Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/228

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II n’est point de ville dans l’empire ottoman où les Grecs aient souffert plus de persécutions ; ils sont toujours, malgré cela, restés les mêmes. Ce sont toujours les Grecs de l’ancienne Ionie ; de toutes les sectes réunies à Smyrne, c’est celle qui a le plus de sympathie avec les Francs ; il ne leur manque que d’être moins superstitieux, et plus éclairés. Plusieurs de leurs papas n’ont jamais appris qu’à dire la messe et ne se font guère remarquer que par une crédulité puérile, et par de vaines austérités. Il s’est passé, il y a quelques jours, une scène tragique, d’après laquelle vous pourrez juger de l’instruction religieuse qu’on donne aux Grecs de cette ville. Un jeune Grec, élevé par un boucher turc, avait embrassé dans son enfance la religion musulmane ; après avoir passé quelque temps dans les îles de l’Archipel, il revint à Smyrne au mois d’avril dernier, et fut ramené à la foi evangélique. Son abjuration et son repentir devaient suffire : mais les papas lui persuadèrent qu’il n’y avait pour lui d’autre moyen de salut que de mourir de la main des Musulmans. D’après cette persuasion, et dans l’espoir d’obtenir la couronne du martyre, le jeune Grec se rend chez le boucher qui l’avait élevé, et le traite de la manière la plus outrageante : on se contente d’abord de le renvoyer ; mais il revient à la charge ; les voisins sont avertis par le bruit, ils entendent des blasphèmes contre leur prophète ; le peuple du quartier s’assemble ; le