Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/288

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l’orient. Ce bateau est l’unique ressource d’un musulman, qui habite avec son fils, dans une cabane voisine ; ce musulman, dont la barbe à blanchie ne connaît pas d’autre métier depuis : vingt ans ; il restera là jusqu’à sa mort, uniquement occupé à transporter les voyageurs d’une rive à l’autre ; après avoir vu ainsi passer les hommes, et les flots du Caystre, il passera lui-même de ce monde à l’autre, et son tombeau, élevé sur les bords du fleuve, marquera pour les voyageurs l’endroit du passage.

Nous avons poursuivi notre marche à l’ouest, à travers des chemins étroits, bordés d’un côté par le fleuve, de l’autre par les hauteurs du Corissus. J’ai vu à l’embouchure du Caystre des restes de murailles et des débris de constructions qui doivent être comptés au nombre des ruines d’Éphèse. En tournant vers le midi, nous, ayons eu devant nous un terrain marécageux couvert de tentes noires. Ces tentes appartiennent à une tribu curde ou turkomane, qui ne vit que du produit de la pêche et du lait des troupeaux des enfans nus, des hommes et des femmes, noircis par le soleil, et d’un aspect sauvage, étaient assis les uns sous les tentes, les autres hors des tentes, au milieu des bœufs et des chèvres, à côté de leurs filets étendus sur des joncs. Cette tribu barbare, ces tentes noires et ces troupeaux au bord de la mer étaient pour moi un spectacle si étrange et si nouveau que je ne pouvais en détacher mes regards. Mais personne de la tribu n’a fait