Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/125

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héroïques soient quelquefois, pour les peuples comme pour les individus, une cause de ruine et de misère.

En revenant de Mycènes à Carvathi, nous avons passé par la fontaine Eleutherie au pied du mont Eubée ; nous nous sommes reposés sous les mûriers qui ombragent la fontaine. Une vieille femme de Carvathi nous a puisé de l’eau dans un seau de cuir.

Je terminerai cette lettre par un trait qui mérite d’être remarqué. Pendant que nous parcourions la montagne où fut Mycènes, un des Argiens, qui nous accompagnaient, a demandé à notre interprète si c’était de l’or que nous cherchions. La plupart des Grecs croient que nous courons après les vieilles ruines parce qu’elles cachent des trésors que nous seuls savons trouver. Ce n’est que l’amour des richesses, selon eux qui pousse les Européens vers les antiquités de la Grèce et de l’Asie ; ils ne conçoivent pas que des hommes quittent leur pays, pour aller chercher, à travers mille périls, les traces des peuples qui n’existent plus que dans l’histoire. On_pardonnerait volontiers à des Turcs des idées aussi grossières, mais que les enfans de la Grèce dont on nous parte tant, soient tombés à ce degré d’ignorance, voila ce qu’on a de la peine à croire, et ce qui détruit surtout l’enthousiasme des voyageurs.