Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forme carrée, et sa circonférence est d’environ quarante pieds ; ses murs sont épais de trois pieds et demi ; il est composé de quatre pièces, dont trois sont encombrées de pierres de taille. On y entre par trois portes. Au pied de l’édifice, du côté qui regarde Éphèse, on voit les débris d’une terrasse en beau marbre blanc. Cette colline domine l’ancien port de la ville, et, du haut du monument renversée on parcourt librement des yeux la grande vallée du Caystre. L’édifice est appelé par les Turcs le Château de la Fille. Les Musulmans conteurs nous disent qu’une jeune princesse est restée long-temps captive dans cette tour ; un amour malheureux se mêle à cette histoire, et le roman finit par le trépas de la jeune fille. De semblables histoires ne sont pas rares dans les pays d’Asie. Il n’est guères de ruines qui n’aient donné lieu à quelques légendes romanesques ou merveilleuses. Ne pourrions-nous pas nous demander si ce nom de Château de la Fille ne serait pas un vague et dernier souvenir de la matrone d’Éphèse ?

Le mont Prion est souvent cité dans les antiques annales. Les voyageurs y visitent aujourd’hui les sépultures des Éphésiens creusées dans le roc, et ces carrières de marbre qui furent d’un si grand secours pour la construction de la ville et du temple. Vous vous souvenez que c’est à un jeûne pâtre qu’Éphèse dut la découverte de ces précieuses carrières. Le Prion est célèbre aussi dans l’histoire du premier âge