Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/304

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nous ? Quel plaisir pouvez-vous y trouver ? » Je lui ai répondu que, pour bien connaître l’espèce humaine, il fallait étudier les hommes de tous les pays, et qu’on apprenait, à l’aspect des grandes ruines, des choses qui ne se trouvent point dans les livres. Il parait’que cette réponse n’a pas été tout à fait défigurée en passant par la bouche, de mon drogman, car l’aga s’est écrié plusieurs fois Pèki, péki (c’est bien, c’est bien). Il s’est offert d’être mon guide pour visiter les restes d’Aia-Solouk et, suivis de ses gardes et de mon drogman, nous avons pris le chemin des ruines.

Aux temps de Tournefort, de Chandier, de M. de Choiseul, Aia-Solouk était encore un village considérable ; maintenant vous n’y trouvez plus rien qu’un café, auprès duquel se reposent les caravanes. Ce qu’il y a de plus, remarquable dans ces ruines, ce sont les restes d’un vaste château, une belle mosquée ; une porte connue sous le nom de Porte de la Persécution, et un grand aqueduc. Les débris d’une multitude de bains et de petites mosquées, des amas de décombres et beaucoup de colonnes encore, debout apparaissent autour de la montagne d’Aia-Solouk. Osman, qui s’était fait mon Cicérone, me disait, avec cette exagération commune aux orientaux, qu’Aia-Solouk possédait autrefois trois cent soixante mosquées, et trois cent soixante bains ; c’était, me répétait-il une cité comme Smyrne. En montant au château, nous avons passé