Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/283

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et rebondie. Quatre murs nus, des estrades recouvertes de vieilles nattes, une large niche où se prépare le nectar arabique, telle était notre demeure hospitalière. Vous savez, au reste, ce que c’est qu’un café en Turquie, et surtout dans les pays qui ne sont fréquentés que par les chameaux ; vous savez aussi que ces sortes de cafés sont les seules auberges de ces contrées. Des chevaux et des mulets paissaient à la porte de notre cabane, et des hommes et des femmes étaient étendus parmi des bagages. Ces femmes, ainsi couchées dans l’ombre avec leurs longs voiles blancs ressemblaient a des morts enveloppés dans le linceul. Notre cafetier grec m’a dit que ce que je voyais là était une caravane de, marchands arméniens qui revenait de Smyrne, et s’en allait à Scala-Nova. L’un de ces marchands, qui fumait sa pipe pendant que ses compagnons dormaient, m’a demandé si je voulais faire route avec sa caravane. « Il y a sur notre chemin, disait-il, une bande de Samiens qui, depuis plusieurs mois dépouillent et tuent les passans ; nous avons des marchandises, et nous craignons de tomber entre leurs mains. Si ces chiens sans foi voient un Franc au milieu de nous, peut-être n’oseront-ils pas nous attaquer. » Nous sommes convenus de partir ensemble à la première aube, et après un léger souper, qui a, été assez joyeux par les bons mots et les plaisanteries du cafetier, nous nous sommes cou-