Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/102

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lées, arrangées sans ciment ; mais si bien liées ensemble, qu’elles surpassent en solidité les plus parfaites constructions des modernes. Depuis trois mille ans, aucune pierre ne s’est détachée de cette voûte, sous laquelle on nous assure qu’Hercule s’est reposé de ses travaux, et qui, si on en croit les traditions mythologiques, servait de chambre à coucher aux filles de Prétus.

Après être resté quelque temps dans cette galerie où les troupeaux ont laissé les marques de leur passage, nous avons visité les autres ruines de Tyrinthe ; elles se réduisent à des fondations ou a des pans dé murailles, dont la construction et la forme ont évidemment le caractère cyclopéen. Elles se trouvent en grande partie recouvertes de terre végétale, ce qui fait qu’on ne peut en avoir une idée bien exacte, et qu’on ne les a jamais bien décrites. Tout autour de la colline, on voit de grosses pierres dispersées çà et là parmi des touffes d’arbustes. Lorsque nous avons visité l’emplacement de ce qu’on appelle la citadelle ou l’Acropolis, on y moissonnait du froment ; et des milliers de cigales voltigeaient avec bruit au milieu des herbes brûlées par le soleil. Tout cela présente à l’esprit des idées assez confuses, et, la seule pensée à laquelle on puisse s’arrêter, c’est que ces ruines brutes, et grossières, ces ruines qui ont précédé tous les arts, ne sont pas seulement pour nous un souvenir de l’antiquité, mais une révélation merveilleuse des