Rends-moi mon ignorance, et garde tes secrets.
Que je plains le savant qui ne voit dans la rose
Que les sucs végétaux dont la fleur se compose !
Pour lui, Flore a perdu ses parfums, ses couleurs,
Et l’aurore jamais n’a répandu de pleurs.
Dans l’immense horison que son regard embrasse,
Un compas à la main, il ne voit que l’espace ;