Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/261

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tout révérées comme des sanctuaires. Lorsqu’il n’eut plus que son caractère de poète, il ne lui resta que des adorateurs littéraires ; le pays qui lui avait dressé des autels, se hâta de les briser ; bientôt même ce beau génie fut entièrement oublié, semblable à un astre du ciel qui s’éteint ou disparaît dans la nuit. C’est ce qui a fait que la postérité n’a plus que des souvenirs confus, et qu’aujourd’hui nous ne pouvons suivre Homère dans les lieux même que ses chants ont illustrés.

Quand nous avons repris la route de Smyrne, quoique la journée fut encore peu avancée, la chaleur se faisait déjà sentir très-vivement. Nous avons rencontré sur le chemin les chameaux qui rapportent du mont Sipile la glace et la neige, pour l’approvisionnement journalier de Smyrne. La charge de ces animaux se fondait au soleil, et tombait goutte à goutte sur la poussière ardente. Ces gouttes transparentes avaient plus de charmes pour nous que n’en eurent jamais pour les poètes les perles de la rosée printanière. Au milieu de la poudre brûlante du chemin et des ardeurs d’un climat qui dévore, nous regardions à peine les dromadaires qui passaient devant nous chargés des trésors de la Perse et de l’Inde, et tous nos regards restaient attachés, sur la charge humide des chameaux du Sipile. Nous nous sommes arrêtés au pont des Caravanes. Dans ce lieu, le fleuve ou la rivière à laquelle on donne mal à propos le nom de Mélès, élargit