Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doit oublier toutes ces fables et marcher au flambeau de la science ; mais si je ne voyageais que pour le bon plaisir de mon imagination, il me semble que j’aurais quelquefois regretter la poétique ignorance de Virgile et d’Homère.

Au milieu de cet archipel, les voyageurs ne remarquent guères que le Stromboli. Pline a décrit ce volcan qui existait long-temps avant lui, et dont les éruptions n’ont jamais été interrompues jusqu’à nos jours, ces éruptions se font sentir à des intervalles très-rapprochés avec une régularité qu’on pourrait presque comparer à celle des battemens du pouls et des artères dans le corps humain ; les naturalistes vous feront connaître les causes d’un pareil phénomène ; pour moi, je m’en tiens à la beauté du spectacle. Quand nous avons aperçu la cime flamboyante du Stromboli, la nuit commençait à tomber ; c’était l’heure favorable pour contemple le volcan avec sa couronne de feux. Ce qu’on découvre d’abord, c’est un point lumineux qui se montre de moment en moment, puis c’est une montagne qui s’embrase, et enfin tout l’horizon réfléchit les flammes échappées du cratère. Une grande illumination dans nos cités, l’incendie d’une forêt sur les hauteurs des Alpes, ne vous donneraient qu’une faible idée de ce que nous avons vu. Le calme nous avait retenus en face de cette montagne enflammée ; pendant toute la nuit elle n’a pas cessé de gronder, de mugir,