Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/137

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prême justice, dit-il en unissant, ne veut pas que tous soient sacrifiés au salut d’un seul ; mieux vaut qu’un seul périsse pour tous. »

L’antiquité de Rome et d’Athènes ne nous offre rien de plus noble et de plus héroïque que cette délibération, et ces discours prononcés en présence des dames du Péloponnèse ; il faut ajouter que le gouvernement féodal, tel qu’on le voyait alors en Europe, n’avait point offert jusque-là de semblables exemples. Cette espèce de gouvemement semblait avoir trouvé un nouvel éclat dans des régions lointaines, et reçu en Orient un développement inconnu aux pays même où il était né. L’Europe commença dès-lors à remarquer dans le régime féodal une foule de combinaisons et de pensées généreuses qu’on n’avait point d’abord aperçues, parce qu’on les voyait de trop près, ou par une suite de cette disposition que nous avons à ne pas nous occuper des choses avec lesquelles nous vivons, et que l’habitude nous empêche d’apprécier et d’approfondir. L’Europe féodale, qui semblait s’ignorer elle-même, se reconnut lorsqu’elle fut représentée au loin, et comme dans un miroir ou dans un tableau placé sur un lieu élevé. Ces mêmes lois qui avaient passé les mers, revinrent dans le pays qui les avait vues naître, perfectionnées, meilleures et revêtues en quelque sorte du charme de la nouveauté ; de là cette tendance vers une amélioration générale dont il faut faire