Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/212

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marcher : une voiture traverserait plus tôt le lit d’un torrent que la plus belle rue de la cité. Aussi n’a-t-on jamais vu de voitures à Smyrne. Strabon, qui se plaignait que la ville ancienne n’eut point d’égouts, en trouverait presque partout dans la ville nouvelle. Des excavations qu’on rencontre souvent sur son chemin, et que personne ne s’occupe de fermer, laissent échapper des exhalaisons infectes. Dans beaucoup de rues, on voit un ruisseau, fangeux, ou plutôt un égout découvert, avec un trottoir de chaque côté. Les chameaux, les chevaux et les ânes qui font les transports, passent dans le ruisseau ; il arrive souvent qu’un chameau, chargé de ses deux ses deux ballots ou de quelques bois de construction, occupe à lui seul tout l’espace de la rue. À l’approche de ces animaux, il faut fuir et se mettre à l’écart, comme à l’approche d’un pacha et de son escorte menaçante. Ajoutez à cela qu’on étouffe de chaleur dans les rues populeuses, et que l’air y est partout corrompu ou fétide ; de telle sorte, que je ne connais guères que la peste qui puisse se trouver à l’aise et circuler librement dans cette ville tant vantée. Aussi y arrive-t-elle presque tous les ans, et les habitans regardent comme un miracle qu’elle ne soit pas encore venue cette année.

Je pense bien, mon cher ami, que vous n’aurez pas encore reconnu Paris à ce que je viens de vous dire de Smyrne. Ceux qui se sont extasiés sur cette