Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/315

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brûlante, entretiennent dans les vallons et sur les coteaux la fraîcheur des ombrages et des fontaines. Au milieu de ces paysages si riches et si variés, on aperçoit la capitale de l’ile, avec son fort bâti sur un môle avancé qui sépare deux ports. Nous aurions bien voulu descendre à terre, et nous arrêter quelque temps dans cette espèce de paradis terrestre mais à chaque instant, il pouvait s’élever une brise favorable ; notre capitaine ne nous a point permis de quitter l’Erminio. Je ne perds point l’espérance de revoir un jour l’île de Méthelin, et de parcourir un pays ou chanta Sapho, où se perfectionna la lyre, où la musique et la poésie enfantèrent autrefois leurs prodiges. Nous, y perdrons sans doute une partie de nos illusions comme cela nous arrive toutes les fois que nous mettons le pied sur une terre consacrée par de poétiques souvenirs. Le temps et les Turcs ont dû apporter bien des changemens à l’antique Mythilène ; mais au milieu de ces paysages si frais, sous ces bosquets verdoyans, il nous sera doux encore de relire les vers qu’ils ont inspirés et de rêver aux concerts et aux fêtes de l’ancienne Lesbos.

Les côtes de l’Asie, qui nous apparaissaient dans le lointain, nous rappelaient plusieurs traditions intéressantes, de l’antiquité et des temps modernes. On sait que Virgile fait embarquer son héros au pays d’Antandros, situé au fond du golfe d’Adramitti.