Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/130

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aujourd’hui. La Grèce avait alors dans plusieurs de ses villes, des manufactures de soie, de laine et de lin, qui rendaient tous les peuples d’Orient ses tributaires, et que l’industrieuse Italie lui en avait enviées.

Guillaume de Champlite avait été reconnu comme prince de Morée ; mais ayant été rappelé en France par des intérêts de famille, il laissa le gouvernement du pays à son compagnon d’armes, Geoffroi de Villardouin ; avant son départ, il ordonna le partage de toutes les terres conquises, et la Morée revit les lois qui devaient la régir. Comme les conquêtes avaient été faites en commun, tous y devaient prendre part. On inscrivit sur les rôles les noms de tous les guerriers ; chacun avait ses droits et ses devoirs tracés dans cette espèce de charte foncière et domaniale. Il serait trop long de vous donner la liste des seigneuries fondées alors dans cette Grèce, couverte autrefois de petites républiques ; en relisant cette nomenclature de fiefs, on croit assister au partage des provinces de France au-temps de Clovis et de ses successeurs. Tous ces chevaliers, tous ces barons de la Grèce, bâtirent des châteaux et se fortifièrent dans les domaines que leur avait donnés la victoire ; ainsi tout le territoire consacré à leurs armes se trouva bientôt couvert de forteresses et de tourelles féodales ; chaque membre de l’association se trouvai armé pour la défense de tous, et cette confédération mi-