Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/20

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lité prodigieuse de l’île, et de l’insalubrité de son climat ; on ne dit plus rien aujourd’hui de sa fécondité, et son climat passe encore pour être malsain, au moins dans quelques vallées. Conquise et deux fois ravagée par les Romains, mêlée ensuite dans leurs guerres civiles, livrée enfin sans défense aux attaques des Barbares, la Sardaigne, comme la plupart des peuples eut également à souffrir de l’élévation de Rome et de sa décadence. Je ne vous rappellerai point ici l’invasion des Vandales, les, incursions, des Goths et des Lombards. Dans cette série de peuples conquérans et dévastateurs, les plus formidables furent les Sarrasins, parce qu’ils avaient un mobile religieux et que le fanatisme les animait dans leurs conquêtes. La Sardaigne fut pendant, près de deux siècles soumis aux Musulmans ou l’objet de leurs continuelles aggressions. Il fallut opposer à leur fanatisme comme, à leur ambition opiniâtre, le mobile puissant du christianisme. Deux républiques chrétiennes, Gênes et Pise, se levèrent en arme à la voix du souverain pontife, et la Sardaigne fut à la fin délivrée du joug des infidèles. La guerre des Pisans et des Génois, qui remonte au commencement du onzième siècle, n’était pas encore une croisade ; mais on peut la regarder au moins comme le prélude des guerres saintes. Cette île fut long-temps gouvernée par ses libérateurs : les papes et les empereurs s’en disputèrent quelquefois la souveraineté. Au