Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/128

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mer Egée et de l’Archipel ; les cités et les provinces de l’empire grec reconnaissaient presque partout l’autorité des chevaliers de la Croix ; tout l’Orient semblait promis à leur valeur, et pour être admis à cette immense distribution, il suffisait d’avoir une audace aventureuse, et d’arriver avec une croix et une épée. Tandis que Guillaume de Champlite s’emparait de Patras et des pays voisins, il arriva qu’un autre seigneur Champenois, Geoffroi de Villardouin, neveu du célèbre maréchal de Romanie, fut jeté par la tempête dans le port de Modon. Tous les deux se réunirent pour conquérir la Morée. Le récit de leurs premiers exploits est très-confus dans la chronique ; on y voit seulement qu’ils établirent le siège de leur principauté naissante à Andravida, l’ancienne Cylène et qu’ils livrèrent une bataille dans le territoire de Mégare. Ils annonçaient aux habitans qu’ils n’étaient pas venus pour dévaster le pays, mais pour le protéger et le gouverner avec modération ; ils promettaient de laisser à chacun ses biens, et de donner au gens de bonne volonté quelque chose en sus. Ce langage pacifique réussit dans les campagnes, dans les villes restées sans défense ; il trouva un peu plus d’incrédules dans les places fortifiées, comme Thèbes, Corinthe, Mononbasie, etc.

Les guerriers champenois s’avançaient néanmoins dans le pays ; une flotte suivait les côtes. Au milieu de leurs conquêtes aucun souvenir d’une